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Spécialités à base de colchicine : mise en garde de l'ANSM suite à de nouveaux décès

La survenue de nouveaux cas de décès de patients traités par colchicine conduit l'ANSM à rappeler l'importance de respecter les règles de bon usage des médicaments contenant ce principe actif.
 
David Paitraud 17 décembre 2013 Image d'une montre3 minutes icon Ajouter un commentaire
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Cristaux d'urate dans du liquide synovial (© Ed Uthman, Wikimedia)

Cristaux d'urate dans du liquide synovial (© Ed Uthman, Wikimedia)


De nouveaux cas de décès de patients traités par colchicine pour des accès aigus de goutte ont été rapportés.
Les principales causes de ces décès ont été :
  • le non respect des contre-indications médicamenteuses ;
  • la prise en charge inappropriée des signes de surdosage (diarrhées, nausées, vomissements) ;
  • le non respect des posologies et des recommandations d'adaptation posologique notamment en cas d'insuffisance rénale.
Dans ce contexte, l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) rappelle aux professionnels de santé les règles de bon usage de la colchicine et l'importance de les respecter.

La colchicine, un médicament à marge thérapeutique étroite
La colchicine a une activité antimitotique. Elle agit par blocage du fuseau mitotique lors de la réplication cellulaire (poison de fuseau).
La colchicine est un médicament à marge thérapeutique étroite. La différence entre sa dose toxique et sa dose thérapeutique est faible et toute variation de sa concentration dans l'organisme peut entraîner des effets indésirables potentiellement graves ou d'évolution fatale.
Il n'existe pas d'antidote en cas de surdosage.

Pour mémoire, la colchicine est indiquée :
  • dans la prise en charge de l'accès aigu de goutte,
  • en prophylaxie des accès aigus de goutte chez le patient atteint de goutte chronique,
  • dans les autres accès microcristallins (chondrocalcinose et rhumatisme à hydroxyapatite),
  • dans la maladie périodique et la maladie de Behçet.
Deux spécialités sont disponibles en France : COLCHICINE OPOCALCIUM et COLCHIMAX.
 
Respecter les contre-indications
Les médecins et les pharmaciens doivent impérativement respecter les contre-indications de la colchicine, à savoir :
  • sujet insuffisant rénal sévère (clairance de la créatinine < 30 ml/min),
  • sujet insuffisant hépatique sévère,
  • association avec les macrolides (sauf spiramycine) et la pristinamycine. Ces antibiotiques augmentent la concentration plasmatique en colchicine aboutissant à un surdosage avec des effets toxiques qui peuvent conduire au décès.
 
Informer les patients
Une information doit systématiquement être fournie aux patients traités par colchicine, notamment en ce qui concerne :
  • les premiers signes de surdosage (diarrhées, nausées, vomissements) et la nécessité de consulter en cas d'apparition de ces signes ;
  • l'importance de la bonne compréhension du schéma posologique,
  • la nécessité d'un avis médical avant toute l'utilisation de colchicine : les patients ne doivent jamais utiliser la colchicine en automédication,
  • la nécessité de signaler aux professionnels de santé la prise de ce traitement avant toute nouvelle prescription ou délivrance d'un autre médicament afin de limiter le risque d'interactions médicamenteuses (l'ouverture d'un Dossier pharmaceutique peut être proposée aux patients sous colchicine).
 
Conduite à tenir en cas de surdosage
Les troubles gastro intestinaux de type diarrhées, nausées et vomissements peuvent être les premiers signes de surdosage en colchicine. Leur survenue doit conduire à envisager une diminution des posologies ou un arrêt du traitement.
 
Accès aigus de goutte : privilégier des posologies faibles
La prescription de colchicine pour un accès aigus de goutte doit :
  • privilégier des posologies faibles 
  • être ponctuelle ;
  • mentionner la durée du traitement (entre 4 et 10 jours maximum).
La colchicine est plus efficace quand elle est donnée précocement (de préférence dans les 12 premières heures et jusqu'à 36 heures après l'accès aigu) et peut être utilisée à des doses faibles.
 
La posologie de 3 mg/j ne doit  jamais être dépassée : elle doit être réservée à la prise en charge tardive d'un accès aigu et uniquement au 1er jour de traitement (soit 1 mg 3 fois par jour).
La posologie maximale par unité de prise est de 1 mg.
 
Pour rappel, le schéma posologique de la prise en charge précoce des accès d'une crise aiguë de goutte (jusqu'à 36 heures) est le suivant :
  • 1er jour : 1 mg à 2 mg (soit 1 mg 1 à 2 fois par jour) ;
  • 2ème jour : 1 mg à 2 mg (soit 1 mg 1 à 2 fois par jour) ;
  • 3ème jour : 1 mg à 2 mg (soit 1 mg 1 à 2 fois par jour) ;
  • 4ème jour et suivants : 1 mg.
 
Cas particulier de l'insuffisant rénal ou hépatique
Une diminution de la posologie est recommandée et une attention particulière doit être portée chez le patient à risque d'insuffisance rénale (insuffisance rénale chronique, médicaments concomitants, risque de déshydratation...) et/ou d'insuffisance hépatique, notamment lorsqu'il est âgé.
 
Sources et ressources complémentaires

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