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La nouvelle édition des Journées Nationales d'Infectiologie (15èmes JNI), qui s'est déroulée du 11 au 13 juin 2014 à Bordeaux, a permis de poursuivre le partage d'expériences et d'actualisation des connaissances et des pratiques en vaccinologie. Plusieurs communications ont porté sur la vaccination de populations à risque.
1. Bilan de la campagne de vaccination contre les infections invasives à méningocoques (IIM) B: 14:P1,7,16 en Aquitaine : faible adhésion de la population
La détection de 4 cas d'IIM à méningocoque B due au clone particulier B: 14:P1,7,16 survenus en moins de 3 mois (entre juillet et septembre 2012) dans une zone circonscrite aux cantons de Lagor et Navarrenx (département des Pyrénées Atlantiques), puis la survenue en avril 2013 de deux nouveaux cas dans cette zone, ont conduit à la mise en œuvre d'une campagne de vaccination par le vaccin MenBvac (seul vaccin disponible alors), puis par le vaccin Bexsero quand ce dernier a été commercialisé en France (janvier 2014). La recommandation a ciblé les contacts des cas survenus en 2013 et les personnes âgées de 2 mois à 24 ans, soit une population de 6.911 personnes.
Au 30 avril 2014, le taux d'adhésion de la population à cette vaccination, c'est-à-dire les personnes ciblées par la recommandation vaccinale ayant reçu au moins une dose vaccinale, était de 22,6 % (18 % pour le canton de Lagor, 32 % pour le canton de Navarrenx) ; 70 % des personnes vaccinées avaient reçu un schéma complet de primovaccination à 3 doses. Aucun nouveau cas n'a été notifié à la date du 30 mai 2014. Avec la récente disponibilité du vaccin Bexsero en France, Martine Charron et collaborateurs, auteurs de cette communication (Institut de Veille Sanitaire, Bordeaux) soulignent l'intérêt d'évaluer la pertinence d'une intervention vaccinale en situation de cas groupés d'IIMB.
2. Couverture vaccinale chez les personnes immunodéprimées ou présentant des maladies chroniques
L'intérêt des communications présentées ici a été de faire le point sur la mise en œuvre des vaccinations chez les personnes immunodéprimées ou souffrant de maladies chroniques sur la base des recommandations spécifiques éditées par le Haut Conseil de la santé publique en 2012 et 2013.
2.1. Couverture vaccinale des transplantés rénaux dans un CHU (Maeva Lefebvre et collaborateurs, Nantes)
L'enquête a été proposée à 107 patients transplantés rénaux de ce CHU. Cependant la couverture vaccinale n'a été évaluée que chez 65 personnes (61 %) ayant apporté leur carnet de vaccination papier lors de la consultation de suivi de transplantation. Concernant la vaccination dTPca, 56 % des patients étaient à jour vis-à-vis de la diphtérie, 61 % vis-à-vis du tétanos, 38 % vis-à-vis de la poliomyélite et 50 % vis-à-vis de la coqueluche. Chez les 49 greffés de plus de 6 mois, 32 étaient vaccinés contre la grippe (65 %) et 8 (16 %) contre le pneumocoque. Chez les 51 personnes dont le statut sérologique vis-à-vis du virus de l'hépatite B (VHB) était connu, 48 étaient vaccinées et 3 infectées par le VHB.
Les auteurs soulignent le biais de sélection, car seules les personnes ayant un carnet de vaccination ont été incluses dans l'étude, et la méconnaissance des recommandations par les praticiens et les malades. Les couvertures vaccinales étaient insuffisantes en dehors de celle contre le VHB. A l'issue de l'enquête, un guide vaccinal actualisé et un carnet de vaccination spécifique à ces patients ont été remis aux praticiens. L'utilisation de carnet de vaccination dématérialisé, interactif entre le patient et le praticien, incluant un système expert pour les recommandations est un outil à prendre en compte dans le suivi de ces patients (note du rédacteur).
2.2. Couverture vaccinale contre le pneumocoque chez les patients hospitalisés en médecine interne (Tiphaine Goulenok et collaborateurs, Clichy) : rôle majeur du médecin traitant dans le suivi de ces patients à risque
En 2013, le Haut Conseil de la santé publique a élargi les recommandations vaccinales contre le pneumocoque chez les patients immunodéprimés et porteur de pathologies à risque d'infections sévères à pneumocoque.
Le but des auteurs de cette communication a été de déterminer le statut vaccinal vis-à-vis de la grippe et du pneumocoque chez les patients hospitalisés en médecine interne (patients immunodéprimés ou à risque d'infections sévères à pneumocoque). Parmi les 198 personnes incluses, 16 % et 55 % étaient respectivement à jour de leur vaccination contre le pneumocoque et la grippe. Les patients étaient vaccinés majoritairement par leur médecin traitant et seuls 17 % avaient un carnet de vaccination papier. L'absence de proposition du vaccin par un médecin était la principale raison de non vaccination (76 %), le refus du patient n'était jamais en cause. Pour 10 % des patients, la recommandation de vaccination contre le pneumocoque a été identifiée lors de l'hospitalisation.
Les auteurs concluent à la nécessité d'optimiser le parcours de soin de ces patients à risque, en termes de transversalité (échanges entre équipes de soins hospitalières et le médecin traitant), la nécessité de formation continue de tout praticien et d'information des patients.
2.3. Statut vaccinal contre le tétanos des patients diabétiques (A Richard et collaborateurs, Nantes) : couverture vaccinale insuffisante
L'étude conduite auprès de 86 personnes âgées de 18 ans et plus, diabétiques avec mal perforant plantaire, a montré une couverture vaccinale insuffisante (27 %) contre le tétanos. Or cette population présente un risque majoré d'infection tétanique. Le statut vaccinal a été documenté par le dossier médical disponible chez le médecin traitant (64,6 %) et en secteur d'hospitalisation (82,4 %). La sensibilisation des professionnels de santé et des patients semble indispensable pour l'amélioration des pratiques et donc la prévention du patient.
2.4. Connaissance et perception de la vaccination de patients atteints de déficit immunitaire secondaire (P Loubet et collaborateurs, Paris) : demande de plus d'information
L'enquête observationnelle a été conduite par le Centre d'Investigation Clinique de Cochin auprès de la cohorte AVNIR regroupant des patients présentant un déficit immunitaire secondaire. Les participants répondaient à un questionnaire en ligne diffusé aux membres des associations de patients de la cohorte AVNIR. La couverture vaccinale contre la grippe et du pneumocoque était respectivement de 59 % et 49 % chez les 3.653 personnes participant à cette étude. 73 % des participants avaient une opinion favorable sur la vaccination. Les raisons de mauvaise opinion étaient les arguments contre la vaccination véhiculés dans les média (24 %), les remarques de leur entourage (23 %) et leur expérience personnelle (21 %). La très grande majorité (91 % des participants) souhaitait plus d'information sur les vaccins recommandés dans leur pathologie et les maladies prévenues par ces vaccins.
Conclusion
Les données présentées lors des 15 èmes JNI mettent en lumière la nécessité de renforcer l'information ciblée en matière de vaccination auprès des patients atteints de maladies chroniques et d'assurer une diffusion très large des recommandations vaccinales particulières vers les professionnels de santé, en secteur libéral et hospitalier. Le systèmes de personnalisation des recommandations vaccinales et d'aide à la décision vaccinale de MesVaccins.net améliore la perception de l'information par le patient et favorise une communication interactive entre le patient et les professionnels de santé.
Référence
- 15èmes Journées Nationales d'Infectiologie
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