Réalisation d'un bypass (illustration).
Suivi de plus de 2 000 patients obèses, non diabétiques et opérés
La base de recherche clinique Clinical Practice Research Datalink (CPRD) agrège les données médicales anonymisées de 5 millions de Britanniques. Ces données sont recueillies par plus de 680 médecins généralistes répartis dans tout le Royaume-Uni.
Les auteurs ont utilisé cette base pour constituer leur cohorte de 2 167 patients obèses (BMI >= 30 ; 60 % avaient une obésité "très sévère", avec un BMI > 40), non diabétiques et ayant eu une chirurgie de l'obésité entre 2002 et 2014 :
- pose d'un anneau gastrique ajustable, ce qui réduit le volume de l'estomac (1 053 patients) ;
- réalisation d'un "bypass"(court-circuit) gastrique, qui relie la partie haute de l'estomac à la partie centrale de l'intestin grêle (jejunum), opération pratiquée sur 795 des 2 167 patients de la cohorte ;
- réalisation d'une "sleeve" gastrectomie, qui consiste à enlever les deux tiers de l'estomac (317 patients).
Les paramètres cliniques et résultats biologiques de ces patients ont été comparés à ceux d'une population équivalente (BMI, âge, sexe, antécédents, tabagisme, etc.) non opérée. Cette comparaison a été effectuée sur 7 ans.
Un risque de diabète diminué de 80 %, 7 ans après la chirurgie
En 7 ans, 38 patients opérés ont eu un diagnostic de diabète de type 2 posé par leur généraliste, contre 177 dans le groupe contrôle. A la 7ème année, les patients opérés avaient 4,3 % de risques de développer un diabète, contre 16,2 % dans le groupe contrôle ; cela représente une diminution du risque de 80 % (IC 0,14 - 0,30, p < 0,0001) :
Cette diminution du risque est indépendante du sexe, de l'âge, du tabagisme, d'une éventuelle hypertension artérielle, du taux de cholestérol et, surtout, du type d'opération pratiquée, même si le risque était légèrement plus faible avec le bypass et le sleeve (p=0,0714).
Confirmation d'une diminution du risque de diabète déjà constatée sur des patients opérés avant 2001
L'étude SOS (Swedish Obese Subjects study), publiée en 2012 dans le New England Journal of Medicine, a été réalisée auprès de 1 658 patients obèses opérés entre 1987 et 2001, comparés à 1 771 patients obèses non opérés. Dans 69 % des cas, les patients avaient eu une gastroplastie verticale calibrée, technique de restriction du volume de l'estomac par constitution d'une poche, beaucoup moins pratiquée aujourd'hui (risques de complications supérieurs aux autres techniques). Les résultats ont montré une diminution de 83 % du risque de survenue d'un diabète après 15 ans de suivi.
Ces résultats sont donc similaires à ceux de l'étude publiée le 3 novembre, indépendamment des techniques chirurgicales employées.
Selon les auteurs de l'étude publiée dans The Lancet, leur travail, couplé à celui de l'étude SOS et d'autres études de suivi, suggère donc "que la chirurgie bariatrique pourrait représenter une méthode très efficace de prévention de l'apparition d'un diabète en cas d'obésité sévère". Ils soulignent cependant que d'autres études sont nécessaires pour mieux comprendre les effets des différentes techniques chirurgicales, ainsi que les conséquences à long terme de telles techniques.
Un intérêt de la chirurgie également constaté en cas de diabète déclaré
Un groupe de 150 patients obèses et diabétiques, traités pour leur diabète et opérés ("bypass" ou "sleeve") a été comparé à un groupe équivalent mais non opéré. Après un suivi de 3 ans, les auteurs de cette étude, nommée STAMPEDE, ont constaté que 38 % des patients opérés avec la technique du "bypass" et 24 % de ceux opérés avec un "sleeve" avaient atteint l'objectif fixé (HbA1c = 6 %), contre seulement 5 % des patients non opérés (NEJM 2014).
Les patients opérés utilisaient également moins de médicaments antidiabétiques et moins d'insuline, avaient perdu beaucoup plus de poids et avaient une meilleure qualité de vie.
Ces études, et d'autres études de suivi non mentionnées dans cet article, montrent donc que la chirurgie bariatrique pourrait prévenir l'apparition d'un diabète de type 2 ou aider à son contrôle s'il est déjà déclaré. Ces effets bénéfiques sont bien sûr à confirmer et à mettre en balance avec la lourdeur de l'intervention et ses possibles complications, mais ils représentent tout de même un espoir pour les patients présentant une obésité sévère, invalidante et à risques majeurs de complications métaboliques.
En savoir plus :
Incidence of type 2 diabetes after bariatric surgery: population-based matched cohort study, Booth H et coll., The Lancet, 3 novembre 2014
Bariatric Surgery and Prevention of Type 2 Diabetes in Swedish Obese Subjects, Lena M.S. Carlsson et coll., NEJM, août 2012
Bariatric Surgery versus Intensive Medical Therapy for Diabetes — 3-Year Outcomes, Schauer PR et coll., NEJM, août 2014
Chirurgie de l'obésité - Nouvelles recommandations pour la prise en charge des patients, HAS, septembre 2009 (article dont est issu le dessin regroupant les 3 techniques chirurgicales utilisées dans l'étude publiée dans The Lancet).
Sur VIDAL.fr :
VIDAL Reco Obésité
Vidal Reco Diabète de type 2 : prise en charge initiale
Vidal Reco Diabète de type 2 : suivi au long cours
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