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L'Institut de veille sanitaire vient de présenter les données les plus récentes de couverture vaccinale pour 2014 en population générale.
Les données proviennent des certificats de santé du 24ème mois de vie pour les nourrissons, de l'échantillon généraliste des bénéficiaires de l'assurance maladie (EGB, correspondant au suivi de 600 000 assurés pendant 20 ans), ainsi que des enquêtes scolaires triennales pour les enfants de 6 ans (grande section de maternelle) à 15 ans (classe de 3ème).
Vaccination contre la diphtérie, le tétanos, les infections à Haemophilus influenzae de type b, la poliomyélite et la coqueluche : les objectifs de la loi de santé publique sont atteints chez les enfants âgés de 24 mois
L'analyse des données vaccinales des enfants âgés de 24 mois, nés en 2012, ayant reçu un schéma complet (3 doses en primo-vaccination et un rappel, suivant le calendrier vaccinal en vigueur en 2012-2013), indique une couverture vaccinale de 91 % contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite. Cette valeur est très proche de l'objectif de santé publique correspondant (95 %).
Concernant la coqueluche et Haemophilus inluenzae de type b, les couvertures vaccinales sont respectivement de 91 et 89 %, identiques à celles relevées lors d'une précédente enquête chez les enfants âgés de 2 ans, nés en 2008.
Chez les adultes, les dernières données disponibles de couverture vaccinale contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (dTP) datent de 12 ans. Elles avaient été obtenues dans le cadre de l'enquête "santé protection sociale" réalisée en 2002. A cette époque, le critère retenu était un antécédent vaccinal datant de moins de 15 ans. La couverture vaccinale était de 71 % contre le tétanos, de 42 % contre la poliomyélite et de 34 % contre la diphtérie. Le calendrier vaccinal de l'adulte a été profondément modifié en 2013 et repose maintenant sur une stratégie de vaccination à âge fixe. La vaccination dTP est recommandée aux âges de 25 ans, 45 ans et 65 ans, puis tous les 10 ans. La méthode de mesure de la couverture vaccinale devra être adaptée à ce changement.
Couverture vaccinale contre l'hépatite B : en progrès mais toujours insuffisante
La vaccination contre l'hépatite B est recommandée en France chez tous les nourrissons avec un rattrapage vaccinal chez les enfants et les adolescents jusqu'à l'âge de 15 ans révolus.
Par ailleurs, la vaccination est recommandée aux personnes ayant des facteurs de risque d'exposition à l'hépatite B ou de forme grave de la maladie.
En population générale, la couverture vaccinale contre l'hépatite B des enfants de 24 mois a fortement progressé ces dernières années. Elle atteint 78 %, alors qu'elle n'était que de 47 % dans la cohorte des enfants nés en 2008.
En revanche, malgré sa progression, la couverture vaccinale des enfants de 6 ans est insuffisante : elle est de 51 %, au lieu de 38 % lors de l'enquête réalisée en 2005-2006 dans la même classe d'âge.
Elle est de 43 % chez les adolescents âgés de 15 ans, mais la seule valeur disponible date de l'enquête triennale précédente, réalisée en milieu scolaire en 2008-2009.
Vaccination contre les infections invasives à pneumocoque : en progression
Cette vaccination est recommandée avec le vaccin polyosidique conjugué Prevenar 13® chez tous les enfants de moins de 2 ans selon un schéma à 3 doses. Des recommandations particulières s'appliquent également aux personnes souffrant d'une maladie chronique ou d'immunodépression.
La couverture vaccinale mesurée ici est celle observée chez les enfants de moins de deux ans. En 2014, la couverture vaccinale a augmenté pour atteindre 89 % (schéma complet) ou 97 % (une dose). L'année précédente (cohorte d'enfants nés en 2011), les chiffres correspondants étaient de 86 % et 96 %.
Vaccination Rougeole-Oreillons-Rubéole : couverture vaccinale en progression
La vaccination Rougeole-Oreillons-Rubéole (ROR) à deux doses est recommandée en population générale à tous les enfants avant l'âge de 24 mois et chez les personnes nées depuis 1980, quels que soient les antécédents vis-à-vis des trois maladies.
Des recommandations particulières sont également justifiées, lors d'exposition à un cas de rougeole ou d'oreillons.
Chez les enfants âgés de 24 mois nés en 2012, la couverture vaccinale ROR deux doses reste insuffisante (72 %), alors qu'une épidémie de rougeole avec la notification de plus de 23 000 cas est survenue en France de 2008 à 2012. Les autorités sanitaires ont pourtant diffusé des messages incitant à vérifier le statut vaccinal des personnes âgées de plus de 12 mois et nées depuis 1980.
Toutefois, on observe une tendance à l'augmentation du taux d'enfants ayant reçu une seule dose : 90,5 % dans la cohorte d'enfants nés en 2012, 89 % pour ceux nés en 2008.
Chez les adolescents âgés de 15 ans, la couverture ROR deux doses était de 70 % en 2008-2009, en l'absence de données plus récentes.
Vaccination contre le méningocoque C : en progression chez les jeunes enfants, très insuffisante chez les adolescents et les jeunes adultes
Cette vaccination est recommandée en France depuis 2010 chez tous les nourrissons de 12 à 24 mois, avec un rattrapage des personnes âgées de 2 ans à 24 ans révolus. Le caractère récent de cette recommandation explique que les couvertures vaccinales sont disponibles depuis peu de temps. Elles atteignent 57,6 % chez les enfants âgés de 1 à 4 ans, 31,7 % chez les 5-14 ans et seulement 10,5 % chez les adolescents ou jeunes adultes âgés de 15 à 24 ans. Au vu de l'épidémiologie des infections invasives à méningocoque C, les adolescents et les jeunes adultes devraient pourtant être vaccinés en priorité, 23 % des cas ayant été rapportés dans cette classe d'âge.
Vaccination contre les papillomavirus humains : couverture très insuffisante et en régression
La vaccination par les vaccins Gardasil® ou Cervarix® est indiquée pour la prévention des lésions génitales précancéreuses du col de l'utérus, de la vulve et du vagin, et in fine pour la prévention du cancer du col de l'utérus dû à certains types oncogènes de papillomavirus humains (HPV). Le vaccin Gardasil® confère en outre une protection contre les verrues génitales (également appelés condylomes acuminés) dues aux HPV 6 et 11.
Cette vaccination a été recommandée en France en juillet 2007 chez les jeunes filles âgées de 14 ans, avec un rattrapage chez les jeunes filles âgées de 15 à 24 ans. En 2013, la recommandation a évolué pour concerner les jeunes filles âgées de 11 à 14 ans, avec un rattrapage pour celles âgées de 15 à 19 ans révolus.
Depuis la période de la recommandation, on observe une diminution régulière de la couverture vaccinale. En 2010, respectivement, 23 % des jeunes filles de 15 ans avaient reçu une dose vaccinale et 27 % d'entre elles avaient reçu un schéma vaccinal complet à trois doses à l'âge de 16 ans. En 2012, 20% d'entre elles ont reçu une dose à 15 ans et un schéma complet à 16 ans. Les données les plus récentes disponibles pour l'année 2013 indiquent un taux d'administration d'une dose de 18 %, la couverture vaccinale pour trois doses n'étant pas disponible.
La diminution de la couverture vaccinale est observée en France depuis 2010. Cette date correspond à la préoccupation exprimée par le public suite à la notification de maladies auto-immunes, notamment des affections démyélinisantes, chez des jeunes filles vaccinées par un vaccin anti-papillomavirus. Or depuis leur commercialisation en 2006 pour Gardasil® et 2008 pour Cervarix®, ces deux vaccins font l'objet d'une surveillance renforcée des effets indésirables (pharmacovigilance) sur le plan national et européen. Le but de cette surveillance est d'évaluer en particulier le risque potentiel de maladies auto-immunes. Le dernier bilan de pharmacovigilance communiqué par l'agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé en avril 2014, sur la base des données françaises et internationales collectées depuis plus de 8 ans, ne montre pas d'augmentation de l'incidence des maladies auto-immunes, ni plus particulièrement des cas de sclérose en plaques après vaccination par Gardasil® (plus de 127 millions de doses administrées dans le monde) ou Cervarix®.
Vaccination contre la grippe saisonnière : couverture vaccinale en chute
La vaccination contre la grippe saisonnière est recommandée en France aux personnes âgées de 65 ans et plus, aux femmes enceintes quel que soit le trimestre de grossesse, aux personnes à partir de 6 mois à risque de d'une forme grave de grippe, aux personnes obèses avec un indice de masse corporelle égal ou supérieur à 40 kg/m², aux personnes séjournant dans un établissement de soins de suite ou un établissement médico-social, à l'entourage de nourrissons de moins de 6 mois présentant des facteurs de risque.
En termes d'objectif de santé publique, la couverture vaccinale pour la grippe est fixée à 75 %.
A partir des données de la caisse nationale d'assurance maladie, la couverture vaccinale en 2013-2014 était évaluée à 52 % chez les personnes âgées de 65 ans et plus, et à 38 % chez les personnes de moins de 65 ans présentant des risques particuliers, ce qui représente une couverture vaccinale globale de 49 %.
En suivant l'évolution de la couverture vaccinale par classe d'âge et par saison, on observe une diminution significative de la couverture vaccinale depuis la saison 2009-2010, année de l'émergence du nouveau virus grippal pandémique H1N1 ; la couverture vaccinale globale avait alors atteint 60 %.
Conclusion
Les dernières données disponibles de couverture vaccinale en France présentent un bilan contrasté avec des valeurs satisfaisantes pour les valences diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche et Haemophilus influenzae type b chez les nourrissons de 24 mois, des couvertures vaccinales en progression pour le vaccin ROR (deux doses), la vaccination contre l'hépatite B, le pneumocoque et le méningocoque C. En revanche, les couvertures vaccinales contre la grippe et les infections à papillomavirus humains sont insuffisantes et en régression.
Référence
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