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L’incapacité des moyens actuellement mis en œuvre à contenir l’épidémie de fièvre à virus Ebola justifie la mise au point de vaccins qui permettront de protéger les personnes exposées non encore infectées et de stopper la progression du virus. Alors que la fin de l'épidémie n'est toujours pas en vue, un tel vaccin serait à l'évidence très utile pour tous ceux qui se portent au secours des populations concernées, au péril de leur vie.
Nous avons déjà rendu compte (actualité publiée le 26 novembre 2014) des premiers essais de deux candidats vaccin, celui de la firme GSK associée au National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID) américain (cAd3-EBOV) et celui de la firme NewLink Genetics associée à l'Agence de santé publique du Canada (rVSVΔG-EBOV-GP). Alors que ces essais de phase 1 ont été jugés satisfaisants pour cAd3-EBOV (on a observé une bonne tolérance et l'apparition d'anticorps qui pourraient être protecteurs), ils ont été momentanément interrompus pour rVSVΔG-EBOV-GP en raison de l'apparition de douleurs articulaires chez quelques volontaires. Ces réactions n'ont pas paru graves, et elles sont observées à des degrés divers avec beaucoup de vaccins, mais les producteurs du rVSVΔG-EBOV-GP souhaitent faire toute la lumière sur leur mécanisme avant de poursuivre les essais.
Dans un article publié dans The Lancet, une équipe américaine rapporte les résultats des essais entrepris dès 2009, en Ouganda, avec deux autres candidats vaccins, l'un dirigé contre le virus Ebola, l'autre contre le virus Marburg. Il s'agit de deux vaccins de type ADN, dont le principe actif est un fragment d'ADN qui code l'expression d'un antigène viral, la glycoprotéine de surface. Cent-huit volontaires ont reçu au moins une injection de l'un ou l'autre vaccin, ou des deux vaccins associés, et 100 d'entre eux ont reçu 3 injections à 0, 4 et 8 semaines. La tolérance a été bonne : on n'a pas observé plus d'événements indésirables dans le groupe des vaccinés que dans le groupe témoin. Des anticorps contre les protéines virales prises pour cible ont été détectés chez la moitié environ des sujets vaccinés, que ce soit dans le groupe Ebola, le groupe Marburg, ou le groupe ayant reçu les deux vaccins. On a également mis en évidence une réponse cellulaire T spécifique chez 33 à 52 % des vaccinés, selon l'antigène ou la combinaison d'antigènes inoculée.
Selon les auteurs, ces résultats, qui ont démontré la possibilité d’obtenir une réponse immunitaire contre la glycoprotéine du virus Ebola, ont servi pour la mise au point du vaccin cAd3-EBOV qui utilise non plus l’ADN nu mais un vecteur adénovirus. Ce choix a sans doute été dicté par le fait que les vaccins ADN, bien qu'ils présentent en principe de nombreux avantages et qu'ils apparaissent très efficaces dans quelques modèles animaux, n'ont jusqu'ici montré que peu d'efficacité chez l'homme. Des questions restent également en suspens concernant leur sécurité, l'ADN injecté et capté par les cellules étant capable de s'intégrer au hasard dans le génome cellulaire.
La multiplication des pistes pouvant conduire à un vaccin contre Ebola est à l'évidence une bonne nouvelle.
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