Les nourrissons de 0 à 18 mois, nés après le 1er janvier 2018, devront être à jour du nouveau calendrier vaccinal comportant 11 valences pour pouvoir entrer en collectivité (illustration).
Une obligation vaccinale décidée notamment après une injonction du Conseil d'Etat et suite aux préconisations du président de la concertation citoyenne et scientifique
La ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn a décidé, quelques semaines après son entrée en fonction, l'extension de l'obligation vaccinale, suite en particulier aux préconisations du Pr Alain Fischer et du comité d'orientation de concertation citoyenne et scientifique (voir notre article).
Une décision devait également être prise rapidement en raison d'une décision du Conseil d'Etat au vu de l'indisponibilité depuis 2008 du vaccin trivalent, contenant les seules valences diphtérie, poliomyélite et tétanos (voir notre article).
Il est à noter que la quasi-totalité des sociétés savantes ont appelé à cet élargissement, ainsi que l'Académie de médecine et 200 médecins et responsables hospitaliers.
Seuls le CNGE (Collège national des généralistes enseignants); la SFSP (Société Française de Santé Publique) et plusieurs médecins généralistes libéraux ayant interpellé les autorités ont pris position contre cette obligation.
Un objectif de santé publique pour éradiquer des maladies parfois graves ou mortelles
Cette obligation de vaccination contre 11 maladies chez les jeunes enfants, destinée à sytématiser l'administration des 8 vaccins qui n'étaient, jusqu'à présent, que "recommandés", est entrée en vigueur le premier janvier 2018 et doit donc être appliquée.
L'objectif est d'atteindre une couverture de 95 %, comme le préconise l'OMS pour bloquer la diffusion de ces maladies, aux complicaitons parfois redoutables, voire mortelles.
"Le principe de la vaccination doit à la fois assurer la protection de chacun et de tous : on se vaccine pour soi-même mais aussi pour protéger ses parents, ses enfants, ses proches et ceux qui ne peuvent pas être vaccinés, soit parce qu'ils sont malades, soit parce qu'ils sont trop jeunes. Les personnes vaccinées contribuent à protéger les non vaccinées : c'est pourquoi une politique vaccinale, pour qu'elle soit efficace, pour qu'elle protège la collectivité, doit toucher le plus grand nombre", résumait Agnès Buzyn le 5 janvier.
Les 11 vaccins désormais obligatoires chez les nourrissons
Onze vaccinations sont désormais obligatoires chez l'enfant de moins de 2 ans :
- vaccins contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, qui étaient les 3 seules vaccinations obligatoires jusqu'à présent,
- vaccins contre la coqueluche, la rougeole, les oreillons, la rubéole, l'Haemophilus influenzae de type B (Hib), l'hépatite B, le pneumocoque et le méningocoque C, qui n'étaient que recommandés.
Une obligation pour les enfants nés à partir du 1er janvier 2018
L'obligation vaccinale étendue à 11 maladies s'applique aux enfants de moins de 2 ans nés à partir du 1er janvier 2018. Pour les enfants nés avant le 1er janvier 2018, seules les vaccinations DTP (diphtérie, tétanos, poliomyélite) restent obligatoires.
Selon le ministère de la Santé, plus de 2 enfants sur 3 (70 %) ont déjà bénéficié de ces 11 vaccinations alors que 8 d'entre elles n'étaient que recommandées dans le calendrier vaccinal.
Calendrier vaccinal : 10 injections de 0 à 18 mois en privilégiant l'hexavalent, 6 rendez-vous
Afin de limiter le nombre d'injections et de rendez-vous, la Haute Autorité de Santé et le ministère ont élaboré un calendrier vaccinal privilégiant les vaccins hexavalents (contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la coqueluche, les infections Hib et l'hépatite B). Ce vaccin doit être pratiqué selon le schéma suivant : 2 mois, 4 mois et 11 mois.
Autre combinaison de vaccins permettant de limiter les injections déjà quasi-systématiquement utilisée : celle contre la rougeole, les oreillons et la rubéole. Le vaccin ROR doit être pratiqué à 12 mois (hors cas particulier), avec une seconde injection entre 16 et 18 mois.
Les vaccins contre le pneumocoque et contre le méningocoque C sont les seuls à ne pas exister sous forme combinée :
- pour la vaccination contre le pneumocoque : 1 injection à 2 mois, puis 1 rappel à 4 mois et à 11 mois ;
- pour la vaccination contre le méningocoque : 1 injection à 5 mois, puis rappel à 12 mois.
Au total, pour une vaccination complète contre les 11 maladies, 10 injections sont nécessaires au cours de 2 premières années de vie, réparties sur 6 consultations, comme le montre ce tableau récapitulatif proposé par la HAS et le ministère :
Les vaccins indiqués sur fond jaune existent sous forme combinée.
Les 6 encadrés verts correspondent aux consultations, avec les co-administrations possibles.
Respect de l'obligation vaccinale : contrôle à compter du 1er juin 2018Le respect des vaccinations obligatoires conditionne l'entrée des jeunes enfants en collectivités : crèches, halte garderies, assistants maternels, écoles ou encore en colonies de vacances.
Les vérifications relatives à cette nouvelle obligation vaccinale (en fonciton de l'âge de l'enfant bien sûr) débuteront à partir du 1er juin 2018.
Rappel des vaccins disponibles en France contenant les souches obligatoires
Voici les vaccins disponibles en 2017 correspondant aux 11 valences, seules ou en association (abréviations identiques à celles utilisées dans le tableau sur le calendrier vaccinal ci-dessus) :
DTCaP | INFANRIXTETRA TETRAVAC-ACELLULAIRE |
DTCaP-Hib | INFANRIXQUINTA PENTAVAC |
DTCaP-Hib-Hep B | INFANRIX HEXA HEXYON |
Hib | ACT-HIB |
Hep B | ENGERIX B 10 HBVAXPRO 5 |
PnC | PREVENAR 13 |
MnC |
MENJUGATE NEISVAC |
ROR | M-M-RVAXPRO PRIORIX |
Informer et communiquer pour tenter de lever une défiance élevée en France
Conscient des interrogations suscitées par cette extension de l'obligation vaccinale - la défiance envers la vaccination est plus élevée en France que dans les autres pays du monde, selon une étude réalisée dans 67 pays en 2016 -, le ministère de la Santé a annoncé début janvier des mesures d'accompagnement et un renforcement de l'information :
- Pour les professionnels de santé :
- une déclinaison du site vaccination-info-service.fr pour les professionnels de santé prévue au printemps 2018,
- des conférences/réunions proposées par les ARS (Agences régionales de santé), au cours des premiers mois de 2018,
- une documentation (brochure) pour les cabinets médicaux et les pharmacies,
- un courrier de l'Agence Santé Publique France courant 2018 et des documents pédagogiques téléchargeables sur le site de cette agence,
- des messages sur les logiciels professionnels des vaccinateurs envoyés en juin et septembre 2018.
- Pour le grand public :
- le site vaccination-info-service.fr ;
- une campagne d'information qui sera lancée lors de la semaine européenne de la vaccination (avril 2018) ;
- une infographie récapitulatrice de l'intérêt de l'optimisation de la proection vaccinale contre ces 11 maladies ;
- trois vidéos, réalisées en partenariat avec le ministère, de YouTubers : Dans ton corps, E-penser et Allo Maman
Pour aller plus loin
Nécessité des rappels vaccinaux chez l'enfant, exigibilité des vaccinations en collectivité, HAS, novembre 2017
Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé précise la mise en œuvre des 11 vaccinations indispensables, obligatoires depuis le 1er janvier 2018 (Ministère de la santé, 5 janvier 2018, actualisé le 15 janvier 2018)
Dossier de presse : 11 vaccinations indispensables, obligatoires au 1er janvier 2018 (ministère de la santé, janvier 2018)
Sur VIDAL.fr
Passage de 3 à 11 vaccins obligatoires : Agnès Buzyn annonce une loi à l'automne 2017 (juillet 2017)
Vaccin DTP : le Conseil d'Etat enjoint au ministère de la santé de le rendre disponible d'ici 6 mois (février 2017)
Vaccinations : une concertation citoyenne riche en propositions… et en paradoxes ! (décembre 2017)
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