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Antipsychotiques : la surveillance cardiométabolique des patients reste insuffisante

Selon les résultats d'une enquête menée sur la base des données de l'Assurance maladie, la surveillance biologique des patients traités par antipsychotiques est insuffisamment respectée.

Dans ce contexte, l’ANSM rappelle qu'un traitement antipsychotique peut s'accompagner d'une prise de poids et de troubles métaboliques comme un diabète et/ou une dyslipidémie.

A ce titre, l'Agence renouvelle ses recommandations de suivi cardiométabolique, émises en 2010, pour optimiser la prise en charge de ces patients, que ce soit avant ou pendant le traitement et en cas d'anomalies détectées.
David Paitraud 06 novembre 2018 Image d'une montre3 minutes icon Ajouter un commentaire
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L'espérance de vie des personnes atteintes de maladie mentale sévère est réduite de 20 % par rapport à la population générale (illustration).

L'espérance de vie des personnes atteintes de maladie mentale sévère est réduite de 20 % par rapport à la population générale (illustration).


Maladies psychiatriques, traitements antipsychotiques et risque métabolique
Les traitements par antipsychotiques peuvent s'accompagner d'une prise de poids et de troubles des métabolismes glucidique et lipidique tels qu'un diabète et/ou une dyslipidémie.

Parallèlement, selon une mise au point de l'ANSM publiée en 2010, l'espérance de vie des personnes atteintes de maladie mentale sévère est réduite de 20 % par rapport à la population générale, et leur exposition aux facteurs de risque suivants est plus importante : surpoids, sédentarité, tabac, hyperglycémie/diabète, hypertension artérielle, dyslipidémie. Ainsi, la prévalence du diabète de type 2 et de l'obésité serait 1,5 à 2 fois supérieure chez les patients schizophrènes que dans la population générale. 

L'ANSM faisait alors observer que "Toutefois, il est difficile de distinguer dans ces données la part de la maladie elle-même de celle des traitements administrés chez ces patients".

Sur la base de ces données, elle recommandait qu'une collaboration étroite s'établissent entre le psychiatre et le médecin traitant pour la mise en place et l'adaptation d'un traitement antipsychotique, afin d'assurer une prise en charge optimale des patients (Cf. Tableau I).
 
Tableau I - Recommandations pour la surveillance des patients
traités par antipsychotiques
  T0 M1 M3 Trimestriellement Annuellement Tous les
5 ans
Poids et IMC X X X X    
Périmètre ombilical X          
Glycémie à jeun X   X   X  
Bilan lipidique X   X     X
Pression artérielle X   X   X  
T0 : avant le début du traitement ; M1 : 1 mois après le début du traitement ; M3 : 3 mois après le début du traitement
 
Un respect insuffisant de la surveillance biologique des patients
Cependant, selon une enquête conduite par le Dr Marine Le Pierres
 à partir des données de l'Assurance maladie (thèse de psychiatrie soutenue le 11 octobre 2018 à l'Université de Nantes), le respect de la surveillance biologique des patients traités par antipsychotiques  reste insuffisant.

Dans ce contexte, l'ANSM renouvelle ses recommandations aux professionnels de santé dans un point d'information en date du 29 octobre 2018.

 
  • Informer les patients
Outre la collaboration étroite entre le psychiatre et le médecin traitant, la surveillance des patients traités par antipsychotiques doit aussi intégrer le patient lui-même, afin de le sensibiliser aux risques cardiométaboliques.
Une information des patients et de leur entourage doit permettre :

- de reconnaître des symptômes évocateurs d'un diabète (polyurie, polydipsie, perte de poids), 
- de consulter rapidement leur médecin dans cette situation.
 
  • Avant le traitement
Il est recommandé de :
- rechercher des facteurs de risque du patient (antécédents médicaux, traitements en cours, hygiène de vie) ;
- pratiquer des bilans cliniques et biologiques : calcul de l'indice de masse corporelle, mesure du périmètre ombilical, mesure de la pression artérielle, dosages à jeun de la glycémie, du cholestérol (total, HDL, LDL) et des triglycérides.
 
  • Pendant le traitement
La surveillance pendant le traitement doit être étroite et porter sur le poids, la glycémie, la pression artérielle et le bilan lipidique des patients.

La stratégie de surveillance dépend des facteurs de risque trouvés avant l'instauration du traitement, des signes cliniques apparaissant pendant le traitement, et du traitement antipsychotique instauré.

 
  • En cas de troubles cardiométaboliques détectés
Lorsque des anomalies cardiométaboliques sont détectées pendant le traitement, il est recommandé :
- de rappeler aux patients les règles hygiéno-diététiques ;
- de définir la prise en charge thérapeutique en concertation avec le médecin traitant et le psychiatre, voire un autre spécialiste si nécessaire.

Pour aller plus loin
Antipsychotiques : rappel des mesures de suivi cardio-métabolique - Point d'Information (ANSM, 29 octobre 2018)

Suivi cardio-métabolique des patients traités par antipsychotiques - Mise au point (Afssaps, 26 avril 2010)

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