Une situation en évolution à laquelle doivent s'adapter les autorités sanitaires (illustration).
Pour le Dr François Trémolières, fort de nombreuses années d'expérience en tant qu'infectiologue réanimateur, l'épidémie COVID-19, qui frappe le monde entier et notamment la France, confronte aussi bien les professionnels de santé que la population générale à une situation inédite qui explique nombre d'incertitudes, d'hésitations et de changements de stratégies.
Certes, à l'échelon de la France, la mortalité liée à ce nouveau coronavirus serait de l'ordre de 2,2 à 2,3 % et très stable (au risque d'un démenti dans les jours qui viennent). Mais, en réalité, ce pourcentage est bien moins élevé, si l'on tient compte des nombreuses formes non dépistées et souvent asymptomatiques. Notons que, sur les 175 décès observés en France au 17 mars, 7 % ont touchés des sujets de moins de 65 ans.
Des décisions forcément évolutives
Si beaucoup d'interrogations demeurent, des décisions doivent cependant être prises. Ainsi, il n'est pas question que toute la population porte des masques par peur d'être contaminée, mais n'est-il pas préférable que les personnes atteintes d'une infection respiratoire sans autre précision en portent également ?
En tout cas, en l'absence d'un stock de masques suffisant, il est recommandé de les réserver au personnel soignant et aux sujets infectés. De même, pour l'instant, les tests de dépistage sont réservés aux professionnels de santé et aux personnes susceptibles cliniquement d'être infectées par le virus. Mais, dans l'absolu, ces tests pourraient être plus largement effectués à condition que la logistique suive. Il semble que, prochainement, les laboratoires de ville soient en mesure de les réaliser.
Pour ce qui est des décisions prises par les autorités françaises, elles sont, du point de vue du Dr Trémolières, tout à fait légitimes. Il faut absolument empêcher une inflation massive de nouveaux cas comme cela s'est produit en Italie, de façon à éviter que notre système de santé soit totalement débordé.
Réfléchir mais agir
Il est indispensable de se confronter chaque jour avec l'évolution des données. Nous allons savoir dans les semaines qui viennent si les mesures de confinement aurons permis de ralentir la propagation du virus et d'arriver à un phénomène de plateau.
À cet égard, il serait particulièrement intéressant de pouvoir confronter les données françaises à celles d'autres pays comme l'Italie, l'Espagne ou le Royaume-Uni. Pour ce dernier, les autorités espèrent l'émergence d'une immunité de groupe, mais encore faut-il qu'une portion suffisamment importante de la population soit immunisée. Pour le Dr Trémolières, "ce fait n'est, à ma connaissance, pas démontré".
Pour finir, soulignons que, face à une épidémie liée à un nouveau virus et pour laquelle la situation varie de jour en jour, les décisions gouvernementales sont forcément évolutives et de nombreuses incertitudes demeurent. Il convient en tout cas de saluer l'exceptionnelle réactivité des chercheurs et des soignants qui ont su s'adapter très rapidement à une situation sanitaire inédite.
Propos recueillis par Patricia Thelliez
Sources
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