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COVID-19 : état des lieux de l’épidémie en pédiatrie

Le SARS-CoV-2 circule de plus en plus au sein de la population pédiatrique avec une augmentation des hospitalisations en soins conventionnels et critiques. Les données actuelles ne sont pas en faveur d’une gravité accrue de la COVID-19 chez les 0-17 ans.
Isabelle Hoppenot 27 janvier 2022 Image d'une montre6 minutes icon Ajouter un commentaire
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Globalement, chez les moins de 18 ans, les taux d'incidence et les taux de positivité ont doublé (illustration).

Globalement, chez les moins de 18 ans, les taux d'incidence et les taux de positivité ont doublé (illustration).

 
Résumé
Dans un document publié le 13 janvier dernier, Santé publique France fait le point sur la situation épidémiologique chez les enfants âgés de moins de 17 ans.

La circulation du SARS-CoV-2 s'intensifie depuis fin octobre 2021, dans cette tranche d'âge comme dans le reste de la population. De même, les hospitalisations en soins conventionnels et en soins critiques augmentent depuis décembre 2021 chez les 0-17 ans, principalement chez les moins de 1 an.

Au total, les 0-17 ans, qui constituent 21,5 % de la population française, représentent entre 3 et 5 % des patients hospitalisés. Les données issues des réseaux de surveillance ne sont pas en faveur d'une gravité accrue de la COVID-19 actuellement chez les enfants.
 

Alors que les enfants avaient été largement épargnés lors des premières vagues épidémiques de COVID-19, la circulation du virus SARS-CoV-2 s'est intensifiée depuis la fin octobre 2021 chez les 0-17 ans comme chez les adultes.

Au cours de la première semaine de janvier, les moins de 18 ans, qui constituent 21,5 % de la population française, représentaient 26 % de l'ensemble des nouveaux cas. Au sein de la population pédiatrique, la circulation virale a été particulièrement active chez les 5-11 ans jusqu'à la semaine 50 (S50) 2021. Depuis, ce sont les 12-17 ans (et les 18 ans et plus) chez lesquels les taux d'incidence sont les plus élevés.

Globalement, chez les moins de 18 ans, les taux d'incidence et les taux de positivité ont doublé entre, d'une part, les semaines 51 et 52 de 2021 et, d'autre part, S52 et la première semaine de 2022. 

Parallèlement, la vaccination contre la COVID-19 a été élargie aux enfants âgés de 5 à 11 ans depuis le 22 décembre dernier. Au 10 janvier 2022, la couverture vaccinale des moins de 12 ans reste faible. Respectivement 1,2 % et 4 % des 5-9 ans et des 10-11 ans ont reçu une première dose de vaccin.

Hospitalisations en pédiatrie en lien avec la COVID-19
Les données présentées par Santé publique France font la distinction entre les malades hospitalisés pour une prise en charge de COVID-19 et ceux hospitalisés pour un autre motif, mais porteurs du SARS-CoV-2.

En 2021, la part des patients avec COVID-19, mais hospitalisés pour un autre motif, était plus importante chez les enfants que chez les adultes, en particulier en services de soins critiques. Ces proportions semblaient stables début janvier 2022, en hospitalisation conventionnelle, concernant, respectivement, 11 % des moins de 1 an, 17 % des 1-2 ans, 24 % des 2-4 ans, 25 % des 5-11 ans et 32 % des 12-17 ans. Les effectifs en soins critiques étaient trop faibles en S1 2022 pour faire une comparaison avec les données de 2021.

Les nouvelles hospitalisations, liées à la COVID-19 ou à un autre motif, ont augmenté chez les moins de 1 an ou chez les 1-17 ans depuis fin octobre 2021. On constate aussi une élévation du nombre de cas d'hospitalisations en soins critiques et en réanimation, surtout marquée chez les moins de 1 an, avec un certain nombre de coinfections SARS-CoV-2 et virus respiratoire syncytial (VRS), rendant difficile l'imputabilité de la sévérité à l'un ou l'autre de ces deux virus.

Globalement, depuis la semaine 41 de 2021, la part des hospitalisations des moins de 1 an a atteint 56 % du total des cas pédiatriques, alors qu'elle était de 14 % sur entre les semaines 22 et 40. Pendant ces mêmes périodes, la part des hospitalisations en soins critiques des moins de 2 ans est passée de 5 % (S22 à 40) à 30 % (depuis S41) du total des cas pédiatriques admis en soins critiques. 

La proportion des hospitalisations des cas pédiatriques parmi l'ensemble des cas hospitalisés est comprise entre 4 et 5 %, stable entre les deux périodes, y compris au cours des dernières semaines de décembre 2021 et premiers jours de janvier.

En prenant en compte les seuls cas pédiatriques symptomatiques, la part des enfants hospitalisés en pédiatrie est passée de 1,4 % lors de la dernière vague marquée par une circulation exclusive du variant Delta (S22 à S40), à 0,7 % depuis la semaine 41 2021.

Augmentation décalée, mais parallèle du nombre de PIMS
Bien que non exhaustive, la surveillance spécifique des cas de syndromes inflammatoires multisystémiques pédiatriques (PIMS) met en évidence une ascension du nombre de cas signalés depuis la semaine 49 (6 décembre 2021), avec un décalage de quatre semaines par rapport à l'évolution des cas de COVID-19 hospitalisés.

Au 13 janvier 2022, le nombre de cas de PIMS signalés depuis le 2 mars 2020 s'élève à 879, dont 796 en lien avec le SARS-CoV-2 (confirmation par RT-PCR et/ou sérologie dans 91 % des cas).

L'incidence cumulée des cas en lien avec la COVID-19 est estimée à 5,5/100 000 chez les moins de 18 ans, les taux les plus élevés étant constatés chez les enfants âgés de 3 à 11 ans.

Au total, 71 % des cas de PIMS étaient associés à une myocardite. Une hospitalisation en réanimation a été nécessaire dans 42 % des cas et en unité de soins critiques dans 29 % des cas. Les autres patients ont été hospitalisés en service de pédiatrie. Un décès a été rapporté chez enfant de moins de 10 ans présentant un tableau d'inflammation systémique avec myocardite.
 
Nouveau-nés dans un contexte d'infection
Un dispositif de surveillance des nouveau-nés dans un contexte d'infection au SARS-CoV-2 et admis en soins critiques de niveau 3 a démarré le 29 novembre 2021. Les résultats préliminaires de cette surveillance, non exhaustive (de 51 % à 65 % des centres y ont participé au cours des cinq premières semaines) soulignent l'évolution croissante du nombre de nouveau-nés admis en service de soins critiques, en cohérence avec l'évolution de l'épidémie en population générale.

Les données rapportées au cours des cinq premières semaines font en effet état d'une augmentation de la proportion de ces enfants occupant des lits de soins critiques, qui est passée de 1,9 % le 29 novembre à 4,8 % le 27 décembre 2021. 

L'analyse plus précise des caractéristiques des enfants inclus les quatre premières semaines de l'enquête (soixante-deux nouveau-nés) indique que 19,3 % d'entre eux étaient nés à terme et 80,7 % (n= 50) prématurément (entre 24 et 37 semaines d'aménorrhée). Parmi ces nouveau-nés, sept (11,3 %) ont eu une PCR positive au SARS-CoV-2 au cours de l'hospitalisation.

Dans la très grande majorité des cas (95,2 %, soit n=59), la mère avait été contaminée par le SARS-CoV-2 pendant la grossesse ou le péripartum. Et dans 39 % des cas, une césarienne a été réalisée en urgence avant le travail, le plus souvent pour une dégradation de l'état maternel (56 % des cas) ou des anomalies du rythme cardiaque fœtal (31% des cas). Enfin, pour vingt-trois de ces nouveau-nés, une hospitalisation de leur mère en service de réanimation adulte pendant la grossesse ou le péripartum a été nécessaire.

Comme l'indique Santé publique France, « ces premiers résultats confirment la gravité potentielle d'une infection au SARS-CoV-2 de la mère pendant la grossesse et le péripartum, et soulignent l'importance de rappeler les mesures de prévention pendant la grossesse : la vaccination demeure fortement recommandée ainsi que l'application stricte des mesures barrière ».

Pas de signe en faveur d'une gravité accrue de l'infection
La surveillance des cas pédiatriques par les réseaux PICURe (Pediatric Intensive Care Unit Registry), concernant les admissions dans les services de réanimation pédiatrique, et PANDOR, observatoire des enfants hospitalisés COVID-19 +, permet de donner des informations qualitatives, complémentaires à celles recueillies via les systèmes de surveillance existants. L'analyse des cas pédiatriques hospitalisés en réanimation en lien avec la COVID-19 recensés par le réseau PICURe pour la période du 30 août 2021 au 9 janvier 2022 met en évidence une augmentation du nombre de cas hospitalisés en réanimation en S52 et au cours de la première semaine de janvier, quel que soit le motif d'hospitalisation, avec une part plus importante prise par les cas aigus, puis par les PIMS (
cfFigure ci-dessous).
 
Figure - Distribution des hospitalisations en réanimation pédiatrique pour COVID-19 aigus, PIMS et pour autres motifs
 

Si l'on se penche sur les seuls cas aigus de COVID-19, quatre-vingt-six enfants ont été hospitalisés en service de réanimation pédiatrique entre fin août 2021 et le 9 janvier 2022 avec, là aussi, une augmentation du nombre de cas hospitalisés en réanimation en S52 et au cours de la première semaine de janvier.

Près de la moitié (n= 40) avaient au moins une comorbidité (affection cardiaque drépanocytose, maladie respiratoire ou maladie neurologique, obésité, déficit immunitaire, notamment). Douze enfants étaient âgés de plus de 11 ans, deux d'entre eux, âgés de 14 et 16 ans, étaient vaccinés (2 doses) et présentaient la même comorbidité (drépanocytose). Six sont décédés, dont quatre ayant des comorbidités ; pour cinq d'entre eux, l'imputabilité au SARS-Cov-2 a été possible.

L'étude PANDOR a recensé quatre-vingt-deux cas de COVID-19 aigus hospitalisés entre le 30 août 2021 et le 5 janvier 2022, tous âgés de moins de 13 ans et dont trente-six avaient moins de 1 an. Dix-neuf enfants étaient paucisymptomatiques et douze enfants ont été transférés en réanimation. Dix-neuf enfants souffraient d'au moins une comorbidité (asthme, drépanocytose, maladie congénitale, atteinte cardiaque, atteinte respiratoire isolée). Les deux enfants en âge d'être vaccinés ne l'étaient pas. Aucun décès n'est survenu.

Selon les données SI-VIC (Système d'information pour le suivi des victimes), trente enfants de moins de 18 ans sont décédés avec un diagnostic de COVID-19 depuis le début de l'épidémie, dont treize avaient moins de 5 ans, cinq étaient âgés de 5 à 11 ans et douze de 12 à 17 ans. Dans leur grande majorité, ils présentaient des comorbidités sévères. 

Ces données ne sont donc pas en faveur d'une gravité accrue de la COVID-19 actuellement chez les enfants. Il est toutefois trop tôt pour caractériser avec précision les cas pédiatriques hospitalisés et dus au variant Omicron.
 
©vidal.fr

Pour en savoir plus
Santé publique France. 13 janvier 2022. Situation épidémiologique liée à la COVID-19 chez les 0-17 ans.



 

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