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COVID-19 : nouvelles recommandations vaccinales relatives au deuxième rappel et au PIMS

David Paitraud 22 mars 2022, modifié le 07 avril 2022 Image d'une montre8 minutes icon Ajouter un commentaire
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La campagne pour un deuxième rappel vaccinal contre la COVID-19 est ouverte pour les personnes à partir de 65 ans les plus à risque  (illustration).

La campagne pour un deuxième rappel vaccinal contre la COVID-19 est ouverte pour les personnes à partir de 65 ans les plus à risque (illustration).

 
Résumé
Le 17 mars 2022, la Haute Autorité de santé (HAS) a rendu deux avis relatifs à la stratégie française de vaccination contre la COVID-19 : 
EDIT du 7 avril 2022 : à compter du 7 avril 2022, la campagne de deuxième rappel est officiellement ouverte aux 60 - 79 ans, dans un délai de 6 mois après le premier rappel./FIN EDIT

Pour adapter la stratégie vaccinale à l'évolution de l'épidémie de COVID-19 en France, la direction générale de la Santé (DGS) a demandé à la Haute Autorité de santé (HAS) de se prononcer sur : 
  • la pertinence d'élargir la population éligible à une seconde dose de rappel vaccinal contre le SARS-CoV-2 (soit une quatrième dose dans le cadre d'un schéma vaccinal classique, à 2 doses de primo-vaccination et 1 dose de rappel) ; 
  • le maintien ou la levée de l'antécédent de syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique (PIMS) en tant que contre-indication à la vaccination contre la COVID-19. 

EDIT du 7 avril 2022 : à compter du 7 avril 2022, la campagne de deuxième rappel inclus les personnes de 60 à 79 ans, avec ou sans comoridités, dans un délai de 6 mois après le premier rappel (DGS-Urgent du 7 avril - n° 47).
Les vaccins utilisés sont : le vaccin COMIRNATY 30 µg/dose (dose de 0,3 mL) ou le vaccin SPIKEVAX à demi-dose (0,25 mL).
Chez les personnes infectées par la COVID-19 plus de 3 mois après le premier rappel, le deuxième rappel n'est pas nécessaire.
/FIN EDIT

Un deuxième rappel vaccinal chez les 65 ans et plus les plus à risque
Concernant l'éligibilité à un deuxième rappel vaccinal, la HAS recommande de rendre possible l'administration d'une seconde dose de rappel :
  • aux personnes de 65 ans et plus qui le souhaitent ;
  • ET qui sont à très haut risque de forme sévère de la maladie et/ou polypathologiques.

Ce deuxième rappel doit être discuté dans le cadre d'une décision médicale partagée avec l'équipe soignante en prenant en compte la situation médicale individuelle des personnes concernées.

Le cas échéant, la HAS recommande de respecter un intervalle d'au moins 6 mois entre la première et la seconde dose de rappel.

Attendre les directives de la DGS pour appliquer les recommandations de la HAS

Jusqu'à présent, conformément aux directives détaillées dans les messages DGS-Urgent du 14 mars 2022 et du 28 janvier 2022, une deuxième dose de rappel est proposée aux populations suivantes, à partir de 3 mois après l'injection du premier rappel : 
  • personnes de 80 ans et plus ;
  • résidents d'établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et des autres établissements d'hébergement collectif ;
  • personnes immunodéprimées.
EDIT du 24 mars 2022 : selon les directives de la DGS en date du 14 mars 2022, les vaccins recommandés pour le deuxième rappel vaccinal chez les personnes de 80 ans et plus sont le vaccin COMIRNATY (1 dose) et le vaccin SPIKEVAX (demi-dose). /FIN EDIT

L'ouverture de la campagne pour un deuxième rappel chez les personnes à partir de 65 ans les plus à risque, telle que recommandée par la HAS le 17 mars fera l'objet d'un message DGS-Urgent, afin d'en préciser les modalités pratiques de mise en place.

Une deuxième dose de rappel pour les personnes à risque : éléments retenus par la HAS pour justifier sa recommandation
Pour définir la population éligible à un deuxième rappel vaccinal, la HAS a pris en compte : 
  • les récentes données épidémiologiques françaises (cf. Encadré 1) ; 
  • les données de couverture vaccinale, avec un taux de vaccination complète (primo-vaccination plus rappel) jugé insuffisant chez les 80 ans et plus (74,3 % - données du 8 mars 2022) ; 
  • les données en vie réelle françaises et internationales d'efficacité du vaccin sur les hospitalisations et les formes graves de COVID-19. Ces données confirment une baisse d'efficacité de la dose de rappel dans le temps ; 
  • les données de sécurité d'un deuxième rappel issues des données de pharmacovigilance israéliennes. Le profil de sécurité apparaît rassurant, mais les données sont limitées.

Encadré 1 - COVID-19 en France : données épidémiologiques au 17 mars 2022 (Santé publique France - 18 mars 2022)
  • Sous-lignage BA.2 du variant Omicron majoritaire depuis la semaine 9 (57 %) ;
  • Persistance d'un taux d'incidence élevé (supérieur à 500 cas pour 100 000 habitants dans de nombreuses régions) et en augmentation en semaine 10, après 6 semaines de baisse ;
  • Au 10 mars 2022, les plus de 60 ans représentaient ainsi 80 % des patients hospitalisés avec COVID-19 ;
  • Une hospitalisation pour COVID-19 sur 2 concerne des personnes de plus de 80 ans ;
  • Baisse des admissions à l'hôpital et de la mortalité.


Données et éléments pris en compte pour recommander le délai de 6 mois entre le premier et le second rappel
Pour préciser l'intervalle de 6 mois recommandé entre les 2 doses de rappel, la HAS s'est notamment appuyée sur les données d'efficacité en vie réelle (issues d'un appariements des données SI-VIC, SI-DEP et VAC-SI) publiées par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES - actualisation des données le 18 mars 2022), qui montrent que : 
  • les personnes ayant reçu une dose de rappel sont mieux protégées contre l'infection, contre les hospitalisations et contre les décès que celles uniquement primo-vaccinées ;
  • mais que la protection de la dose de rappel diminue après 3 mois chez les personnes de 60 ans et plus. Le niveau de protection reste néanmoins élevé, de l'ordre de 70 % sur les hospitalisations. 

Outre ces données épidémiologiques, la HAS a également pris en considération :
  • la perspective d'un potentiel besoin de rappel additionnel à l'automne 2022 ;
  • le risque de compromettre l'adhésion de la population à la vaccination en cas de rappels trop fréquents.

Antécédent d'infection COVID-19 : pas de dose de rappel
Dans son avis du 17 mars 2022, la HAS estime qu'il n'y a pas lieu d'envisager une seconde dose de rappel chez les personnes ayant contracté récemment une infection à SARS-CoV-2 avec le variant Omicron, quel que soit leur âge.


Pas de deuxième rappel en population générale, mais une réflexion sur une stratégie à long terme
Concernant un élargissement de la campagne pour un deuxième rappel en population générale, la HAS estime que cette démarche n'est pas pertinente à ce jour. 
Là encore, la HAS évoque « les enjeux d'acceptabilité par la population de campagnes de rappels sucessives et rapprochées », auxquels s'ajoutent des
« incertitudes relatives à la persistance de l'efficacité vaccinale d'un second rappel ».

En revanche, la HAS souhaite privilégier une stratégie de vaccination contre la COVID-19 à long terme, dans laquelle seront pris en compte : 
  • les prochains vaccins disponibles ;
  • l'adéquation vaccin/variant circulant ;
  • les données de persistance de l'efficacité. 

Contre-indications à la vaccination contre la COVID-19 : la HAS recommande de vacciner les enfants ayant un antécédent de PIMS postinfection COVID-19 
Dans un autre avis validé le 17 mars 2022, la HAS considère qu'il est possible de lever la contre-indication à la primo-vaccination contre la COVID-19 chez les enfants et adolescents ayant présenté un syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique (PIMS) après une infection par le SARS-CoV-2. 
Dans ce cas, la vaccination doit être réalisée après un délai d'au moins 3 mois suivant la guérison du PIMS.


Rappel : COVID-19, PIMS et vaccination
En France, 1 022 cas de PIMS ont été signalés entre mars 2020 et fin février 2022 (cf. Réponse rapide : repérage et prise en charge du PIMS postinfectieux - actualisation du 1er février 2022).

Conformément au décret du 1er juin 2021 (annexe 2, modifiée par décret du 25 novembre 2021 - cf. Encadré 2), l'antécédent de PIMS associé à une COVID-19 constitue une contre-indication médicale à la vaccination contre le SARS-CoV-2 : 
  • recommandation médicale de ne pas initier une vaccination (première dose en cas de PIMS postinfection par SARS-CoV-2. 

Encadré 2 - Liste des contre-indications médicales à la vaccination en vigueur au 21 mars 2022 (décret du 1er juin 2021, modifié par décret du 25 novembre 2021)
I - Les contre-indications médicales faisant obstacle à la vaccination contre la COVID-19 :
1 - Contre-indications inscrites dans le résumé des caractéristiques du produit (RCP) :
  • antécédent d'allergie documentée (avis allergologue) à un des composants du vaccin en particulier polyéthylène-glycols et par risque d'allergie croisée aux polysorbates ;
  • réaction anaphylactique au moins de grade 2 (atteinte au moins de 2 organes) à une précédente injection d'un vaccin contre la COVID posée après expertise allergologique ;
  • personnes ayant déjà présenté des épisodes de syndrome de fuite capillaire (contre-indication commune aux vaccins VAXZEVRIA et JANSSEN) ;
  • personnes ayant présenté un syndrome thrombotique et thrombocytopénique (STT) suite à la vaccination par VAXZEVRIA.
2 - Une recommandation médicale de ne pas initier une vaccination (première dose) :
  • syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique (PIMS) postinfection par SARS-CoV-2 ;
  • myocardites ou myopéricardites associées à une infection par SARS-CoV2 ;
3 - Une recommandation établie après concertation médicale pluridisciplinaire de ne pas effectuer une dose supplémentaire de vaccin suite à la survenue d'un effet indésirable d'intensité sévère ou grave attribué à une précédente dose de vaccin signalé au système de pharmacovigilance (par exemple : la survenue de myocardite, de syndrome de Guillain-Barré, etc.) ;

4 - Une recommandation établie par un centre de référence maladies rares (CRMR) ou un centre de compétence maladies rares (CCMR) après concertation médicale pluridisciplinaire (avis collégial) de ne pas initier la vaccination contre la COVID-19.


II - Les cas de contre-indication médicale temporaire faisant obstacle à la vaccination contre la COVID-19 mentionnés à l'article 2-4 sont :
1 - Traitement par anticorps monoclonaux anti-SARS-CoV-2 ;

2 - Myocardites ou péricardites d'étiologie non liée à une infection par SARS-CoV-2 survenues antérieurement à la vaccination et toujours évolutives.

Les arguments de la HAS pour lever la contre-indication PIMS
La HAS relève :
  • l'absence de preuve permettant d'établir un lien entre les vaccins contre la COVID-19 et les très rares cas de PIMS dans l'analyse du PRAC (Pharmacovigilance Risk Assessment Committee) ;
  • l'absence de données disponibles sur le risque de second PIMS, chez les enfants ou adolescents ayant un antécédent de PIMS post-COVID-19, indépendamment de leur statut vaccinal.
À l'inverse, la vaccination apparaît efficace pour réduire de manière significative les cas de PIMS associés à une infection COVID.

L'avis de la HAS en faveur de la vaccination des enfants qui ont un antécédent de PIMS est convergent avec la position du groupe d'expertise COPIL PIMS France (23 janvier 2022, non disponible en ligne), ainsi que les recommandations de plusieurs pays.

Pour aller plus loin
COVID-19 : un second rappel réservé aux personnes les plus à risques (HAS, 18 mars 2022)
Avis n° 2022.0016/AC/SESPEV du 17 mars 2022 du collège de la Haute Autorité de santé relatif à la place d'un deuxième rappel des vaccins contre la COVID-19 dans la stratégie vaccinale (HAS, 17 mars 2022)

COVID-19 : levée de la contre-indication à la primo-vaccination après un PIMS (HAS, 18 Mar 2022)
Avis n°2022.0017/AC/SESPEV du 17 mars 2022 du collège de la Haute Autorité de santé relatif à la levée de la contre-indication de la primo-vaccination contre la COVID-19 en cas d'antécédent de syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique postinfection par le SARS-CoV-2 (HAS, 17 mars 2022)

EDIT du 7 avril 2022 : Vaccination contre le COVID-19 : extension du deuxième rappel aux personnes âgées de 60 à 79 ans, 6 mois après le premier rappel (DGS-Urgent 2022-47, 7 avril 2022) /FIN EDIT

 

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