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L’utilisation des vaccins à ARN contre la covid 19 a été associée à l’apparition de manifestations inflammatoires cardiaques (myocardites, péricardites, myopéricardites) chez certaines personnes, particulièrement des adolescents et hommes jeunes. Après Israël en juin 2021, plusieurs pays ont rapporté ces observations, dont l’incidence varie considérablement, de 1 cas pour 2000 à 1 cas pour 45 000 vaccinés environ. Très vite, il est apparu que trois facteurs avaient une influence sur cette incidence : elle est plus élevée chez les individus de sexe masculin, dans la tranche d’âge 12-17 ans, et après la deuxième dose de vaccin à ARN. La raison de cette sensibilité particulière n’est pas encore élucidée. Par ailleurs, des deux vaccins à ARN utilisés, celui de Moderna a été le plus souvent mis en cause, peut-être en relation avec son dosage en ARN (100 µg par dose, contre 30 µg pour le vaccin de Pfizer).
Nous avons évoqué ces effets indésirables en plusieurs occasions (actualités du 18 aout, du 31 aout, du 10 novembre 2021). Leur fréquence reste globalement très faible, leur pronostic est généralement favorable, et la responsabilité des vaccins n’est pas encore formellement établie. En Europe, l’EMA considère à ce jour que les bénéfices de la vaccination de tous les enfants de 12 à 15 ans par Comirnaty (Pfizer) l’emportent sur les risques, particulièrement pour les enfants exposés à des formes graves de covid 19. Le vaccin Spikevax de Moderna a reçu une autorisation d’emploi à partir de 6 ans (de 6 à 11 ans, une demi-dose doit être utilisée, soit 50 µg d’ARN), mais les autorités de santé nationales ont choisi de ne pas le recommander avant l’âge de 30 ans.
En raison de la gravité potentielle des atteintes cardiaques rapportées et de l’inquiétude suscitée, des chercheurs américains ont cherché à savoir si la vaccination par Comirnaty (le vaccin à ARN le plus utilisé aux Etats-Unis) devait être systématiquement considérée comme bénéfique chez les individus jeunes, les plus concernés par ces complications. Ils ont analysé pour cela les données recueillies par le système américain de déclaration des effets indésirables des vaccins (VAERS) entre le 1er janvier et le 18 juin 2021, à la recherche des cas de myocardite, péricardite ou myo-péricardite survenus dans les jours suivant l’administration d’une première ou d’une deuxième dose de vaccin, chez des adolescents de 12 à 17 ans. Ils ont également analysé la fréquence des mêmes atteintes cardiaques en dehors de tout contexte covid (sujets non vaccinés et non malades de la covid 19) et chez les sujets atteints de covid 19. Pour estimer un rapport bénéfice/risque, l’incidence et la gravité de la covid 19 pour la population étudiée a également été prise en compte.
L’analyse a été effectuée en fonction du sexe et de l’existence éventuelle de facteurs de risque de formes graves de covid 19 (comorbidités). Les chercheurs observent que l’incidence des complications cardiaques est particulièrement élevée chez les garçons et après la seconde dose de vaccin (197 cas par million, pour 2,12 cas par million attendus hors contexte covid). En comparaison, le risque de survenue d’une infection covid et de complications de cette infection (en l’absence de comorbidités) est estimé faible dans la même population.
Les auteurs de l’étude concluent que pour les garçons de 12 à 17 ans sans comorbidités, le risque de complication après une seconde dose de vaccin Comirnaty l’emporte sur le bénéfice attendu (protection contre la covid 19 et ses formes graves). C’est également le cas avec une première dose de vaccin pour les adolescents ayant auparavant fait une infection covid. Les auteurs considèrent que les incidences sur lesquelles ils ont travaillé se situent dans la moyenne des observations faites par différents organismes dans plusieurs pays, et qu’elles sous-estiment peut-être la tendance qu’ils ont identifiée. Ils suggèrent que dans l’attente de nouvelles données, en particulier sur les mécanismes des atteintes cardiaques, la vaccination des adolescents ne soit plus envisagée de manière systématique, mais plutôt individualisée.
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