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Infirmières, pharmaciens et sages-femmes pourront administrer la plupart des vaccins dès l'âge de deux ans

30 juin 2022, modifié le 15 juillet 2022 Image d'une montre5 minutes icon Ajouter un commentaire
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Le Collège de la Haute Autorité de Santé (HAS) a validé le 23 juin 2022 un ensemble de recommandations de bonnes pratiques relatives à l’ « élargissement des compétences en matière de vaccination des infirmiers, des pharmaciens et des sages-femmes ». Elles ont été mises en ligne le 28 juin 2022. Ces recommandations sont présentées en deux volets.

Le premier volet concerne les personnes de plus de 16 ans. Ce texte constitue une mise à jour des premières recommandations publiées en janvier 2022 (mise à jour en février 2022), recommandations qui avaient servi de référence à un ensemble de textes réglementaires publiés en avril 2022. Ces textes, qui ne reprenaient qu’une partie des recommandations de la HAS, ont fait l’objet d’une nouvelle publiée sur le site mesvaccins.net le 30 avril 2022.

Le second volet, totalement nouveau, concerne les enfants et adolescents de moins de 16 ans.

Les deux volets décrivent pour les trois professions concernées (infirmiers, pharmaciens et sages-femmes) les « nouvelles » compétences attendues en matière de prescription et d’administration des vaccins ciblés, ainsi que les formations nécessaires à la mise en œuvre de ces recommandations.

L’élaboration de ces recommandations a été coordonnée par la Commission Technique des Vaccinations (CTV). Elle a reposé sur une analyse des données de la littérature et des expériences d’extension des compétences au niveau international. Par ailleurs, les  avis des représentants des différents Conseils Nationaux Professionnels (médecins généralistes, infirmiers, pharmaciens, sages-femmes, ainsi que ceux des pédiatres et des infirmiers puériculteurs pour le volet concernant les personnes âgées de moins de 16 ans) ont été recueillis. Ils sont détaillés dans les textes cités en référence.

1. En quoi consistent ces nouvelles recommandations ?

1.1. Les vaccinations concernées

Ces recommandations, sur demande de la CTV, portent sur l’ensemble des vaccinations obligatoires ou recommandées du calendrier vaccinal, en fonction des tranches d’âge ciblées. Elles incluent donc les vaccinations faisant appel à des vaccins vivants atténués (ceux-ci avaient été écartés du champ de l'extension des compétences dans l'avis de janvier 2022).

Les 18 maladies à prévention vaccinale concernées par l’extension des compétences professionnelles chez les personnes âgées de 16 ans et plus sont les suivantes : diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche, grippe, infections à papillomavirus humains, rougeole, oreillons, rubéole, hépatite A, hépatite B, infections à méningocoques ACYW, méningocoque B, pneumocoque, varicelle, zona, fièvre jaune et rage.

Pour les enfants et adolescents de moins de 16 ans, la liste diffère sur quelques points de la liste ci-dessus. Trois autres maladies sont concernées : tuberculose (vaccin BCG), infections à Haemophilus influenzae de type b et à méningocoque C. Les vaccinations contre l’hépatite A, la rage et le zona (cette dernière étant recommandée à partir de l’âge de 65 ans) ont été écartées chez les enfants.

1.2. Une compétence médicale exclusive dans deux cas pour garantir la sécurité vaccinale

Chez les personnes immunodéprimées, quel que soit l’âge, les deux volets des recommandations s’accordent sur le fait que la prescription de vaccins vivants doit rester une compétence réservée aux seuls médecins. Cette recommandation est justifiée par le risque d’effet indésirable après l’administration d’un vaccin vivant en cas d’immunodépression.

La vaccination contre la grippe saisonnière en cas d’allergie sévère à l’ovalbumine ou lors d'une vaccination antérieure reste également réservée aux médecins.

Par ailleurs, si un contrôle pré-vaccinal d’immunisation vis-à-vis du virus de l’hépatite B est nécessaire, seul un médecin peut établir la preuve d’une immunisation préalable. Cela signifie que la prescription des analyses sérologiques, l’interprétation des résultats et la décision vaccinale qui en découle demeurent du domaine médical.

1.3. Une large extension des compétences est cependant recommandée

D’une manière générale, les recommandations sont favorables à un élargissement des compétences des infirmiers, pharmaciens et sages-femmes, tant pour la prescription que pour l’administration des vaccins.

a. Concernant la prescription du vaccin

La HAS est favorable à une extension du droit de prescription par les sages-femmes de l’ensemble des vaccins concernés par ces recommandations et ce quel que soit l’âge de la personne vaccinée.

Elle recommande également l’extension du droit de prescription par les infirmiers et les pharmaciens à partir de l’âge de 24 mois. Ainsi, pour la population d’âge inférieur, la prescription relèvera d’une sage-femme ou d’un médecin.

b. Concernant l’administration

Infirmiers

Les infirmiers pouvaient déjà administrer tout vaccin sur prescription de l'acte vaccinal par une médecin. Depuis avril 2022, les infirmiers peuvent administrer sans prescription médicale de l’acte plusieurs vaccins inactivés, dont le vaccin contre la grippe saisonnière, aux personnes âgées de 16 ans ou plus, quand ces vaccinations s’inscrivent dans le cadre du calendrier vaccinal en vigueur.

La HAS recommande que la prescription médicale de l'acte vaccinal ne soit plus nécessaire à partir de l'âge de 2 ans pour la vaccination contre les maladies à prévention vaccinale concernées (paragraphe 1.1.).

Pharmaciens

Depuis avril 2022, les pharmaciens peuvent administrer sans prescription médicale de l’acte plusieurs vaccins inactivés, dont le vaccin contre la grippe saisonnière, aux personnes âgées de 16 ans ou plus, quand ces vaccinations s’inscrivent dans le cadre du calendrier vaccinal en vigueur.

La HAS est favorable à l’extension du droit d’administration par les pharmaciens des vaccins à destination des enfants à partir de l’âge de 24 mois, notamment pour les rappels et les rattrapages, à l’exception de la vaccination contre la grippe saisonnière en cas d’allergie à l’ovalbumine ou à une vaccination antérieure pour la vaccination contre la grippe saisonnière.

Comme pour les infirmiers, la HAS recommande que la prescription médicale de l'acte vaccinal ne soit plus nécessaire à partir de l'âge de 2 ans pour les vaccinations concernées.

Sages-femmes

La HAS est favorable à l’extension du droit d’administration de l’ensemble des vaccins cités sans limite d’âge du vacciné quand ces vaccinations s’inscrivent dans le cadre du calendrier vaccinal en vigueur.

1.4. Un élargissement des compétences vaccinales, sous-tendu par des mesures d’accompagnement

La HAS a précisé que cet élargissement des compétences vaccinales doit s’inscrire dans un cadre plus large et recommande ainsi :

  • de subordonner l’élargissement des compétences de professionnels au suivi d’une formation dont le contenu a été défini, formation qui devrait être certifiante dans le cadre de la vaccination des moins de 16 ans pour les professionnels n’ayant pas suivi des modules spécifiques de vaccination infantile ;
  • de renforcer la formation initiale et continue des professionnels de santé en vaccinologie (infirmières, sages-femmes, pharmacien et, médecins) ;
  • la mise en place et la généralisation d’un carnet de vaccination électronique comme outil de traçabilité de la vaccination et d’aide à la décision.

2. Commentaires

Ces recommandations ambitieuses visent à simplifier le parcours vaccinal et à élargir l’offre vaccinale tout au long de la vie des patients, ce qui devrait permettre d'augmenter la couverture vaccinale, en particulier après l'âge de deux ans.

Proposer un élargissement des compétences vaccinales des infirmiers, pharmaciens et sages-femmes pour la vaccination des enfants est une étape majeure qui changera sans doute de manière profonde l'organisation du parcours vaccinal en France. L’inclusion dans ces recommandations des vaccins vivants atténués est un élément supplémentaire qui en renforce le poids. 

Il n’en reste pas moins que le bénéfice escompté sera lié à la manière dont ces recommandations seront « traduites » en textes réglementaires. Rappelons que les décrets et arrêtés publiés en avril 2022 visant à définir les compétences vaccinales des infirmiers et des pharmaciens pour les personnes âgées de 16 ans et plus n’avaient repris qu’une partie des recommandations initiales de la HAS, abandonnant en particulier les exigences de formation ou d’utilisation d’un outil d’aide à la décision. Mais les prochains décrets devraient prendre en compte ces recommandations, en même temps que l’extension de la prescription des vaccins.

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