Un méningiome est une tumeur cérébrale développée à partir des méninges.
L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) informe les professionnels de santé sur de nouvelles mesures européennes applicables aux spécialités à base de nomégestrol et de chlormadinone dans les États membres sur demande de la Commission européenne :
- pour les spécialités à base de nomégestrol 5 mg (LUTENYL) et de chlormadinone 5 ou 10 mg (LUTERAN et génériques) :
- utilisation en dernière intention, lorsque les autres traitements sont inadaptés,
- utilisation à la dose minimale efficace et à la durée la plus courte possible,
- surveillance par imagerie cérébrale pour détection d'un méningiome ;
- pour toutes les spécialités de chlormadinone et de nomégestrol, y compris en association avec un estrogène (BELARA, BELARACONTINU, ZOELY) : contre-indication chez les patientes présentant un méningiome ou un antécédent de méningiome.
Les autorisations de mise sur le marché (AMM) doivent être modifiées pour intégrer ces nouveaux éléments. Pour rappel, les spécialités LUTERAN ne sont plus commercialisées.
La réévaluation européenne du rapport bénéfice/risque des spécialités à base de chlormadinone et nomégestrol avait été demandée par la France en septembre 2021 suite à la publication de deux études ayant confirmé une association dose-dépendante entre ces substances et le risque de méningiome.
Depuis janvier 2021, la France applique déjà des mesures de réduction du risque de méningiome. Ces mesures sont maintenues, notamment la présentation d'une attestation d'information cosignée par la patiente et le prescripteur lors de la délivrance pour un traitement de plus de 1 an.
À la différence de la décision européenne, l'ANSM maintient par ailleurs sa position concernant le rapport bénéfice/risque de ces médicaments qu'elle considère négatif dans plusieurs indications (ménopause, irrégularités du cycle, syndrome prémenstruel, mastodynies non sévères, contraception).
Sur décision de la Commission européenne du 28 octobre 2022, les autorisations de mise sur le marché (AMM) des spécialités de chlormadinone et de nomégestrol doivent être modifiées pour mentionner les éléments suivants [1, 2] :
- pour les spécialités à base d'acétate de chlormadinone 5 et 10 mg (LUTERAN et génériques) ou d'acétate de nomégestrol 5 mg (LUTENYL et génériques) :
- indications restreintes au traitement de dernière intention : ces spécialités doivent être utilisées uniquement lorsque les autres traitements sont inadaptés,
- lorsqu'ils sont prescrits, limiter le traitement à la dose minimale efficace et à la durée la plus courte possible,
- surveillance des patientes pour le suivi et la détection de méningiomes conformément à la pratique clinique, notamment une surveillance par imagerie cérébrale. Si un méningiome est diagnostiqué, le traitement doit être arrêté définitivement et ne plus jamais être prescrit à la patiente ;
- pour toutes les spécialités à base de chlormadinone et de nomégestrol, quel que soit le dosage, y compris les associations avec un estrogène (BELARA, BELARACONTINU, ZOELY) : ajout d'une contre-indication chez les patientes présentant un méningiome ou un antécédent de méningiome.
Une réévaluation européenne à la demande de la France
La décision de la Commission européenne suit les recommandations du comité européen de pharmacovigilance (PRAC) émises en juillet dernier [3].
Ce dernier avait été saisi par la France pour réévaluer le rapport bénéfice/risque des macroprogestatifs chlormadinone et nomégestrol, suite à l'identification du risque de méningiome dose et durée dépendant associé à ces médicaments, selon les résultats de deux études épidémiologiques françaises (cf. notre article du 12 février 2019).
La France maintient ses mesures déjà applicables au niveau national
Les mesures préconisées par la France et applicables depuis juillet 2021 pour les initiations de traitement et janvier 2022 pour les renouvellements, sont globalement plus protectrices pour les femmes que celles européennes. Celles-ci restent en vigueur et, pour rappel, consistent :
- s'agissant des conditions de prescription et de délivrance :
- pour tout traitement par chlormadinone ou nomégestrol prolongé au-delà d’un an, une attestation annuelle d’information [4] doit obligatoirement être signée par la patiente et son médecin prescripteur. La dispensation de ces médicaments est conditionnée par la présentation d’une copie de cette attestation,
- pour un traitement de moins de un an, l’attestation d’information n’est pas indispensable au cours de la première année de traitement. En revanche, le médecin doit remettre à la patiente le document d’information [5] et mentionner sur l’ordonnance « traitement inférieur à un an ». La patiente pourra obtenir son médicament à la pharmacie uniquement si cette mention figure sur son ordonnance ;
- recours aux alternatives disponibles dans les situations où la prescription de la chlormadinone ou du nomégestrol est proscrite en raison de leur rapport bénéfice/risque négatif [6] : ménopause, cycle artificiel en association avec un estrogène, irrégularités du cycle, syndrome prémenstruel, mastodynies non sévères, contraception (cf. Encadré) ;
- réévaluation de la prescription au minimum 1 fois par an ;
- surveillance par IRM :
- quel que soit l'âge de la patiente,
- à tout moment en cas signes évocateurs de méningiomes,
- au bout de 1 an de traitement en cas de poursuite, puis 5 ans après la première IRM, puis tous les 2 ans tant que le traitement est poursuivi,
- à l'initiation du traitement en cas de facteurs de risque identifiés de méningiome.
Le traitement doit être le plus court possible, et une réévaluation doit être réalisée au minimum 1 fois par an. Conformément aux recommandations européennes, dans ces indications, le recours à la chlormadinone et au nomégestrol doit être envisagé en dernière intention. |
[1] Acétate de nomégestrol et de chlormadinone et méningiome : des mesures dans l’ensemble de l’Europe pour limiter le risque (ANSM, 15 novembre 2022)
[2] Lettre d'information des laboratoires aux professionnels de santé : mesures pour réduire le risque de méningiome associés à chlormadinone et nomégestrol (sur le site de l'ANSM, novembre 2022)
[3] Meeting highlights from the Pharmacovigilance Risk Assessment Committee (PRAC) 4-7 July 2022 (8 juillet 2022)
[4] Attestation annuelle d'information - Chlormadinone et nomégestrol (ANSM, 28 décembre 2021)
[5] Document d'information - Chlormadinone et nomégestrol (ANSM, 15 décembre 2021)
[6] Situations pour lesquelles l’utilisation de Lutényl/Lutéran peut être envisagée ou non au regard du rapport bénéfice-risque, et conduite à tenir (ANSM, 28 décembre 2021)
- BELARA 0,03 mg/2 mg cp pellic
- BELARACONTINU 0,03 mg/2 mg cp pellic
- CHLORMADINONE SANDOZ 10 mg cp
- CHLORMADINONE SANDOZ 5 mg cp
- CHLORMADINONE TEVA 10 mg cp
- CHLORMADINONE TEVA 5 mg cp
- CHLORMADINONE VIATRIS 10 mg cp
- CHLORMADINONE VIATRIS 5 mg cp
- LUTENYL 5 mg cp séc
- LUTERAN 10 mg cp
- LUTERAN 5 mg cp
- NOMEGESTROL ARROW 5 mg cp séc
- NOMEGESTROL BIOGARAN 5 mg cp séc
- NOMEGESTROL EG 5 mg cp séc
- NOMEGESTROL SANDOZ 5 mg cp séc
- NOMEGESTROL VIATRIS 5 mg cp séc
- ZOELY 2,5 mg/1,5 mg cp pellic
- ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) Commission européenne
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