Contraception récente et risque de fausse couche : des données rassurantes

Une fausse couche survient dans environ 20 % des grossesses reconnues, mais peu de facteurs de risque sont identifiés, ce qui limite la mise en place de mesures préventives. Compte tenu du très large recours à la contraception, la question de son éventuel impact sur le risque de fausse couche ultérieure se pose ainsi avec acuité. 

En effet, si la relation entre la prise de divers types de contraception hormonale et un délai retardé à la conception, pouvant aller jusqu’à 8 cycles, est bien établie, peu de données sont en revanche disponibles sur les possibles liens entre contraception préconceptionnelle et risque de fausse couche. Quelques études, mais pas toutes, ont mis en évidence une réduction du risque d’interruption spontanée de grossesse après une contraception hormonale.

Une étude nord-américaine sur près de 9 000 femmes

Les résultats d’une vaste étude prospective menée aux États-Unis et au Canada sont, dans ce contexte, très riches d’enseignements, puisque les auteurs ont analysé le possible lien entre tous les types de contraception et celui de fausse couche [1].

Les auteurs concluent à l’absence d’impact sur le risque de fausse couche de l’utilisation récente d’une contraception hormonale orale, d’un dispositif intra-utérin (DIU) hormonal ou au cuivre, d’un anneau vaginal, d’un implant ou d’une méthode « naturelle » (retrait, calendrier, température...) comparativement au recours à une méthode barrière (préservatif, diaphragme, spermicides...). Une possible augmentation du risque de fausse couche chez les femmes ayant utilisé, en période préconceptionnelle, un patch contraceptif ou ayant reçu une injection contraceptive a été relevée dans cette étude, mais celles concernées étaient très peu nombreuses, ce qui ne permet pas d’éliminer un biais et limite donc la portée des résultats obtenus dans cette population.

Ces données portent sur près de 9 000 femmes, suivies dans la cohorte prospective nord-américaine préconceptionnelle PRESTO, ayant déclaré une grossesse confirmée par un test. Les participantes ont ensuite été suivies jusqu’à la 20^e semaine de grossesse, une fausse couche étant définie par la perte du fœtus avant ce terme.

Près d’un quart des femmes (24 %) avait utilisé le plus récemment une méthode barrière ; 28 % une contraception orale ; 14 % un DIU hormonal ; 4 % un DIU au cuivre ; 4 % un anneau vaginal ; 2 % un implant ; 1 % un patch ; 1 % un contraceptif injectable ; 21 % une méthode naturelle.

Absence d'impact pour la majorité des contraceptions

Le taux de fausse couche a varié de 19 % en cas de contraception orale antérieure à 24 % après injection contraceptive. Comparativement au recours à une méthode barrière, utilisée comme référence, le risque ajusté (notamment sur l’âge maternel, l’indice de masse corporelle, le statut tabagique, le délai à la conception, la parité, les antécédents gynécologiques...) de fausse couche a varié de 0,89 pour l’anneau vaginal et 0,92 pour la contraception orale à 1,34 pour le patch et 1,44 pour les injections.

Au total, selon l’étude, la majorité des contraceptions n’ont pas d’impact sur le risque de fausse couche. Les auteurs soulignent les possibles biais liés au faible nombre de femmes ayant eu recours à un patch ou une injection contraceptive et également le fait que cette enquête menée en ligne a porté sur des femmes de niveau socio-économique en moyenne plus élevé que celui de la population générale.