La pratique avancée des auxiliaires médicaux, une introduction récente en FranceL'exercice en pratique avancée des auxiliaires médicaux a été introduit par la loi du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé. Cette loi prévoit que l'exercice en pratique avancée peut être réalisé :
− en établissements de santé ou en établissements médico-sociaux dans une équipe coordonnée par un médecin, − en assistance d'un médecin spécialiste, hors soins primaires, en pratique ambulatoire. − en assistance d'un médecin du travail, au sein d'un service de prévention et de santé au travail. Le premier domaine d'application retenu (le seul à la date de rédaction du présent document) concerne la pratique avancée infirmière. Des infirmiers expérimentés et spécialement formés disposent désormais de compétences élargies pour la prise en charge des patients dans des domaines d'intervention prédéfinis.
Les domaines d'intervention des infirmiers en pratique avancée (IPA)Le ou les domaine(s) d'intervention ouvert(s) à un IPA dépend de sa spécialisation (voir infra : Des conditions de formation renforcées). Les domaines possibles sont les suivants :1. Pathologies chroniques stabilisées ; prévention et polypathologies courantes en soins primaires.Les pathologies concernées sont(1) :
− artériopathies chroniques ; − cardiopathie, maladie coronaire ; − diabète de type 1 et diabète de type 2 ; − insuffisance respiratoire chronique ; − maladie d'Alzheimer et autres démences ; − maladie de Parkinson ; − épilepsie. 2. Oncologie et hémato-oncologie.3. Maladie rénale chronique, dialyse, transplantation rénale.4. Psychiatrie et santé mentale.Ces domaines d'intervention sont ouverts à des professionnels exerçant en établissement de soins ou en ville (soit en libéral, soit comme salarié d'un centre de santé ou d'une maison de santé pluri-professionnelle).5. Urgences, à la condition que cette activité soit exercée par un établissement de santé disposant d'une autorisation d'activité de soins de médecine d'urgence donnée.
Les compétences élargies des IPAL'IPA dispose de compétences élargies par rapport à celles de l'infirmier diplômé d'État (IDE). Il participe à la prise en charge globale des patients dont le suivi lui est confié par un médecin ou s'adressant directement à lui.La prise en charge directe des patients est possible lorsque les IPA exercent dans les établissements de santé publics et privés, ainsi que dans les établissements et services médico-sociaux, et pour les IPA libéraux exerçant au sein de structures d'exercice coordonné (maisons de santé, centres de santé, équipes de soins primaires). Un compte rendu des soins dispensés est systématiquement adressé au médecin traitant du patient et reporté dans le dossier médical partagé de celui-ci. Lorsqu'il n'exerce pas dans les conditions prévues pour l'accès direct, la conduite diagnostique et les choix thérapeutiques sont définis par le médecin lui ayant confié le suivi du patient. L'IPA participe à l'organisation des parcours entre les soins de premier recours, les médecins spécialistes de premier ou deuxième recours et les établissements et services de santé ou médico-sociaux. L'IPA est compétent pour conduire un entretien avec le patient, effectuer une anamnèse de sa situation et procéder à son examen clinique. Il peut conduire toute activité d'orientation, d'éducation, de prévention ou de dépistage qu'il juge nécessaire, effectuer tout acte d'évaluation et de conclusion clinique ou tout acte de surveillance clinique et para-clinique en vue d'adapter le suivi du patient, effectuer les actes techniques et demander les actes de suivi et de prévention inscrits sur les listes établies par arrêté du ministre chargé de la Santé, après avis de l'Académie nationale de médecine (voir la liste des actes et des examens que peuvent réaliser les IPA en annexe I, II, IV de l'arrêté du 18 juillet 2018 modifié). Dans le domaine d'intervention « Urgences », l'IPA exerçant dans un établissement de santé, un établissement médico-social ou dans une structure de soins coordonnés peut prendre en charge directement un patient dans certaines situations cliniques. Il peut alors établir des conclusions cliniques, sous réserve qu'un médecin de la structure des urgences intervienne au cours de la prise en charge(2).
A l'appréciation du médecin traitant, il peut renouveler ou adapter des prescriptions médicales, dans le cadre d'une procédure écrite établie par ce dernier (voir la liste des prescriptions médicales que l'IPA est autorisé à renouveler ou adapter en annexe V de l'arrêté du 18 juillet 2018 modifié). Il peut également prescrire certains produits de santé soumis à prescription obligatoire. Certains produits ou prestations peuvent être prescrits par l'ensemble des IPA, quel que soit leur domaine d'intervention. Ces prescriptions ne peuvent être renouvelées sans concertation médicale (annexe VI de l'arrêté du 18 juillet 2018 modifié). La prescription d'autres produits ou prestations ne peut être réalisée que dans le cadre du domaine d'interventions spécifique de l'IPA. Selon les cas, la prescription impose ou non un diagnostic médical préalable. A l'exception du domaine « urgences », les prescriptions ne peuvent être renouvelées sans concertation médicale (annexe VII de l'arrêté du 18 juillet 2018 modifié). Les dispositifs médicaux et les médicaments prescrits ou renouvelés par les infirmiers en pratique avancée sont pris en charge par l'Assurance maladie s'ils figurent sur la liste des médicaments remboursables aux assurés sociaux ou sur la liste des produits et prestations remboursables(3).
Coordination des interventions avec les médecinsLorsque l'IPA constate une situation dont la prise en charge dépasse son champ de compétences, il doit adresser le patient sans délai au médecin traitant du patient et en informer ce dernier, afin de permettre une prise en charge médicale dans un délai compatible avec l'état du patient.En l'absence de médecin traitant, l'infirmier exerçant en pratique avancée reporte l'information dans le dossier médical partagé et oriente le patient vers un médecin ou une structure adaptée en lui transmettant les informations utiles à la poursuite des soins. Dans le domaine d'intervention « urgences », le patient est adressé au médecin de la structure des urgences.
Des conditions de formation renforcées(4)Pour être autorisé à exercer en pratique avancée dans l'un des domaines d'intervention prévu, l'infirmier doit justifier de trois années minimum d'exercice en équivalent temps plein de la profession d'infirmier. Il doit en outre obtenir le diplôme d'État d'infirmier en pratique avancée délivré par les universités, dans la mention correspondant au domaine d'intervention. Cette formation théorique et pratique se déroule sur 2 ans avec un tronc commun la 1re année et une spécialisation la 2e année. Elle aboutit à un diplôme d'État de niveau master.La qualification d'IPA peut également être acquise dans le cadre d'une validation des acquis de l'expérience [VAE]. Afin de pouvoir exercer, l'IPA doit s'enregistrer auprès du conseil départemental ou interdépartemental de l'Ordre des infirmiers de sa résidence professionnelle(5).
Références généralesArticle L. 4301-1 et suivants du code de la Santé publique (CSP).Articles R.4301-1 à 4301-10 du CSP.
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