Mise à jour : 02 décembre 2021
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Quelles sont les causes de la drépanocytose ?

La drépanocytose est due à la mutation d’un gène impliqué dans la synthèse de l’hémoglobine, la protéine des globules rouges chargée de transporter l’oxygène dans le corps. Ce gène, localisé sur le chromosome 11, permet la production de l’une des deux protéines qui constituent l'hémoglobine : la bêta-globine.

En raison de cette mutation, l'hémoglobine des personnes atteintes de drépanocytose a tendance à devenir moins soluble lorsque la concentration d'oxygène dans le sang diminue (hypoxie), lorsque la personne est déshydratée ou lorsqu’elle souffre de fièvre. La perte de solubilité de l’hémoglobine mutée provoque une déformation des globules rouges et leur donne une forme caractéristique de faucille (d’où le terme « anémie falciforme » et le nom d’hémoglobine S donnée à cette hémoglobine anormale - S pour « sickle », la faucille en anglais).

drépanocytose globule rouge faucille

Devenus rigides, les globules rouges contenant de l’hémoglobine S peuvent gêner la circulation du sang à travers les plus petits vaisseaux sanguins et diminuer l'oxygénation des tissus. Cette mauvaise circulation sanguine est à l'origine des crises douloureuses caractéristiques de la drépanocytose. On parle alors de « crises vaso-occlusives » (CVO) en référence à cette obstruction des vaisseaux par les globules rouges déformés.

De plus, les globules rouges qui contiennent de l’hémoglobine S ont une durée de vie plus courte que ceux contenant l’hémoglobine normale (dite hémoglobine A) : environ 3 semaines au lieu de 2 mois. Quand la moelle osseuse a du mal à compenser cette mort prématurée avec de nouveaux globules rouges, le nombre total de globules rouges dans le sang reste anormalement bas : on observe alors une anémie chronique.

Qu’appelle-t-on « hémoglobinopathies » et « syndromes drépanocytaires majeurs » ?

Les hémoglobinopathies sont l’ensemble des maladies liées à la présence de formes d’hémoglobine mutées. Ainsi, au-delà de l’hémoglobine S responsable de la drépanocytose, on distingue également les hémoglobines mutées C, E, O Arab et D Punjab, par exemple. Les mutations les plus fréquentes sont l’hémoglobine S dans les populations d’origine africaine et l’hémoglobine E dans les populations d’origine asiatique.

Parce que nous avons deux chromosomes 11 (qui portent les gènes soumis à ces mutations), les personnes atteintes d’hémoglobinopathies peuvent présenter deux mutations différentes (une sur chaque chromosome 11). Les hémoglobinopathies où au moins une mutation S est présente sont regroupées sous le terme « syndromes drépanocytaires majeurs ». Par exemple, S/C, S/O Arab ou S/D Punjab (les personnes qui souffrent de drépanocytose sont, elles, S/S). Par ailleurs, d’autres mutations peuvent provoquer une production insuffisante d’hémoglobine (mais qui reste normale). C’est le cas par exemple de la bêta-thalassémie, hémoglobinopathie fréquente parmi les populations méditerranéennes. Certaines personnes présentent à la fois la mutation S et celle de la bêta thalassémie, on parle alors de S-bêta thalassémie.

Chez les personnes d’origine asiatique, la présence d’hémoglobine E se traduit par une production insuffisante d’hémoglobine, comme dans la bêta-thalassémie.

En France, environ 19 000 personnes souffrent d’une hémoglobinopathie (en incluant donc les personnes atteintes de drépanocytose) et 7 à 8 000 d’un syndrome drépanocytaire majeur.

Comment se transmet la drépanocytose ?

La drépanocytose est une maladie génétique due à des mutations présentes chez les parents. Pour développer les symptômes de cette maladie, il faut que les deux copies du gène touché (un sur chaque chromosome 11) soient tout deux mutés dans la forme S (voir encadré ci-dessus). Lorsque la mutation S n’est présente que sur un seul chromosome 11 (la personne est alors S/A), elle ne provoque pas de symptômes : seul le gène dans sa forme A (normale) s’exprime et l’hémoglobine est normale (dite « hémoglobine A »).

Donc pour souffrir de drépanocytose, il est nécessaire que les deux parents aient au moins une copie de la mutation S et la transmettent à leur enfant. Ils peuvent ne présenter aucun symptôme s’ils sont tout deux S/A. Dans ce cas, leurs enfants auront une chance sur 4 (25 %) d’être S/S et, donc, de souffrir de drépanocytose.

Dans le cas où l’un des deux parents souffre de cette maladie (il est donc S/S), le risque de transmission est de 50 % (une chance sur deux) si l’autre parent est S/A. Si l’autre parent est A/A, les enfants seront tous S/A, porteurs du gène muté mais sans symptômes. Enfin, les enfants d’un couple S/A + A/A auront une chance sur deux d’être S/A, porteurs sans symptômes.

Peut-on prévenir la drépanocytose ?

La drépanocytose étant une maladie héréditaire, on ne peut pas la prévenir. Cependant, dans les familles où des cas de drépanocytose ont été diagnostiqués, les futurs parents peuvent bénéficier de conseil génétique avant de concevoir leur premier enfant (avec analyse de leurs gènes pour savoir s’ils sont porteurs de la mutation S).

Lorsque le risque génétique est important (par exemple, un parent S/S et un parent S/A ou bien un couple ayant déjà eu un enfant atteint de drépanocytose), un diagnostic prénatal peut être proposé. Il consiste à rechercher le gène S muté dans l'ADN du fœtus (à partir de cellules du placenta dès la 12e semaine de grossesse ou par amniocentèse vers la 16e semaine). En présence d’un fœtus porteur du gène doublement muté (S/S), donc atteint de drépanocytose, les parents peuvent alors décider d’interrompre la grossesse.

Il est également possible de réaliser un diagnostic préimplantatoire (DPI) sur des embryons obtenus par fécondation in vitro, mais ce procédé est lourd et très encadré juridiquement : il consiste à n’implanter que les embryons qui ne sont pas S/S.

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