Mise à jour : 06 octobre 2020
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Le principe de précaution prévaut pendant l’allaitement pour protéger le nourrisson. Ne prenez jamais de médicament, de complément alimentaire ou de produits à base de plantes de votre propre initiative, même s’il vous a été prescrit au début de votre grossesse. Seuls votre médecin et votre pharmacien possèdent tous les éléments pour vous conseiller un traitement sûr pour vous et votre bébé.

L’évaluation des risques au cours de l’allaitement

femme qui allaite bébé

La toxicité d’un médicament pendant l’allaitement est difficile à évaluer dans le cadre des études cliniques précédant sa commercialisation, pour des raisons éthiques évidentes. En revanche, le passage éventuel de celui-ci dans le lait est recherché chez l’animal, ce qui peut donner des informations mais ne garantit pas que ces informations s’appliquent chez la femme. De ce fait, les données concernant le passage d’un médicament dans le lait chez la femme n’existent de manière certaine que pour quelques médicaments. En l’absence d’informations validées, la prudence est de mise.

Les informations du CRAT (Centre de référence sur les agents tératogènes)
Le CRAT est un organisme qui recense les données disponibles sur l’usage des médicaments pendant la grossesse ou l’allaitement. Il met à disposition des informations validées sur les médicaments qu’il est possible de prendre lorsqu’on souffre d’un problème de santé pendant l’allaitement. Cette information est disponible sur leur site.

Pour le nourrisson, des risques à court et long terme

Lorsque le médicament passe dans le lait maternel, il est absorbé par le nourrisson et il peut provoquer des effets indésirables comparables ou supérieurs à ceux observés chez l’adulte. Les éventuels effets sur le nourrisson sont variés :

  • certains médicaments peuvent déclencher des troubles digestifs banals de type constipation ou diarrhée. C'est le cas, par exemple, de certains antibiotiques ;
  • d'autres peuvent provoquer des troubles plus graves, voire une intoxication. C'est le cas des médicaments utilisés contre les troubles psychiques qui peuvent entraîner, chez le nouveau-né, somnolence, léthargie, insomnie ou hyperactivité ;
  • certains peuvent entraîner des conséquences sans gravité mais gênantes pour la vie future de l’enfant, par exemple une coloration jaune des dents.

Les risques de toxicité pour le nouveau-né sont plus importants chez les prématurés et les nourrissons qui souffrent de maladies du rein ou du foie. Ils sont également plus fréquents si le traitement de la mère est un traitement de longue durée (ou, parfois, lorsque la mère prend plusieurs médicaments en même temps).

Parfois, un nouveau-né peut être sensibilisé à un médicament par le biais du lait maternel et présenter une réaction allergique plus tard dans sa vie. Ces réactions sont rares et imprévisibles.

Le cas de la codéine
La codéine, un dérivé de la morphine, est présente dans certains médicaments destinés à soulager la douleur ou la toux. Dans le corps, elle est transformée en morphine, son « métabolite actif ».
Habituellement, lors de traitement, la codéine est présente dans le lait maternel à des doses très faibles et il est peu probable qu'elle entraîne des effets indésirables chez l'enfant allaité. Mais certaines femmes ont la particularité de transformer la codéine en morphine de manière anormalement élevée : dans ce cas, le lait contient une quantité significative de morphine. Dans de très rares cas, ces taux élevés de morphine dans le lait peuvent entraîner des symptômes de toxicité chez l'enfant : somnolence, difficulté à téter, pauses dans la respiration (voire dépression respiratoire) qui peuvent être fatales. Par mesure de prudence, la codéine ne doit pas être prescrite chez la femme qui allaite.

Quels sont les médicaments qui peuvent passer dans le lait maternel ?

De nombreux médicaments sont susceptibles de passer du sang maternel dans le colostrum (le premier lait fabriqué pendant les deux à trois jours qui suivent l’accouchement) et dans le lait maternel. D’autres diminuent la sécrétion du lait (par exemple, les diurétiques) ce qui les contre-indique pendant l’allaitement. Les dérivés de l’ergot de seigle (bromocritine, cabergoline) freinent la libération de la prolactine, l’hormone qui intervient dans la montée de lait après l’allaitement. Ils ne sont pas compatibles avec l’allaitement.

  • Parmi les médicaments qui passent dans le lait maternel et qui sont contre-indiqués pendant l'allaitement en raison d’effets indésirables chez le nourrisson, on peut citer :
  • le lithium (prescrit contre les troubles bipolaires),
  • les chimiothérapies utilisées dans le traitement des cancers,
  • l’amiodarone (utilisée dans la prévention et le traitement de certains troubles du rythme cardiaque),
  • la fluoxétine, le prazépam (prescrits dans les troubles psychiques),
  • la pseudoéphédrine présente dans de nombreux médicaments contre le rhume,
  • certains médicaments contre l'hypertension artérielle (tels que les bêtabloquants),
  • certains antibiotiques (tels que les cyclines).
  • Parmi les médicaments qui passent dans le lait maternel et qui sont habituellement déconseillés pendant l'allaitement, on peut citer :
  • les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) utilisés dans la douleur et dans les rhumatismes inflammatoires chroniques,
  • certains antiallergiques antihistaminiques,
  • les terpènes (camphre, eucalyptus, lévomenthol) ; ils peuvent donner un goût particulier au lait. Leur absorption par le nourrisson n'est pas souhaitable.

D’une manière générale, n’appliquez ni crème, ni gel ni pommade sur le mamelon sans avis de votre médecin ou de votre pharmacien.

Contraception féminine et allaitement
Même si l’allaitement exclusif peut avoir un effet contraceptif, habituellement il ne constitue pas une contraception suffisamment fiable. Quels sont alors les modes de contraception féminine compatibles avec l’allaitement ? Les pilules estroprogestatives ne sont pas recommandées pendant les 6 premiers mois qui suivent l’accouchement. Les progestatifs peuvent en revanche être prescrits : pilule progestative microdosée ou implant sous-cutané. Les dispositifs intra-utérins (au cuivre ou au lévonorgestrel) sont utilisables à partir de 4 semaines après l’accouchement.
La contraception d’urgence (lévonorgestrel + ulipristal) après un rapport non protégé peut également être pratiquée par les femmes qui allaitent.
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