Mise à jour : 12 décembre 2016
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Les caroténoïdes sont des pigments végétaux responsables des couleurs rouges, orangées, jaunes et vertes des fruits, des légumes, des fleurs et des algues. Cette vaste famille de substances liposolubles (solubles dans les graisses) possède des propriétés antioxydantes. Elle se divise en deux sous-familles : les provitamines A, transformées en vitamine A par l’organisme, et les autres.

Décision des autorités de santé européennes

Depuis 2012, les autorités de santé européennes (EFSA, European Food Safety Authority et la Commission européenne) se sont prononcées sur certaines allégations santé des aliments et des compléments alimentaires contenant des caroténoïdes (toutes substances confondues). Après examen des données scientifiques, elles ont estimé que ces produits ne peuvent PAS prétendre :

  • protéger les cellules et les organes des radicaux libres (effet antioxydant) ;
  • protéger la peau des effets délétères des rayons ultraviolets ou du vieillissement ;
  • protéger le système immunitaire des radicaux libres ou des rayons ultraviolets ;
  • maintenir la souplesse, l’hydratation ou le bon état de la peau.

De plus :

  • les produits contenant du lycopène ne peuvent PAS prétendre contribuer à la santé de la prostate, du cœur et des vaisseaux sanguins, ainsi que celle des yeux des personnes âgées, ni prétendre réduire ou abaisser le taux de cholestérol sanguin ;
  • les produits contenant du béta-carotène ne peuvent PAS prétendre revitaliser les cheveux ;
  • les compléments alimentaires contenant de la lutéine ne peuvent pas prétendre contribuer à maintenir une vision normale ;
  • les compléments alimentaires contenant de l’huile de krill ne peuvent PAS prétendre maintenir la santé des articulations ;
  • les produits contenant de l’astaxanthine ne peuvent PAS prétendre contribuer au maintien de la santé des articulations, des tendons, des cartilages et du tissu conjonctif, ni soulager les maux d’estomac, ni contribuer à la production de spermatozoïdes, ni contribuer au fonctionnement des muscles, ni protéger du stress, ni maintenir des taux sanguins de cholestérol normaux, ni maintenir des taux sanguins faibles de protéine C réactive (un marqueur de l’inflammation), ni protéger les yeux et la vision ;
  • les produits contenant de la lutéine et/ou de la zéaxanthine ne peuvent PAS prétendre protéger les yeux (et en particulier la rétine) contre les effets des rayons ultraviolets ou des radicaux libres, ni améliorer la circulation sanguine dans les yeux, ni soulager les yeux rouges et irrités.

Ces revendications d’effet sont désormais interdites.

Usages et propriétés supposées des caroténoïdes

carottes

Les caroténoïdes sont largement utilisés dans l’industrie agroalimentaire comme colorants naturels. Dans les compléments alimentaires, ils sont proposés pour leurs propriétés antioxydantes et pour leur éventuelle capacité à protéger des méfaits du soleil. On leur prête le pouvoir de prévenir les maladies cardiovasculaires, certains cancers et certaines affections des yeux liées au vieillissement (dégénérescence de la rétine) ainsi que de stimuler les défenses immunitaires des personnes âgées.

Le lycopène

Le lycopène, qui colore en rouge les tomates et les pastèques, est le caroténoïde que nous consommons en plus grande quantité : entre 5 et 25 mg par jour selon les pays et la saison. Il est utilisé comme colorant alimentaire sous le code E160d. La cuisson des tomates améliore considérablement l'absorption du lycopène, de même que son ingestion avec des matières grasses.

De nombreuses études ont lié la consommation d'aliments riches en lycopène à la réduction du risque de cancer de la prostate. Mais la question demeure de savoir si ces effets sont dus au seul lycopène ou s'ils proviennent également d'autres substances contenues dans ces aliments. Les autorités sanitaires européennes n’autorisent pas cette allégation santé pour les compléments alimentaires contenant du lycopène (voir encadré ci-dessus).

Selon l'ancienne Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments, désormais Anses), « il est très probable que le lycopène participe à la prévention de maladies dégénératives, en complémentarité ou en synergie avec d'autres nutriments apportés par les fruits et les légumes ».

Le bêta-carotène

Le bêta-carotène est très utilisé pour favoriser la fabrication de vitamine A par l'organisme. Il est indispensable si l'apport en vitamine A est insuffisant. Au-delà de cette propriété, son rôle est peu caractérisé. Les études n'ont pas montré d'autres effets que ceux liés à sa transformation en vitamine A.

Nous consommons en moyenne 3 à 6 mg de bêta-carotène par jour, essentiellement dans les carottes, les oranges et les légumes verts. Une fois absorbé, il est stocké dans le tissu adipeux. Lorsque l'organisme a besoin de vitamine A, il puise dans ces réserves : 2 mg de bêta-carotène fournissent 1 mg de vitamine A.

Les compléments alimentaires de bêta-carotène (extrait de certaines algues) sont souvent très fortement dosés et présentés sous des formes très absorbables. Les effets à long terme de grandes quantités de bêta-carotène ont montré le risque majeur d'augmentation du cancer du poumon chez les personnes ayant des facteurs de risque, comme par exemple le tabagisme ou une alimentation déjà riche en bêta-carotène.

L'astaxanthine

Extraite de la carapace de crustacés marins microscopiques (le krill) ou de certaines algues microscopiques, l'astaxanthine est un caroténoïde de plus en plus utilisé dans les produits de bronzage, combiné à d'autres caroténoïdes et au lycopène. De petites études ont suggéré un effet positif de l'astaxanthine sur l'endurance musculaire et la mobilité des spermatozoïdes. Il a été proposé dans le traitement du reflux gastro-œsophagien sans preuves concluantes.

La lutéine et la zéaxanthine

La lutéine et la zéaxanthine sont présentes en très fortes concentrations dans la rétine, où elles filtrent les rayons ultraviolets qui pourraient agresser les cellules chargées de capter la lumière. On les trouve aussi en moindres quantités dans le cristallin (la lentille qui concentre la lumière sur la rétine) où elles assurent une fonction similaire. Elles ne sont pas fabriquées par l'organisme et doivent être apportées par l'alimentation.

Des études épidémiologiques ont montré que les personnes qui consomment de grandes quantités de légumes verts, et en particulier d'épinards, très riches en lutéine et zéaxanthine, ont un risque plus faible de développer une dégénérescence de la rétine liée à l'âge. De nouveau, comme pour le lycopène, il est impossible de distinguer ces effets de ceux d'autres substances présentes dans ces aliments. L'apport conseillé de lutéine et de zéaxanthine est de 6 à 10 mg par jour, essentiellement en consommant des légumes vert foncé ou des œufs (un jaune d'œuf contient 0,3 mg de lutéine et 0,2 mg de zéaxanthine).

Attention ! La progestérone (une hormone sexuelle féminine) était autrefois également appelée lutéine. Pourtant, elle ne fait pas partie des caroténoïdes. Cette dénomination a été abandonnée, mais elle persiste dans des ouvrages anciens.

Quelle efficacité pour les caroténoïdes ?

Les caroténoïdes ont fait l’objet de nombreuses études cliniques, dont plusieurs d’une très grande ampleur.

L'étude ATBC, destinée à étudier leur capacité à prévenir le cancer du poumon chez les fumeurs, a montré l'effet inverse : le risque de cancer du poumon était cinq fois plus élevé chez les fumeurs recevant 20 mg de bêta-carotène chaque jour ! En revanche, leur risque de cancer de la prostate était significativement réduit. De même, dans l'essai CARET associant bêta-carotène et vitamine A, une augmentation du risque de cancer du poumon a été observée. Dans la vaste étude américaine WHS, aucun effet n'a été observé sur la santé cardiovasculaire avec une supplémentation quotidienne associant l'aspirine, la vitamine E et le bêta-carotène.

D’autres grandes études sont venues enrichir les connaissances sur les antioxydants, comme l’étude de Linxian en Chine. Dans cette population carencée en vitamines et en minéraux, cette étude a montré que 15 mg de bêta-carotène, 30 mg de vitamine E et 50 µg de sélénium par jour permettait de réduire la mortalité globale de la population. Cependant, en 2014, une grande étude portant sur les compléments alimentaires à base de vitamine E et de sélénium (deux antioxydants) a montré que l’apport de ces deux substances augmente significativement le risque de développer un cancer de la prostate.

Enfin, dans le contexte français, l’étude Suvimax a montré, après sept années et demie de suivi, une réduction d’un tiers des cancers chez les hommes recevant un supplément combiné (120 mg de vitamine C, 30 mg de vitamine E, 6 mg de bêta-carotène, 100 µg de sélénium et 20 mg de zinc) par rapport au placebo.

Chez les non-fumeurs, une alimentation naturellement riche en caroténoïdes semble liée à une réduction du risque de développer un cancer de la bouche, de la gorge, de l’œsophage et des poumons. Une étude récente a montré qu’une alimentation riche en caroténoïdes pendant des années était également associée à la préservation des fonctions intellectuelles chez les personnes âgées.

Aujourd'hui, les spécialistes reconnaissent de façon formelle une seule propriété aux caroténoïdes : la capacité de certains d'entre eux d'être une source de vitamine A pour l'organisme.

Les caroténoïdes sont traditionnellement intégrés dans de nombreuses préparations destinées à préparer la peau au bronzage, ainsi que dans divers compléments destinés à prévenir les effets du vieillissement. Néanmoins, une nouvelle analyse de l’étude Suvimax a montré de manière significative que les femmes ayant reçu la supplémentation décrite ci-dessus présentaient un risque quatre fois plus élevé de développer un cancer de la peau.

Ces résultats sont cohérents avec l’ensemble des données disponibles sur les antioxydants, données qui semblent indiquer un effet bénéfique ou délétère selon les conditions d’utilisation : dose utilisée, état nutritionnel de la population et existence d’autres facteurs de risque de cancer.

Ainsi, dans une population déficitaire ou carencée et en l'absence de facteur de risque cancéreux particulier comme le tabagisme, l'apport supplémentaire d'antioxydants serait bénéfique, comme observé à Linxian ou chez les hommes français de l'étude Suvimax dont l'équilibre alimentaire laissait à désirer. Mais chez les personnes qui ont une alimentation équilibrée et suffisamment riche en antioxydants, par exemple les femmes françaises de l'étude Suvimax, l'apport supplémentaire sous forme de compléments pourrait augmenter le risque de cancer de la peau.

Ainsi, dans les pays comme la France où les consommateurs de compléments alimentaires sont majoritairement des personnes soucieuses de leur alimentation, il semble légitime de se poser la question des effets délétères de l'ingestion de trop fortes quantités de caroténoïdes.

Précautions à prendre avec les caroténoïdes

Les femmes enceintes et les enfants doivent s’abstenir de prendre des caroténoïdes et se contenter de ceux apportés par les aliments. Suite à l’étude finlandaise citée plus haut, les fumeurs sont alertés sur les risques d’un apport complémentaire en bêta-carotène, mais aussi en caroténoïdes en général. L’apport de caroténoïdes, aliments inclus, devrait être inférieur à 20 mg par jour dans cette population. Attention, la prise massive d’un caroténoïde particulier peut réduire l’absorption d’autres substances de cette famille, provoquant ainsi un déséquilibre alimentaire.

Les personnes qui prennent des médicaments diminuant l’absorption des graisses par l’intestin (dans le cadre d’un traitement contre l’obésité ou l’excès de cholestérol) absorbent moins bien les caroténoïdes.

La prise de caroténoïdes ne doit pas se substituer à l’application d’un écran solaire adapté ou être à l’origine d’une exposition excessive au soleil.

L'effet indésirable principal des caroténoïdes est l'apparition d'une coloration orangée de la peau qui disparaît progressivement à l'arrêt de la prise de compléments.

Origine, formes et dosage des caroténoïdes

Les caroténoïdes sont extraits de certaines algues ou de pétales d’œillets d’Inde séchés qui sont également donnés aux poules pondeuses pour enrichir le jaune de leurs œufs. Ils peuvent aussi être synthétisés à partir de substances présentes dans les champignons.

Dans les compléments alimentaires, ils sont souvent présentés dissous dans de l'huile végétale sous la forme de capsules molles. Les doses recommandées sont de l'ordre de 6 à 10 mg par jour et ne devraient jamais dépasser 20 mg par jour, en tenant compte des caroténoïdes apportés par les aliments.

Quelques caroténoïdes et leurs sources alimentaires
Provitamines A Bêta-carotène,
alpha-carotène,
bêta-cryptoxanthine
Carottes, oranges, brocolis, épinards, vert de blettes, jaune d’œuf, huile de palme rouge
Autres
 
 
Lutéine
zéaxanthine
Choux verts, épinards, courgettes, brocolis, petits pois, maïs, kiwis, oranges, mangues, jaune d’œuf
Lycopène Tomates et produits dérivés (sauces, jus, etc.), pastèques, goyaves
Astaxanthine Crustacés (krill), algues microscopiques
L'avis du spécialiste sur les caroténoïdes

Pour de multiples raisons citées ci-dessus, il est préférable d'enrichir son alimentation en fruits et légumes plutôt que de prendre des compléments de caroténoïdes.

Carottes, tomates et légumes vert foncé apportent des caroténoïdes, mais aussi d'autres substances qui pourraient être bénéfiques contre les maladies liées au vieillissement.

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