Mise à jour : 26 février 2016
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Les flavonoïdes sont des substances présentes dans les plantes. Ils sont à l’origine des teintes brunes, rouges et bleues des fleurs et des fruits. Certaines plantes sont réputées pour leur richesse en flavonoïdes : par exemple, le thé, le raisin, les oignons, les pommes, le cacao, la grenade, le cassis et les myrtilles ou encore le café).

Certains flavonoïdes protègent les végétaux des bactéries, des virus et des moisissures. Les flavonoïdes ont d’abord été appelés, à tort, vitamine P. Ils sont également connus sous de nombreux autres noms, tels que bioflavonoïdes, polyphénols, proanthocyanidines, catéchines ou flavonols. Les isoflavones du soja en font partie.

Décision des autorités de santé européennes

Depuis 2012, les autorités de santé européennes (EFSA, European Food Safety Authority et la Commission européenne) se sont prononcées sur certaines allégations santé des aliments et des compléments alimentaires contenant des flavonoïdes (toutes substances confondues). Après examen des données scientifiques, elles ont estimé que ces produits ne peuvent PAS prétendre :

  • protéger les cellules et les organes des radicaux libres (effet antioxydant) ;
  • protéger la peau des effets délétères du vieillissement ;
  • maintenir la souplesse, l’hydratation ou le bon état de la peau ;
  • contribuer au fonctionnement du système immunitaire ;
  • aider à contrôler son poids ;
  • participer à la santé du cœur et des vaisseaux sanguins ;
  • contribuer à maintenir des taux sanguins de cholestérol normaux ;
  • contribuer à maintenir une glycémie (taux sanguin de sucre) normale, en particulier après les repas.

De plus :

  • les compléments alimentaires contenant des flavanols du cacao peuvent prétendre améliorer l’élasticité des vaisseaux sanguins (et ainsi contribuer à maintenir une circulation sanguine normale) s’ils apportent au moins 200 mg de ces flavanols par jour (allégation valable uniquement pour les cacaos en poudre et les chocolats noirs contenant au moins 200 mg de flavanols par portion).
  • les compléments alimentaires contenant des proanthocyanidines ne peuvent PAS prétendre améliorer les défenses naturelles contre les infections urinaires ;
  • les produits contenant des catéchines (du thé vert ou autres) ne peuvent PAS prétendre contribuer à la circulation sanguine ou au maintien du poids par augmentation du métabolisme ;
  • les compléments alimentaires contenant des extraits de pépins de raisin (Vitis vinifera) ne peuvent PAS prétendre faciliter la circulation veineuse dans les jambes, réduire les gonflements des jambes, ni drainer les accumulations d’eau dans le corps.
  • les produits contenant des oligoproanthocyanidines (OPC) ne peuvent PAS prétendre renforcer les performances visuelles (en particulier dans le noir), ni améliorer la microcirculation sanguine et prévenir l’insuffisance veineuse chronique, ni réduire les taux sanguins de cholestérol et diminuer ainsi le risque cardiovasculaire ;
  • les produits contenant de la rutine ne peuvent PAS prétendre contribuer au maintien du fonctionnement normal des veines ou autres vaisseaux sanguins ;
  • les produits contenant de la quercétine ne peuvent PAS prétendre améliorer la santé du foie, des reins, du système nerveux ou du cerveau ;
  • les produits contenant de la diosmine, de la troxérutine et de l'hespéridine ne peuvent PAS prétendre maintenir le tonus veineux ou la perméabilité des capillaires veineux ;
  • les produits contenant des citroflavonoïdes ne peuvent PAS prétendre protéger les articulations, ni maintenir l’équilibre microbien des organes (action antibiotique), ni protéger la santé des vaisseaux sanguins (diosmine), ni contribuer à la santé des os (naringine et hespéridine) ;
  • les produits contenant de l’acide chlorogénique (le plus souvent extrait du café vert) ne peuvent PAS prétendre diminuer l’absorption des sucres par l’intestin, ni maintenir une glycémie normale, ni aider à contrôler son poids.

Usages et propriétés supposées des flavonoïdes

grappe de raisins

Les flavonoïdes font l’objet d’allégations très variées. Ces dernières années, ils sont devenus l’objet de nombreuses études… et d’un commerce florissant ! Ces substances sont vantées dans la prévention de maladies liées à l’âge, et en particulier des maladies cardiovasculaires : athérosclérose, maladies coronariennes, hypertension, varices, hémorroïdes, etc.

Les recherches sur les habitudes alimentaires liées à une fréquence plus faible de ces maladies (régimes crétois et japonais, « paradoxe français », etc.) pointent systématiquement vers des apports plus élevés en flavonoïdes issus, entre autres, du vin rouge, des fruits ou du thé vert. Ces observations sont à l’origine de ces allégations.

D’autres bénéfices sont attribués aux flavonoïdes : protection et dilatation des vaisseaux sanguins, action antiallergique et anticoagulante, aide à la perte de poids, et même protection contre les cancers.

Les flavonoïdes les plus connus

Les chimistes ont déjà identifié plus de huit mille flavonoïdes. Parmi eux, certains se retrouvent plus fréquemment dans les compléments alimentaires.

Les catéchines du thé vert

Les catéchines sont les principaux flavonoïdes du thé vert. Une tasse de thé vert contient au plus 14 mg de catéchines.

La consommation régulière de thé vert a été évoquée pour expliquer la fréquence relativement faible des maladies cardiovasculaires et du cancer de la prostate en Chine et au Japon. Cet effet semble n’être observé qu’à des doses de catéchines équivalentes à au moins quatre tasses de thé vert par jour. Le thé vert est également riche en caféine. Il est présent dans de nombreux compléments alimentaires destinés à perdre du poids, sans aucune preuve convaincante.

Certaines catéchines (gallate d’épigallocatéchine par exemple) ont montré un effet protecteur intéressant chez les personnes dialysées, ayant recours à un « rein artificiel » : elles protégeraient leur organisme du stress chimique provoqué par la dialyse.

Les oligoproanthocyanidines (OPC)

Les oligoproanthocyanidines (OPC) sont présentes en grande quantité dans les pépins de raisin et dans l’écorce de pin maritime. Les OPC tirées de l’écorce de pin maritime sont aussi connues sous le nom de pycnogénol. Certaines OPC sont employées sous la forme d’un médicament dans le traitement de l’insuffisance veineuse et des œdèmes (gonflements) des bras à la suite de radiothérapie anticancéreuse. Elles ont été proposées dans le traitement des douleurs et des troubles des règles liés à l’endométriose (développement anormal de tissu utérin dans l’abdomen). Peu d’études cliniques convaincantes ont confirmé les très nombreuses allégations faites à propos des OPC.

Récemment, une étude en double aveugle avec placebo a suggéré une efficacité du pycnogénol dans l'amélioration de la vascularisation de la rétine chez les personnes diabétiques. Ce résultat reste à confirmer et les autorités sanitaires européennes se sont prononcées contre une allégation de santé relative à l'amélioration de la vision (voir encadré ci-dessus).

La rutine et ses dérivés

La rutine est un flavonoïde contenu en grande quantité dans le sarrasin, mais aussi les raisins, le vin rouge, le thé noir, les abricots, l’écorce des agrumes et la peau des pommes. On trouve la rutine et ses dérivés synthétiques (la troxérutine par exemple) comme principes actifs de plusieurs médicaments veinotoniques, prescrits en cas de jambes lourdes, de varices, d’hémorroïdes, mais aussi de baisse d’acuité visuelle liée à une fragilité des petits vaisseaux de la rétine. L'efficacité de ces médicaments est actuellement remise en cause.

La quercétine

La quercétine est un dérivé naturel de la rutine que l’on trouve en grande quantité dans le vin rouge, le thé vert, les oignons rouges, la peau des pommes, le ginkgo, la propolis, etc. Dans certaines études épidémiologiques d’observation, il a été noté qu’une alimentation riche en quercétine pourrait réduire le risque de cancer du poumon.

Très peu d'études ont évalué les propriétés de la quercétine. Elle est souvent présente dans les compléments dits « antivieillissement ». La quercétine est fréquemment associée à la vitamine C dont elle favoriserait l'absorption, bien qu'une étude récente semble démontrer le contraire. La quercétine pourrait interagir avec les quinolones (des antibiotiques) et le cisplatine (un traitement contre le cancer).

Les citroflavonoïdes

Les citroflavonoïdes sont présents dans les agrumes, et en particulier dans leur écorce. Dans cette famille, les substances les plus utilisées sont l’hespéridine, la diosmine et la naringine. Ces citroflavonoïdes sont les principes actifs de plusieurs médicaments veinotoniques. Les flavonoïdes de la myrtille sont proches des citroflavonoïdes et constituent le principe actif de médicaments similaires.

Le resvératrol

Le resvératrol est un flavonoïde proche des OPC. On le trouve en grande quantité dans la peau des raisins noirs adaptés aux climats humides, comme le pinot noir ou le cabernet sauvignon, car il protège ceux-ci des attaques des moisissures. Il est présent dans les vins rouges issus de ces cépages, les jus de ces raisins broyés avec la peau, mais aussi dans les arachides et les myrtilles. Dans le cadre industriel, il est souvent extrait d’une plante, la renouée du Japon.

Aucune étude sérieuse n'a évalué son absorption, son efficacité ni sa toxicité. Le resvératrol possède une activité phytoestrogénique (il agit comme une hormone de la famille des estrogènes) et son usage est déconseillé chez les femmes présentant des antécédents familiaux ou personnels de cancer du sein ou des organes de la reproduction.

L’acide chlorogénique

L’acide chlorogénique protège de nombreuses plantes contre les moisissures. Il est présent dans les carottes, les tomates, les feuilles de cassis, le café et les pommes de terre, en particulier celles qui ont une peau ou une chair colorée et celles qui ont été exposées au froid.

L'acide chlorogénique est une substance stimulante similaire à la caféine. Elle est présente dans de nombreux compléments alimentaires destinés à faire perdre du poids. En 2012, les autorités sanitaires européennes ont interdit cette allégation de santé aux compléments alimentaires contenant de l'acide chlorogénique (voir encadré ci-dessus).

Quelle efficacité pour les flavonoïdes ?

Les allégations des flavonoïdes sur la prévention des maladies cardiovasculaires n’ont jamais fait l’objet d’essais cliniques convaincants. Leur action antiallergique et leurs effets protecteurs vis-à-vis du cancer n’ont été étudiés que sur des cellules en culture et chez des rats. Enfin, les allégations sur la perte de poids reposent sur des études peu convaincantes.

Plusieurs dizaines de médicaments contre l’insuffisance veineuse et les hémorroïdes (veinotoniques) contiennent des flavonoïdes. Aujourd’hui, l’efficacité de ces médicaments est largement remise en cause. Depuis peu, de nombreux médicaments de cette famille ne sont plus remboursés par manque de preuves concernant leur efficacité.

Les avis négatifs émis en 2012 par l'EFSA et la Commission européenne (voir encadré en début de fiche) reflètent l'absence d'études cliniques convaincantes sur l'efficacité des flavonoïdes.

Précautions à prendre avec les flavonoïdes

L'usage des flavonoïdes est à éviter chez les femmes enceintes et celles qui allaitent, les enfants, les personnes qui prennent des médicaments anticoagulants ou qui souffrent d’hypotension (pression artérielle faible).

En 2014, une étude australienne a mis en garde les personnes souffrant d'hypertension artérielle contre la prise simultanée de vitamine C et de flavonoïdes (polyphénols). Si la prise de 500 mg/jour de vitamine C semble réduire la pression artérielle des personnes hypertendues, et la prise de 1000 mg/jour de polyphénols extraits des pépins de raisin être sans effet sur leur tension artérielle, la prise concomitante de ces deux substances a provoqué une augmentation significative de la tension artérielle de ces patients hypertendus. La prudence est donc de mise.

Certaines plantes très riches en flavonoïdes, comme le thé, le café ou le cacao, contiennent de la caféine. Une consommation trop élevée de ces aliments expose aux effets indésirables de la caféine, tels que palpitations, insomnie ou nervosité. Enfin, la richesse du vin rouge en flavonoïdes ne doit pas faire oublier la toxicité de l'alcool...

Origine, formes et dosage des flavonoïdes

De très nombreux végétaux contiennent des flavonoïdes. Lorsque l’on suit les recommandations officielles du Programme national nutrition santé préconisant cinq portions de fruits et légumes chaque jour, on ingère entre 150 et 300 mg de flavonoïdes. La quantité présente dans un aliment varie selon le mode de récolte et de préparation : le thé noir est beaucoup moins riche en flavonoïdes que le thé vert, pourtant issu de la même plante. L’absorption des flavonoïdes par l’intestin varie selon l’aliment mais également selon la personne.

L'avis du spécialiste sur les flavonoïdes

Malgré l'absence de preuves formelles, un apport régulier de flavonoïdes peut être intéressant pour rester en bonne santé. Mais, avant de recourir à des compléments, cet apport doit provenir d'une alimentation riche en fruits et légumes frais.

La consommation occasionnelle de vin rouge peut être une bonne source de flavonoïdes, mais doit rester dans le cadre des recommandations officielles : pas plus de trois verres par jour pour un homme, deux verres pour une femme.

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