Mise à jour : 19 novembre 2018
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Différentes espèces d’échinacées sont utilisées depuis des années en Amérique du Nord pour leur supposée action immunostimulante, dans la prévention et le traitement des rhumes, de la grippe et des infections respiratoires en général. Malheureusement, les nombreuses études dont ces plantes ont fait l’objet n’ont pas réussi à démontrer leur efficacité.

Origines et usages des échinacées

échinacées

Originaires du continent nord-américain, les échinacées (Echinacea angustifolia, E. Pallida, E. purpurea) étaient déjà utilisées par les Amérindiens, en particulier pour leurs propriétés cicatrisantes sur les plaies (notamment celles provoquées par les serpents).

Aux États-Unis, les échinacées sont probablement les plantes les plus vendues dans le cadre de la phytothérapie, essentiellement dans le but de stimuler les défenses immunitaires en cas d'infections respiratoires ou urinaires. Longtemps cultivées exclusivement dans ce pays, les échinacées ont fait l'objet de nombreuses recherches de la part de médecins allemands qui les ont popularisées en Europe.

Les racines des différentes espèces d’échinacée sont utilisées, ainsi que les feuilles et les fleurs pour certaines d’entre elles. De nombreuses préparations à base d’échinacées sont vendues sous forme de compléments alimentaires. Ces préparations sont très variables quant à leur composition. Cette absence de standardisation (c’est-à-dire de concentration en substances actives garantie et constante) rend difficile les études cliniques évaluant leur efficacité.

Les autres usages traditionnels des échinacées
Echinacea angustifolia et E. pallida sont utilisées en médecine traditionnelle pour le traitement des candidoses (infections dues au champignon Candida albicans) et de l’arthrite rhumatoïde (inflammation chronique des articulations). Echinacea purpurea est proposée pour favoriser la cicatrisation des plaies et soulager les irritations de la peau.

Comment les échinacées agissent-elles ?

Les possibles propriétés immunostimulantes des échinacées ont fait l’objet de très nombreuses études in vitro (dans le tube à essai). Elles ont montré que l’acide cichorique, les échinacosides, les alkylamides et les polysaccharides qu’elles contiennent stimulent l’activité immunitaire de certains globules blancs (monocytes et granulocytes) chargés de détruire et de digérer les micro-organismes infectieux. Sur les plaies, les extraits d’échinacée semblent agir en inhibant la prolifération des bactéries et en favorisant la cicatrisation (stimulation de la synthèse de collagène).

Quelques autres plantes stimulant les défenses immunitaires
La phytothérapie traditionnelle utilise également les plantes suivantes pour stimuler les défenses immunitaires :
  • Éleuthérocoque (Eleutheroccus senticosus)
  • Eupatoire (Eupatorium cannabinum)
  • Ginseng asiatique (Panax ginseng)
  • Griffe-de-chat (Uncaria tomentosa)
  • Hydrastis (Hydrastis canadensis)
  • Rhodiole (Rhodiola rosea)

Quelle efficacité pour les échinacées ?

Plus de 300 études cliniques ont été menées sur les effets de diverses préparations d’échinacées. Une analyse croisée de 22 essais cliniques de grande taille, réalisée en 2006 par la Cochrane Collaboration, n’a pas mis en évidence d’efficacité de ces préparations dans la prévention ou le traitement du rhume. Une étude en double aveugle avec placebo portant sur 524 enfants âgés de 2 à 11 ans souffrant d’infections respiratoires n’a pas montré d’efficacité des préparations d’échinacées dans le traitement de ces infections, mais a clairement mis en évidence leur effet positif dans la prévention des rechutes.

Les résultats discordants observés lors des nombreuses études sur les échinacées sont probablement liés à la difficulté d'obtenir des préparations homogènes et standardisées.

Aucune étude clinique n’a été menée sur l’usage des échinacées dans le traitement des plaies, des problèmes de peau ou des infections urinaires.

Ce qu’en pense les autorités de santé

... l’EMA

L’Agence européenne du médicament considère comme « traditionnellement établi » l’usage de la racine d’échinacée pourpre (E. purpurea) ou de l’échinacée à feuilles étroites (E. angustifolia) dans « le traitement des rhumes ».
De plus, l’usage sur la peau de la racine d’échinacée pourpre est reconnu pour « le soin des taches et des boutons liés à l’acné légère ».
Elle recommande d’en réserver l’usage aux adultes et aux enfants de plus de douze ans.

... l’OMS

L’Organisation mondiale de la santé reconnaît l’usage traditionnel de la racine d’Echinacea angustifolia ainsi que des feuilles et fleurs d’E. purpurea « dans le traitement des rhumes et des infections des voies respiratoires supérieures, du fait de leur action immunostimulante », mais également « dans le traitement des infections urinaires » et, pour E. purpurea, « dans l’amélioration de la cicatrisation des plaies et le traitement des inflammations cutanées ».

... la Commission E

La Commission E du ministère de la Santé allemand reconnaît l’usage d’Echinacea purpurea comme « traitement de soutien contre les rhumes, ainsi que contre les infections des voies respiratoires et des voies urinaires basses », et localement « sur les plaies cicatrisant mal ou les ulcérations chroniques ».

... l’ESCOP

La Coopération scientifique européenne en phytothérapie considère que les échinacées sont « une thérapie complémentaire et préventive des infections respiratoires récidivantes ainsi que des infections des voies urinaires ». Sur la peau, son usage est reconnu « comme complément dans le traitement des plaies superficielles ».

... le NIH

Les Instituts nationaux de la santé américains considèrent qu’aucun usage des échinacées n’a été prouvé de manière convaincante, mais que les résultats obtenus suggèrent de mener des études supplémentaires dans le domaine de la prévention des infections respiratoires saisonnières (rhume, rhinopharyngite, etc.).

Comment utiliser les échinacées ?

Formes et dosage des échinacées

Les dosages varient fortement selon les préparations d’échinacées et il est impossible de donner un dosage moyen. En règle générale, ces préparations sont réparties en deux à quatre prises par jour, pendant une dizaine de jours, et ce, sans dépasser une durée de traitement continu de huit semaines.

Contre-indications des échinacées

Les échinacées ayant des propriétés immunostimulantes in vitro, elles sont contre-indiquées chez les personnes qui souffrent de tuberculose, de sclérose en plaques, de maladies auto-immunes, d’immunodéficience ou d’immunosuppression (VIH/sida, greffe d’organe, chimiothérapie, etc.) ou de troubles sanguins de la lignée des globules blancs (leucémie, lymphome, etc.). Les personnes diabétiques doivent utiliser les échinacées avec prudence en contrôlant soigneusement leur glycémie.

Les échinacées peuvent provoquer des réactions allergiques plus ou moins sévères : urticaire, rhinite allergique (rhume des foins), conjonctivite, crise d’asthme, voire choc anaphylactique (réaction allergique intense et brutale) avec œdème généralisé (gonflements). La prudence est donc de mise chez les personnes qui présentent un terrain allergique.

Effets indésirables et surdosage des échinacées

Les effets indésirables des échinacées sont essentiellement liés aux réactions allergiques qu’elles peuvent provoquer. Des nausées, des vomissements et de la fièvre peuvent également survenir.

Interactions des échinacées avec d’autres substances

Du fait de leurs possibles effets immunostimulants, les échinacées peuvent diminuer l’efficacité des médicaments immunosuppresseurs : corticoïdes, tacrolimus (Protopic), ciclosporine (Neoral, Sandimmun), azathioprine (Imurel et Azathioprine Génériques) et l’ensemble des médicaments immunosuppresseurs de la famille des anticorps monoclonaux dont le nom du principe actif finit par le suffixe « -mab » (par exemple, natalizumab ou daclizumab).

Les échinacées interfèrent également avec les enzymes du foie chargées d’éliminer de nombreux médicaments (les cytochromes). Elles peuvent donc modifier l’efficacité et la toxicité de nombreux médicaments. Les personnes qui suivent un traitement de longue durée doivent systématiquement consulter leur médecin avant de prendre des échinacées.

La prise de préparations à base d’échinacées peut perturber les résultats de certaines analyses sanguines (enzymes hépatiques, numération des globules blancs, vitesse de sédimentation et taux d’immunoglobulines E).

Échinacées, grossesse et allaitement

Même si les études n’ont pas montré de toxicité pour le fœtus, il est préférable de ne pas prendre d’échinacées pendant la grossesse. Les femmes qui allaitent devraient également s’abstenir d’en prendre, les substances actives des échinacées étant susceptibles de passer dans le lait.

Les échinacées chez les enfants

L’utilisation de préparations à base d’échinacées avant l’âge de douze mois est contre-indiquée. Elle est également déconseillée chez les enfants âgés de moins de douze ans, même si des études cliniques menées chez les enfants semblent indiquer une innocuité de ces préparations chez ceux âgés de plus de quatre ans.

L'avis du spécialiste sur les échinacées

Les préparations à base d'échinacées sont beaucoup moins populaires en Europe qu'aux États-Unis. En France, les échinacées se trouvent principalement dans des produits ayant le statut de compléments alimentaires. Les preuves de leur efficacité à stimuler les défenses immunitaires ne sont pas très convaincantes. Il faudra attendre une meilleure standardisation des produits (ou l'extraction d'un principe actif) pour y voir plus clair. Un médicament contenant du jus d’Echinacée pourpre est désormais commercialisé dans la prévention et le traitement du rhume.

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