Pendant la grossesse, l'utilisation de compléments alimentaires à des fins thérapeutiques n'est pas anodine et peut se révéler dangereuse dans certains cas, pour la mère comme pour l'enfant à naître. Pour cette raison, lorsque l'on est enceinte, il est impératif de consulter un médecin avant de recourir à des compléments alimentaires.
Compléments alimentaires et grossesse : jamais sans avis médical
Si la grossesse est un état naturel temporaire et non une maladie, il s’agit tout de même d’une période pouvant présenter certains désagréments : nausées, constipation, maux de tête, jambes lourdes, etc. Toutefois, l’automédication est absolument à proscrire, que ce soit par des médicaments habituellement utilisés ou par des compléments alimentaires.
Pour éviter les accidents, il est indispensable de consulter un médecin avant de prendre un complément alimentaire, quel qu’il soit. En effet, les compléments alimentaires ne sont pas sans danger pour le fœtus. Par exemple, certains compléments alimentaires visant à favoriser la digestion contiennent des plantes qui ont des propriétés stimulantes sur les muscles de l’utérus et sont susceptibles de déclencher une fausse couche.
Les mêmes précautions s’imposent pendant l’allaitement. En effet, il ne faut pas oublier que toutes les substances absorbées par la mère sont susceptibles de passer dans le lait maternel et d’avoir un effet sur le nouveau-né.
Les vitamines et les minéraux qui peuvent être prescrits par le médecin
Pour le bénéfice de la mère comme pour celui de son enfant, les vitamines et les minéraux doivent être présents en quantité suffisante dans l’alimentation pendant les périodes de grossesse et d’allaitement, mais également en préparation d’une grossesse programmée.
Le médecin prescrit, en fonction des cas, un médicament ou un complément alimentaire adapté. L'intérêt des compléments alimentaires multivitaminés est mal défini. Les doses de vitamines et de minéraux varient beaucoup selon les produits. En outre, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail), a mis en garde contre la multiplication des sources de vitamines et minéraux, en l’absence de besoins établis. C'est pourquoi, pendant la grossesse, il convient de ne prendre AUCUN complément alimentaire sans avis médical préalable.
Le fer
Les besoins en fer s’accroissent fortement pendant la grossesse. Un apport suffisant en fer permet d’assurer le transport de l’oxygène dans le sang de la mère et du fœtus, et permet à ce dernier de se constituer des réserves en fer. Les besoins sont particulièrement importants pendant les deuxième et troisième trimestres. Pour prévenir une carence en fer, l’alimentation doit contenir des aliments tels que la viande, dont le fer est particulièrement bien absorbé, les légumes verts ou secs, ou les amandes.
En France, il est fréquent qu’une femme ait des apports insuffisants en fer avant même le début de sa grossesse. Pour cette raison, le médecin effectue systématiquement un dosage du fer dans le sang lors des premières semaines. Un enrichissement de l’alimentation en fer (30 mg par jour en début de grossesse) peut être envisagé par le médecin dans certains cas, chez les adolescentes qui constituent un groupe à risque de carence en fer plus élevé, chez les femmes qui ont des grossesses rapprochées, chez celles qui attendent des jumeaux, chez les femmes souffrant de règles abondantes ou chez les femmes ayant une alimentation pauvre en fer, pour des raisons économiques par exemple.
Une supplémentation en fer est inutile voire néfaste, notamment chez les femmes diabétiques, si la femme enceinte n’a pas arrêté de fumer ou si elle souffre d’hypertension.
Attention, la consommation excessive de thé et d’aliments riches en fibres peut réduire l’absorption du fer par l’intestin.
Les folates (acide folique ou vitamine B9)
Les folates (acide folique ou vitamine B9) participent à la multiplication des cellules de notre organisme. L’embryon, dont les cellules se divisent très rapidement pendant les trois premiers mois de la grossesse, est particulièrement sensible à une carence en folates. L’apport en folates est capital dans la prévention d’une malformation du système nerveux de l’enfant, le spina bifida. Un apport suffisant permet également de limiter le risque de naissance prématurée et de faible poids du nouveau-né.
Idéalement, l’apport en folates doit être optimal plusieurs semaines avant le début de la grossesse, en particulier chez les femmes de moins de vingt ans, chez celles qui fument et chez celles dont la grossesse suit immédiatement l’arrêt des contraceptifs oraux (pilule). Le médecin peut prescrire des compléments riches en folates. Cette prescription est systématique dans certains pays tels que les États-Unis et lors de la prise de certains traitements, notamment contre l’épilepsie.
La vitamine D
La vitamine D favorise la fixation du calcium sur le squelette du fœtus. Les femmes enceintes et celles qui allaitent doivent consommer des aliments riches en vitamine D (poissons gras tels sardines, thon, saumon) et s’exposer modérément au soleil.
Dans certains cas, le médecin peut prescrire une supplémentation en vitamine D, soit sous forme de gouttes à prendre tous les jours, soit sous forme d'une dose unique prise au septième mois de la grossesse. Cependant, un excès de vitamine D présente un risque pour le fœtus. Pour cette raison, l'AFSSA (Agence française de sécurité sanitaire des aliments) a affirmé qu'« il convient par prudence de déconseiller aux femmes enceintes ou désireuses de procréer la consommation de foie (quelle que soit l'espèce) ou de produits à base de foie », le foie étant un aliment très riche en vitamine D et A. De plus, l’Anses a rappelé que la prise de compléments alimentaires de vitamine D pouvait entraîner une augmentation du taux de calcium dans le sang (hypercalcémie) chez les femmes ayant une hypersensibilité génétique à la vitamine D, pouvant mettre en jeu le pronostic vital de l’enfant à naître (hypercalcémie néonatale).
L'iode
Une étude a montré qu’en région parisienne, un tiers des femmes enceintes avait une alimentation trop pauvre en iode et que certaines d’entre elles étaient en état de carence avérée. La consommation de sel iodé et de produits de la mer bien cuits (crustacés, moules, poissons de mer...) est indispensable au bon fonctionnement de la glande thyroïde pendant la grossesse et au développement du cerveau de l’enfant. Un apport de 100 à 150 µg par jour sous forme médicamenteuse est prescrit aux femmes enceintes lorsque le risque de carence est avéré : régions où le risque de goitre est important, population immigrée de la zone subsaharienne, par exemple.
L’Anses a rappelé qu’un apport excessif en iode pendant la grossesse augmentait le risque d’hyperthyroïdie, d’hyperthyroïdie ou de goitre chez le nouveau-né.
Les ingrédients dont il faut se méfier lorsqu'on est enceinte
Certains ingrédients courants des compléments alimentaires peuvent poser des problèmes. Ces substances se trouvent parfois dans d’autres produits et il convient de les connaître pour éviter des problèmes de santé.
- Les algues : une consommation excessive d’algues peut apporter des métaux lourds (plomb, arsenic, mercure) qui présentent une toxicité pour le fœtus.
- La caféine : les femmes enceintes et celles qui allaitent doivent limiter leur consommation de caféine car celle-ci passe dans le sang du fœtus et dans le lait. De plus, la caféine augmente l’élimination du calcium et du magnésium dans les urines. Une consommation supérieure à l’équivalent de trois tasses à café par jour a été associée à une augmentation de la fréquence des fausses couches et de la naissance de bébés de faible poids. La caféine se trouve dans le café, le thé, le chocolat, le maté, le guarana et les colas.
- Les produits dérivés du soja contiennent des phyto-estrogènes (isoflavones), substances similaires aux hormones féminines. Pendant la grossesse, mieux vaut éviter la consommation excessive de produits à base de soja.
- La papaïne, une enzyme extraite de la papaye verte, pourrait stimuler la contraction de l’utérus et provoquer des avortements.
- Les phytostérols et les phytostanols, des substances destinés à prévenir l’excès de cholestérol sanguin et présentes dans certaines margarines, ont la propriété de diminuer l’absorption de la vitamine A par l’intestin. Elles sont donc à éviter pendant la grossesse.
- Enfin, les excès de vitamines sont à proscrire pendant la grossesse. En particulier, l’excès de vitamine A ou de carotènes est parfois associé avec des malformations du fœtus. Les suppléments vitaminiques doivent impérativement être utilisés sous contrôle médical.
Commentaires
Cliquez ici pour revenir à l'accueil.