Mise à jour : 09 juillet 2018
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La consommation d'alcool chez la femme enceinte est la première cause non génétique de handicap mental chez l'enfant en France. Pourtant, selon une étude de l'Institut de veille sanitaire parue en 2013, environ 23 % des Françaises consomment de l'alcool pendant leur grossesse. Pour cette raison, les autorités sanitaires mènent régulièrement des campagnes d'information invitant les femmes enceintes ou qui allaitent à s'abstenir de toute consommation de boissons alcoolisées.

Pourquoi déconseille-t-on de consommer de l'alcool aux femmes enceintes ?

grossesse verre d'alcool

Pendant la grossesse, la prise d’alcool est particulièrement néfaste : l’alcool passe la barrière du placenta et se retrouve dans le sang du fœtus à des concentrations plus élevées que celles présentes dans le sang de la mère. En effet, le foie du fœtus n’est pas encore capable d’éliminer l’alcool comme chez les adultes. La présence d’alcool perturbe le développement du cerveau et, parfois, provoque des malformations.

Quand l'alcool est-il toxique pour le fœtus ?
La consommation de boissons alcoolisées est toxique pour le fœtus à tous les stades de la grossesse. Au cours du premier trimestre, l’alcool peut être à l’origine de malformations anatomiques du visage du bébé. Ses effets négatifs sur le développement du cerveau peuvent survenir tout au long de la grossesse, quel que soit le type de boisson alcoolisée consommée (vin, bière, whisky, pastis, alcools forts, cocktails, etc.).
Attention, les risques toxiques pour la fœtus ne concernent pas seulement les femmes enceintes qui ont une consommation régulière de boissons alcoolisées : la consommation occasionnelle expose également le fœtus à des conséquences néfastes durables sur le plan neurologique.

Quels sont les conséquences de la consommation de boissons alcoolisées pendant la grossesse ?

Les conséquences de l’exposition du fœtus à l’alcool sont regroupées sous le terme d’ « ensemble de troubles causés par l’alcoolisation fœtale (ETCAF) », susceptibles d’entrainer pendant l’enfance des difficultés d’apprentissage, des troubles du langage, des problèmes de mémoire et de raisonnement, ainsi qu’un retard du développement moteur (équilibre, temps de réaction, coordination des mouvements, etc.). Des troubles du développement social peuvent également apparaître à l’adolescence, ainsi que des troubles du psychisme. Dans les cas les plus sévères, on parle de Syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF).

En France, chaque année, on estime qu’environ 8 000 enfants naissent avec un trouble causé par l’alcoolisation fœtale, dont 800 souffrent de SAF. Les régions les plus touchées sont l’île de la Réunion, le Pas-de-Calais, la Normandie et la Bretagne.

Quels sont les signes du syndrome d'alcoolisation fœtale (SAF) ?

Le syndrome d’alcoolisation fœtale se traduit par :

  • un retard de croissance avant et après la naissance, avec une taille ou un poids inférieur à la moyenne ;
  • des malformations du visage : une ouverture des paupières anormalement étroite, une absence de relief entre la base du nez et la lèvre supérieure (le « philtrum »), ou une lèvre supérieure mince ;
  • des problèmes neurologiques pendant l’enfance qui peuvent se traduire par de la déficience mentale, des troubles de la mémoire et de l’attention qui exigent une adaptation de la scolarité, des difficultés à communiquer avec les autres personnes, voire des troubles de la conduite sociale.

Dans les formes moins sévères de l’alcoolisation fœtale, ce sont surtout les troubles de l’apprentissage et du comportement social qui prédominent.

Quelles sont les raisons qui font que les femmes enceintes consomment des boissons alcoolisées ?

Des enquêtes ont été menées afin de mieux comprendre pourquoi l’alcoolisation fœtale était encore un problème en France aujourd’hui. L’idée préconçue selon laquelle ce problème serait lié à l’alcoolodépendance (alcoolisme) ne résiste pas aux statistiques : moins de 1 % des cas d’alcoolisation fœtale sont observés chez des femmes qui souffrent d’alcoolodépendance avérée.

Dans la très vaste majorité des cas, l’alcoolisation fœtale est observée chez des femmes qui sont dans l’ignorance ou le déni de la toxicité des boissons alcoolisées pendant la grossesse et qui, de plus, tendent à sous-estimer leur consommation. L’un des arguments le plus souvent évoqués est le fait de connaître des enfants « sains » nés de mères qui ont continué de boire « occasionnellement » pendant leur grossesse.

Certains autres facteurs peuvent contribuer à la consommation de boissons alcoolisées pendant la grossesse : par exemple, la recherche des effets dits « positifs » de l’alcool (contre l’anxiété, les troubles du sommeil, la dépression, la douleur, etc.) ou la pression sociale au domicile ou lors d’événements festifs.

Quels sont les facteurs de risque d'alcoolisation fœtale pendant la grossesse ?

Certaines femmes sont davantage à risque de consommer des boissons alcoolisées pendant leur grossesse :

  • les femmes qui sont des antécédents de maladie psychique ;
  • les femmes qui ont des antécédents de dépendance à l’alcool ou à d’autres substances psychoactives (par exemple, les opiacés ou les benzodiazépines) ;
  • les femmes qui fument ;
  • les femmes qui ont elles-mêmes souffert d’alcoolisation fœtale avant leur naissance ;
  • les femmes qui sont victimes de violence domestique ou qui vivent dans une situation de forte précarité sociale.

Comment les médecins préviennent-ils l'alcoolisation fœtale ?

Lors des consultations en début de grossesse, le médecin est amené à évaluer la consommation de tabac et de boissons alcoolisées de la future mère.

S’il l’estime nécessaire, il peut faire le point avec elle sur sa consommation à l’aide de questionnaires adaptés et lui rappeler les risques que fait courir l’alcool sur la santé de son enfant.

Lorsqu’une consommation problématique est dépistée, il va mettre en place un plan d’action visant à diminuer, si possible supprimer, la quantité de boissons alcoolisées ingérée pendant la grossesse. S’il craint des conséquences précoces de l’alcoolisation fœtale, il alertera la future mère et son obstétricien pour permettre une prise en charge adaptée du nouveau-né dès l’accouchement.

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