Le besoin de carburant n’est pas la seule raison qui nous pousse à manger. Nos habitudes et notre environnement ainsi que notre état physique et moral influencent également notre coup de fourchette. De même, nos cinq sens, notre humeur ainsi que notre mémoire aiguisent ou émoussent notre appétit.
Habitudes culturelles et appétit
Notre appétit est grandement influencé par nos habitudes culturelles.
L'influence des heures des repas sur l'appétit
Dans de nombreuses cultures, en particulier pour les enfants, la journée est entrecoupée de quatre repas : le petit-déjeuner, le déjeuner, le goûter et le dîner. Ce rythme correspond aux variations du taux de sucre dans le sang qui diminue environ quatre heures après le repas. Dans la plupart des cultures, les repas sont généralement pris à la même heure, sauf le dîner qui est pris un peu plus tôt ou un peu plus tard dans la soirée selon les pays (18 h 30 au Royaume-Uni, 20 heures en France, 22 heures en Espagne). Ainsi, au-delà des rythmes biologiques, les heures des repas suivent-ils les rythmes sociaux propres à chaque culture.
L'influence du nombre de repas sur l'appétit
Dans notre société, les adultes ont tendance à sauter le goûter, ce qui perturbe leur rythme naturel. Quatre heures se sont déjà écoulées depuis le déjeuner, le taux de glucose est faible, la faim ne va pas tarder à se faire sentir… L’absence de goûter est à l’origine d’un phénomène souvent évoqué dans les causes du surpoids : vers 18 heures, la faim devient impérieuse, nous nous jetons sur le premier aliment venu et en particulier sur les en-cas gras ou sucrés. Lorsque nous parvenons à résister à cette fringale, nous sommes tellement affamés à l’heure du dîner que nous mangeons plus que de raison. Cet exemple montre clairement pourquoi sauter un repas n’aide pas à maintenir la ligne ! Lorsque l’on surveille son tour de taille, quatre repas raisonnables valent mieux que deux repas trop riches.
Le rôle de l’environnement sur l'appétit
Notre environnement exerce une influence considérable sur notre appétit qui sera plus ou moins grand selon le lieu, les personnes qui nous accompagnent ou nos activités.
L'influence du lieu sur l'appétit
Notre appétit s’éveille plus facilement lorsque nous sommes installés confortablement dans un endroit où nous nous sentons à l’aise. Le froid et l’inconfort le limitent et rendent la digestion plus difficile. Les couleurs environnantes influent également sur l’appétit ; ainsi les établissements de restauration rapide sont-ils souvent décorés de couleurs chaudes (jaune, orange, rouge) censées ouvrir l’appétit.
Convivialité et appétit
La présence autour de la table de personnes appartenant à notre entourage proche stimule notre appétit. Partager la nourriture reste un symbole fort, ancré dans le sentiment rassurant de faire partie d’un groupe. Chez l’homme, comme chez de très nombreux animaux, le partage des aliments est un puissant élément de cohésion sociale.
Saison et appétit
Notre appétit varie avec le temps qu’il fait. Par temps froid, nous avons naturellement tendance à nous orienter vers des plats riches tels que des potages épais, du gratin de pommes de terre ou du cassoulet. En été, nous préférons les plats froids, les salades ou les aliments riches en eau. Sans y prêter attention, nous adaptons nos apports aux besoins de notre organisme, lutter contre le froid en hiver et maintenir une bonne hydratation en été.
L’influence de l'état physique et psychique sur l'appétit
Exercice physique et appétit
On pense à tort que l’exercice physique stimule l’appétit. En fait, il agit plutôt sur la faim. Nous brûlons plus d’énergie et notre corps demande plus de carburant. Immédiatement après une séance de sport, nous n’avons pas faim car l’exercice mobilise les réserves d’énergie du corps ; le taux de sucre dans le sang étant maintenu à un niveau suffisant, la faim ne se fait pas sentir. Par ailleurs, chez les personnes pour qui le désir permanent de grignoter est la conséquence d’un état anxieux, l’exercice tend à réguler l’appétit grâce à son effet relaxant.
Difficultés psychiques et appétit
Un mal-être, une peine de cœur, une fatigue, une anxiété, une dépression… L’état psychologique peut, selon les personnes, couper l’appétit ou au contraire l’exacerber. Il peut également nuire à la digestion. De nombreux problèmes psychiques se traduisent par des troubles de l’appétit voire, dans les cas les plus graves, par des troubles du comportement alimentaire tels qu’une anorexie, une boulimie, une frénésie alimentaire ou des prises alimentaires non conscientes.
Etat de santé et appétit
La perte d’appétit accompagne de nombreuses maladies, mais également les suites d’un stress ou d’une opération chirurgicale par exemple. Lorsque l’absence d’appétit met un patient en danger de malnutrition, une alimentation par voie intraveineuse à l’aide d’une solution liquide équilibrée peut être mise en place. Le retour de l’appétit est un excellent indicateur d’un cheminement vers la guérison.
Pendant la grossesse, l'appétit peut être augmenté. Si c'est le cas, mieux vaut équilibrer son alimentation en conséquence pour éviter une prise de poids trop importante. Il faut privilégier les aliments riches en fibres et en vitamines : fruits et légumes, céréales complètes, etc. Chez les femmes qui allaitent, l'appétit est très souvent augmenté car la production de lait maternel provoque une augmentation du besoin en calories.
Prise de médicaments et appétit
De très nombreux médicaments agissent sur l’appétit, positivement ou négativement (voir tableau ci-dessous). Lorsqu’un médicament diminue l’appétit, en général pour cause de nausées, cet effet est plutôt transitoire, allant de quelques jours à quelques semaines. En revanche, une augmentation de l’appétit due à des médicaments dure parfois tout au long du traitement, provoquant ainsi une prise de poids.
Augmentation de l’appétit | Diminution de l’appétit |
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Le rôle des sens et de la mémoire sur l'appétit
La peau dorée du poulet rôti, le parfum de la tarte aux pommes sortant du four, le croustillant du pain… Nos sens sont en éveil à l’approche d’un plat savoureux. Notre cerveau déclenche la sécrétion de salive et de sucs gastriques ; il stimule les contractions de l’estomac.
L’odorat est le sens qui exerce le plus de pouvoir sur notre appétit. Un rhume suffit à nous rendre conscients de son importance dans le désir de manger.
La vue fournit des informations sur la texture, la température et le goût. Mais ces informations peuvent se révéler erronées, car une jolie présentation n’est pas toujours un gage de délice gustatif !
L’ouïe peut renforcer les autres perceptions ; le grésillement d’un morceau de viande saisi sur une poêle brûlante ou d’une volaille qui rissole à la broche nous met l’eau à la bouche.
Le toucher se révèle aussi déterminant dans certaines attirances, comme par exemple la texture de la peau de la pêche, parfois ressentie désagréablement.
La mémoire de nos expériences culinaires décuple le pouvoir des sens sur l’appétit. Les odeurs et les goûts, en particulier ceux de notre enfance sont inscrits de manière indélébile dans nos souvenirs et conditionnent fortement notre appétit. L’industrie alimentaire l’a bien compris, qui essaie de donner une patine artisanale ou familiale aux aliments qu’elle propose. Malgré ces artifices, nos souvenirs demeurent fidèles et un pâté industriel n’égalera jamais celui de notre grand-mère.
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