En France, la PROGESTERONE RETARD PHARLON n'est plus commercialisée depuis avril 2023.XtockImages / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images
L'Autorisation de mise sur le marché (AMM) de la PROGESTERONE RETARD PHARLON 500 mg/2 mL injectable est suspendue en raison d'une balance bénéfice/risque jugée non concluante après réévaluation européenne du caproate d'hydroxyprogestérone.
En termes d'efficacité, les données disponibles ne permettent pas de démontrer l'efficacité de ce médicament dans ses indications obstétriques et gynécologiques. En outre, le profil de sécurité est défavorable en raison d'un risque accru de cancer identifié chez des sujets exposés in utero dans une vaste étude épidémiologique américaine.
À la suite de la suspension de l'AMM, la prescription et la délivrance de PROGESTERONE RETARD PHARLON 500 mg/2 mL ne sont plus autorisées.
Bien que cette spécialité ne soit plus commercialisée en France depuis plus de 1 an, un rappel de toutes les boîtes encore disponibles sur le marché et non périmées (14 lots au total) a été organisé dans les pharmacies françaises et sur le circuit de distribution pharmaceutique.
L'Autorisation de mise sur le marché (AMM) de la spécialité PROGESTERONE RETARD PHARLON 500 mg/2 mL solution injectable intramusculaire (IM) en ampoule (caproate d'hydroxyprogestérone ou 17-OHPC) (cf. Encadré) est suspendue depuis le 21 août 2024, sur décision de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) [1].
Par conséquent, la prescription et la délivrance de cette spécialité ne sont plus autorisées.
Au niveau européen, la suspension d'AMM des spécialités de caproate d'hydroxyprogestérone a été recommandée par le comité de pharmacovigilance européen (PRAC), après réévaluation du rapport bénéfice/risque.
PROGESTERONE RETARD PHARLON était la seule spécialité contenant du caproate de progestérone en France. Elle était utilisée dans les indications suivantes :
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Un rappel des lots encore disponibles sur le marché
En France, la PROGESTERONE RETARD PHARLON n'est plus commercialisée depuis avril 2023. Cependant, des boîtes de ce médicament non périmées peuvent encore être disponibles sur le marché français. L'ensemble de ces boîtes fait l'objet d'un rappel de lots au sein du circuit pharmaceutique et des pharmacies [2] :
- KT04TB4 - EXP : 09.2024,
- KT05C46 - EXP : 11.2024,
- KT05C47 - EXP : 11.2024,
- KT09TL4 - EXP : 11.2024,
- KT0A65P - EXP : 11.2024,
- KT0657F - EXP : 03.2025,
- KT06VC6 - EXP : 06.2025,
- KT06VC7 - EXP : 06.2025,
- KT090AC - EXP : 09.2025,
- KT09235 - EXP : 09.2025,
- KT07T9S - EXP : 10.2025,
- KT096FS - EXP : 10.2025,
- KT0A65S - EXP : 04.2026,
- KT0AC1K - EXP : 05.2026.
Des bénéfices non démontrés, un risque de cancer accru
La réévaluation européenne de la balance bénéfice/risque de l'hydroxyprogestérone a été demandée par la France après la mise en évidence, dans une étude pharmaco-épidémiologique publiée en 2021, d'une augmentation du risque de cancer (de tous types) dans la descendance des femmes traitées pendant leur grossesse.
En mai 2024, après un an d'analyse des données disponibles, le PRAC a conclu que « les bénéfices du caproate d’hydroxyprogestérone ne sont pas supérieurs aux risques dans l’ensemble des indications autorisées » sur la base des éléments suivants [3] :
- selon l'étude épidémiologique publiée en 2021 (menée aux États-Unis sur plus de 18 000 personnes avec un suivi d'environ 50 ans à partir de la naissance) [4], les résultats suggèrent un risque accru de cancer chez les personnes exposées au 17-OHPC dans l'utérus par rapport à celles qui n'ont pas été exposées au médicament (HR ajusté 1,99 [IC à 95 % 1,31, 3,02]). « Les données suggèrent que l'incidence estimée du cancer est faible chez les personnes exposées in utero (moins de 25/100 000 années-personnes). Ce surrisque de cancer n’a été retrouvé que dans une seule étude qui comporte des limites et par conséquent ce risque ne peut être définitivement confirmé » ;
- selon un essai clinique versus placebo [5], le traitement par caproate d'hydroxyprogestérone n'apporte pas de bénéfice dans la prévention de l'accouchement prématuré chez les femmes avec des antécédents d'accouchement prématuré spontané, ni dans la réduction des événements graves associés à la prématurité chez les nouveau-nés. « Cette absence d’efficacité dans ce type d’indications est également confirmée par d’autres méta-analyses récentes », ajoute l'ANSM.
Les spécialités de progestérone restent autorisées et disponibles
Dans son communiqué de pharmacovigilance du 23 août 2024, l'ANSM précise que la suspension d'AMM ne concerne que les médicaments à base de caproate d’hydroxyprogestérone (PROGESTERONE RETARD PHARLON en France). Les spécialités de progestérone, dont le mode d'action est différent, ne sont pas concernées.
[1] L’autorisation de mise sur le marché du médicament Progesterone Retard Pharlon (caproate d’hydroxyprogestérone) est suspendue (ANSM, 23 août 2024)
[2] Alerte MED24/A011/B006 - Progesterone Retard Pharlon 500 mg/2 ml, solution injectable IM en ampoule (ANSM, 21 août 2024)
[3] Lettre du laboratoire Bayer Healthcare aux professionnels de santé - spécialité de caproate d'hydroxyprogestérone (sur le site de l'ANSM, 21 août 2024)
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