S'ils restent sans action sur les virus, les antibiotiques inhibent ou détruisent un grand nombre de micro-organismes : bactéries ou protozoaires. Il existe également des substances de structure chimique similaire qui sont actives sur les champignons microscopiques ; mais ces substances ne sont pas contenues dans ce qu’on appelle couramment les médicaments antibiotiques.
Leur action contre les bactéries
Les bactéries sont des êtres vivants formés d'une seule cellule. On les trouve absolument partout dans notre environnement : dans le sol, dans l’eau, sur les objets quotidiens, dans nos aliments, etc. Toutes les bactéries ne sont pas dangereuses ; seules certaines d’entre elles sont dites pathogènes, c’est-à-dire capable de provoquer une infection plus ou moins grave. Beaucoup d’espèces sont sans aucun danger : certaines vivent par exemple sur notre peau, comme le staphylocoque blanc : on les dit « commensales ». D’autres vivent dans notre intestin et constituent la flore intestinale, qui maintient un équilibre favorable à la digestion et limite le développement d’autres bactéries qui seraient nuisibles.
Nombre de bactéries sont utiles, comme le Lactobacillus, qui permet de fabriquer les yaourts. D’autres espèces permettent de purifier les eaux usées en dégradant les matières organiques et en consommant les principaux polluants (nitrates, par exemple).
Les antibiotiques agissent sur les bactéries de diverses manières. Certains empêchent la formation de leurs enveloppes protectrices (membrane et paroi). D’autres substances agissent en bloquant certaines réactions chimiques indispensables à leur métabolisme. Enfin, certains antibiotiques empêchent la traduction de leur information génétique (leurs gènes) en protéines.
Comment classe-t-on les bactéries ?
La classification des bactéries est calquée sur celle de toutes les formes vivantes : classe, ordre, famille, genre, espèce et même souches, pour certaines. Cette identification systématique et minutieuse est réservée aux spécialistes ; on peut classer les bactéries plus simplement.
On distingue tout d’abord les bactéries « pathogènes » : celles-ci déclenchent régulièrement une maladie spécifique, lorsqu’elles se développent en provoquant une infection. Par exemple, Vibrio cholerae est la bactérie responsable du choléra. D’autres bactéries sont dites « opportunistes », car elles provoquent des maladies infectieuses dans certaines circonstances bien particulières. C’est le cas du genre Clostridium, qui comporte de nombreuses espèces et souches dont certaines provoquent des infections intestinales chez les sujets affaiblis.
D’autres distinctions permettent de se retrouver parmi les formes multiples de bactéries. C’est le cas de la coloration dite de Gram qui est soit positive, soit négative. Il s’agit d’une procédure complexe (mise au point en 1884) qui colore en violet les bactéries dont la paroi est épaisse et imperméable (Gram positif) et en rose les bactéries dont la paroi est riche en lipides et plus perméable (Gram négatif). Cette distinction est toujours utilisée en infectiologie : certains antibiotiques n’agissent que sur les bactéries Gram positif, par exemple.
On peut enfin séparer les bactéries selon leur métabolisme : certaines ont besoin d'oxygène, on les dit aérobies, et d’autres n’en ont pas besoin, elles sont anaérobies. Là encore, la distinction est importante quand il s’agit de mettre en place un traitement.
Les bactéries pathogènes
Les antibiotiques ont contribué, avec les vaccinations, à faire reculer la mortalité liée aux maladies provoquées par des bactéries pathogènes. Selon l’OMS, la tuberculose est la seule maladie due à une bactérie qui figure encore parmi les dix premières causes de décès dans le monde, chez les adultes. Cela ne veut pas dire que ces maladies ont disparu, loin de là. Certes, les vaccinations systématiques ont fait reculer plusieurs grandes maladies, comme la diphtérie ou le tétanos. Mais on note toujours l’apparition d’épidémies (choléra ou typhoïde, par exemple) à la suite de catastrophes naturelles ou de guerres, surtout dans les pays les plus pauvres. Les antibiotiques permettent de contrôler les foyers de maladies bactériennes dès leur apparition et les très grandes épidémies appartiennent au passé. Elles laissent la place aujourd’hui aux maladies virales, comme le sida, ou parasitaires, comme le paludisme.
Les bactéries opportunistes
Certaines bactéries, présentes dans l’environnement ou commensales (que nous abritons) sans dommages dans les conditions normales, peuvent devenir pathogènes à la faveur d’une baisse d’immunité, d’une autre maladie ou d’un traitement médicamenteux qui leur donne la possibilité de se développer. C’est le cas, par exemple, du méningocoque (Neisseria meningitidis) qui est présent dans la flore du nez et du pharynx, et qui ne provoque une méningite qu’exceptionnellement (un porteur sain sur 10 000 déclenche une méningite). Plusieurs espèces bactériennes faisant partie de la flore intestinale peuvent également se révéler opportunistes, comme Escherichia coli, par exemple.
Les bactéries opportunistes sont très nombreuses et trouvent de multiples occasions de se développer en fonction des conditions du milieu et de l’état de santé de leur hôte. Certaines espèces, présentes dans l’environnement, ont un profil inquiétant, car on les retrouve régulièrement responsables d’infections dites nosocomiales (voir encadré), c’est-à-dire contractées à l’hôpital à la faveur de soins ou d’une opération chirurgicale. C’est le cas de bactéries Gram négatif aérobies, telles que Pseudomonas ou Acinetobacter. Habituellement non pathogènes, elles se développent dans le contexte particulier de l’hôpital et sont souvent résistantes à de nombreux antibiotiques.
Les infections nosocomiales |
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Les infections sont dites nosocomiales lorsqu’elles sont contractées à l’hôpital. Ces infections, prolongent le séjour des patients, compliquent leur convalescence et alourdissent leur traitement. Plusieurs facteurs concourent à rendre ce problème difficile à éliminer. Tout d’abord, les bactéries responsables sont des commensales très robustes, qui peuvent survivre plusieurs jours à l’air libre, dans l’environnement des patients. Du fait de la surconsommation d'antibiotiques, elles sont de plus en plus résistantes à de nombreuses classes d'antibiotiques, ce qui en complique le traitement. Ensuite, les malades touchés sont souvent affaiblis par une autre maladie ou d’autres traitements, qui abaissent leurs défenses naturelles (sida, cancer, greffe, etc.). Enfin, les règles d’hygiène ne sont pas toujours aussi respectées qu’elles devraient l’être : désinfection systématique de l’environnement, isolement complet des malades porteurs de ces infections, règles d'antisepsie stricte devant être observées par le personnel durant les soins, etc. La situation s’améliore lentement dans les établissements français. Les Comités de lutte contre les infections nosocomiales (CLIN) sont chargés, dans chaque hôpital ou clinique, de la surveillance et de la prévention de ces infections, ainsi que de la formation du personnel. |
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