La prise en charge d’un médicament par la Sécurité sociale dépend du niveau de SMR attribué par la Commission de la transparence (illustration).
Résumé
Les spécialités hospitalières suivantes bénéficient d'une extension d'agrément aux collectivités et de prise en charge en sus des prestations d'hospitalisation dans des indications récemment octroyées :
Les spécialités hospitalières suivantes bénéficient d'une extension d'agrément aux collectivités et de prise en charge en sus des prestations d'hospitalisation dans des indications récemment octroyées :
- OPDIVO 10 mg/mL solution à diluer pour perfusion (nivolumab) : dans le cancer de l'œsophage et de la jonction œsogastrique ;
- DARZALEX 1 800 mg solution injectable (daratumumab) : dans le traitement de l'amylose systémique à chaînes légères (AL) ;
- ALYMSYS 25 mg/mL solution à diluer pour perfusion (bévacizumab) : dans le traitement du carcinome du col de l'utérus persistant, en rechute ou métastatique ;
- TECENTRIQ 840 mg solution à diluer pour perfusion (atézolizumab) : dans le traitement du cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) non épidermoïde métastatique, du CBNPC métastatique et du cancer bronchique à petites cellules (CBPC) de stade étendu en première ligne, et dans le traitement du carcinome hépatocellulaire avancé ou non résécable ;
- TECENTRIQ 1 200 mg solution à diluer pour perfusion : dans le traitement du CBNPC métastatique, et du CBPC de stade étendu en première ligne.
OPDIVO : extension de prise en charge dans le traitement adjuvant des patients adultes atteints d'un cancer de l'œsophage ou de la jonction œsogastrique
L'agrément aux collectivités et la prise en charge en sus des prestations d'hospitalisation d'OPDIVO 10 mg/mL solution à diluer pour perfusion en flacon (nivolumab) sont étendus à l'indication suivante [1, 2] :
- uniquement en monothérapie dans le traitement adjuvant des patients adultes atteints d'un cancer de l'œsophage ou de la jonction œsogastrique et qui ont une maladie résiduelle après une radiochimiothérapie néoadjuvante antérieure et une résection complète (R0 post-chirurgie) dans les 4 à 16 semaines.
Cette extension de prise en charge en onco-gastro-entérologie s'applique à toutes les présentations : flacons de 4 mL, de 10 mL et de 24 mL.
Pour rappel, la prescription d'OPDIVO est réservée aux spécialistes en oncologie ou hématologie, ou aux médecins compétents en cancérologie ou en maladies du sang.
Une ASMR mineure par rapport à la stratégie de prise en charge actuelle
Par rapport à l'indication obtenue en juillet 2021 (cf. Encadré 1), la Commission de la transparence (CT) a émis un avis favorable à la prise en charge d'OPDIVO dans un périmètre restreint [3] :
- service médical rendu (SMR) important uniquement en monothérapie dans le traitement adjuvant des patients adultes atteints d'un cancer de l'œsophage ou de la jonction œsogastrique et qui ont une maladie résiduelle après une radiochimiothérapie néoadjuvante antérieure et une résection complète (R0 post-chirurgie) dans les 4 à 16 semaines ;
- SMR insuffisant dans les autres situations, faute de données.
Encadré 1 - OPDIVO dans le cancer de l'œsophage ou de la jonction œsogastrique : libellé de l'indication de l'AMM
OPDIVO est indiqué en monothérapie dans le traitement adjuvant des patients adultes atteints d'un cancer de l'œsophage ou de la jonction œsogastrique et qui présentent une maladie résiduelle après une radiochimiothérapie néoadjuvante antérieure. |
L'amélioration du service médical rendu (ASMR) par OPDIVO dans ce périmètre restreint est jugée mineure (ASMR IV) par rapport à la stratégie de prise en charge actuelle des patients adultes atteints d'un cancer de l'œsophage ou de la jonction œsogastrique.
En fait, l'avis de la CT a repris le périmètre de prise en charge accordé à OPDIVO en janvier 2022 dans le cadre d'un accès précoce, ce qui correspond au périmètre d'inclusion de l'étude CheckMate 577 [4]. Cette étude de phase III, randomisée, en double insu, a permis de démontrer la supériorité du nivolumab par rapport au placebo (cf. Encadré 2), en termes de survie sans maladie :
- gain en médiane de survie sans maladie de 11,4 mois, HR=0,69, IC96,4% [0,56 ; 0,86] ; p=0,0003).
Encadré 2 - Étude CheckMate 577 : OPDIVO en traitement adjuvant du cancer de l'œsophage
L'étude CheckMate 577 est une étude de phase III, de supériorité, randomisée, en double aveugle comparant le nivolumab au placebo dans le traitement adjuvant des patients adultes atteints d'un cancer de l'œsophage ou de la jonction œsogastrique et ayant une maladie résiduelle après une radiochimiothérapie néoadjuvante antérieure et une résection chirurgicale complète (R0 post- chirurgie) dans les 4 à 16 semaines. |
Recommandations posologiques
Dans cette indication, la dose recommandée d'OPDIVO est :
- soit de 240 mg de nivolumab administré par voie intraveineuse (IV) toutes les 2 semaines ;
- soit de 480 mg de nivolumab IV toutes les 4 semaines les 16 premières semaines, suivi de 480 mg toutes les 4 semaines.
DARZALEX : prise en charge étendue dans l'amylose systémique à chaînes légères
DARZALEX 1 800 mg solution injectable en flacon de 15 mL (120 mg/mL - daratumumab) bénéficie d'une extension de prise en charge (agrément aux collectivités et prise en charge en sus des prestations d'hospitalisation) dans l'indication suivante [5, 6] :
- en association avec le cyclophosphamide, le bortézomib et la dexaméthasone pour le traitement des patients adultes atteints d'amylose systémique à chaînes légères (AL) nouvellement diagnostiquée.
Pour rappel, la prescription de DARZALEX 1 800 mg est hospitalière, réservée aux médecins compétents en maladies du sang, en cancérologie, en hématologie, et en oncologie médicale.
Une évaluation médico-économique favorable
La CT a émis un avis favorable à la prise en charge de DARZALEX 1 800 mg dans cette indication le 16 février 2022 [7] sur la base des résultats de l'étude ANDROMEDA (cf. Encadré 3) [8] :
- SMR important ;
- amélioration du SMR mineure (ASMR IV) par rapport à l'association bortézomib + cyclophosphamide + dexaméthasone.
Encadré 3 - À propos de l'étude ANDROMEDA
L'étude ANDROMEDA est une étude clinique de phase III, randomisée, menée en ouvert versus comparateur actif. Au total, 388 patients adultes atteints d'amylose AL systémique nouvellement diagnostiqués avec au moins une atteinte d'organe ont été inclus. L'objectif principal était de comparer l'efficacité et la tolérance de l'association daratumumab/bortézomib/cyclophosphamide/dexaméthasone (DVCd) par rapport à l'association bortézomib/cyclophosphamide/dexaméthasone (VCd) en termes de proportion de patients avec une réponse complète hématologique (RCh). La supériorité de l'ajout de DARZALEX au protocole VCd a été démontrée avec une réponse hématologique complète respectivement de 53 % versus 18 % soit un OR=5,13, IC95% [3,22 ; 8,18], p<0,0001). |
DARZALEX et AL : recommandations posologiques
Dans cette indication, la dose recommandée est de 1 800 mg de DARZALEX en solution injectable par voie sous-cutanée (SC), administrée pendant environ 3 à 5 minutes, selon le calendrier d'administration :
- semaines 1 à 8 : fréquence d'administration hebdomadaire (8 doses au total) ;
- semaines 9 à 24 : toutes les 2 semaines (8 doses au total) ;
- à partir de la semaine 25, jusqu'à progression de la maladie : toutes les 4 semaines.
ALYMSYS : prise en charge étendue dans le cancer de l'utérus
La prise en charge (agrément aux collectivités et prise en charge en sus des prestations d'hospitalisation) d'ALYMSYS 25 mg/mL solution à diluer pour perfusion (bévacizumab) est étendue à l'indication suivante [9, 10] :
- en association au paclitaxel et au cisplatine, ou bien en association au paclitaxel et au topotécane chez les patientes ne pouvant pas recevoir de traitement à base de sels de platine, chez les patientes adultes atteintes d'un carcinome du col de l'utérus persistant, en rechute ou métastatique.
Pour rappel, la prescription d'ALYMSYS est hospitalière, réservée aux spécialistes en cancérologie et oncologie médicale.
ALYMSYS bénéficie de l'évaluation d'AVASTIN dans cette indication
ALYMSYS est un médicament biosimilaire d'AVASTIN (inscrit sur la liste de référence des groupes biologiques biosimilaires - groupe bévacizumab).
Dans cette indication nouvellement prise en charge, la CT avait octroyé à AVASTIN un SMR important et une ASMR mineure selon un avis de juillet 2016 [11].
La CT s'était appuyée sur les résultats de l'étude GOG 240 de phase III [12] ouverte randomisée à 4 bras, menée en groupes parallèles, ayant évalué :
- l'efficacité et la tolérance d'AVASTIN (bevacizumab) en association à une chimiothérapie par rapport à la chimiothérapie seule, chez des patientes ayant un carcinome du col de l'utérus, persistant, en rechute ou métastatique.
Recommandations posologiques
Dans cette indication, le bévacizumab est administré en association avec l'un des protocoles de chimiothérapie suivants :
- paclitaxel et cisplatine ;
- ou paclitaxel et topotécane.
La dose recommandée est de 15 mg/kg de poids corporel administré 1 fois toutes les 3 semaines en perfusion intraveineuse (IV).
Il est recommandé de poursuivre le traitement jusqu'à progression de la maladie sous-jacente ou toxicité inacceptable.
TECENTRIQ : plusieurs extensions de prise en charge selon les dosages
Les spécialités de la gamme TECENTRIQ solution à diluer pour perfusion (atézolizumab) bénéficient d'une extension de prise en charge (agrément aux collectivités et/ou prise en charge en sus des prestations d'hospitalisation) [13, 14, 15].
Extension de prise en charge de TECENTRIQ 840 mg
La prise en charge de TECENTRIQ 840 mg est étendue dans les indications suivantes :
- cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) : en association au bévacizumab, paclitaxel et carboplatine, en première ligne de traitement des patients adultes atteints d'un CBNPC non épidermoïde métastatique dont les tumeurs ne présentent pas de mutations d'EGFR ou de réarrangement ALK (agrément aux collectivités) ;
- carcinome hépatocellulaire (CHC) : en association au bévacizumab, dans le traitement des patients adultes atteints d'un CHC avancé ou non résécable, n'ayant pas reçu de traitement systémique antérieur uniquement chez les patients avec une fonction hépatique préservée (stade Child-Pugh A), un score ECOG 0 ou 1, et non éligibles aux traitements locorégionaux ou en échec à l'un de ces traitements (agrément aux collectivités et prise en charge en sus).
Ces extensions de prise en charge ont reçu un avis favorable de la CT [16] suite à la demande de prise en charge de TECENTRIQ 840 mg en tant que complément de gamme. Elles avaient déjà fait l'objet d'un avis favorable pour la prise en charge du dosage TECENTRIQ 1 200 mg.
Extensions de prise en charge applicables aux deux dosages de TECENTRIQ
En complément, la prise en charge de TECENTRIQ 840 mg et de TECENTRIQ 1 200 mg est étendue dans les indications suivantes relatives au traitement du CBNPC (collectivité et en sus) :
- en monothérapie, dans le traitement de première ligne des patients adultes atteints d'un CBNPC métastatique dont les tumeurs présentent une expression de PD-L1 > 50 % sur les cellules tumorales (TC) ou > 10 % sur les cellules immunitaires infiltrant la tumeur (IC) et qui ne sont pas atteints d'un CBNPC avec EGFR muté ou réarrangement du gène ALK (ALK-positif) ;
- en association au carboplatine et à l'étoposide, dans le traitement des patients adultes atteints d'un cancer bronchique à petites cellules (CBPC) de stade étendu en première ligne.
Dans le traitement du CBNPC métastatique en monothérapie, TECENTRIQ a obtenu une extension d'AMM en avril 2021, pour laquelle la CT a attribué, dans son avis d'octobre 2021 [17] :
- un SMR important ;
- une ASMR mineure (ASMR IV) par rapport à la chimiothérapie.
La supériorité de TECENTRIQ en monothérapie par rapport à la chimiothérapie a été démontrée en termes de survie globale dans l'étude de phase III IMpower110, comparative versus la chimiothérapie, randomisée, en ouvert :
- augmentation moyenne de 0,7 mois [IC95% : -0,4 ; 1,9] et de 5,2 mois [IC95% : 1,3 ; 9,1] respectivement sur les 12 et 33,3 premiers mois de suivi (méthode RMST).
Dans cette indication, la dose d'atézolizumab recommandée est :
- avec TECENTRIQ 840 mg :
- 840 mg administrés par voie IV toutes les 2 semaines, ou
- 1680 mg administrés par voie IV toutes les 4 semaines.
- avec TECENTRIQ 1 200 mg : 1 200 mg administrés par voie IV toutes les 3 semaines.
Dans le traitement du CBPC, la CT a attribué à TECENTRIQ [18] :
- un SMR important ;
- une amélioration du SMR mineure (ASMR IV) par rapport à la chimiothérapie seule.
Dans cette indication (CBPC), TECENTRIQ est utilisé en association au carboplatine et à l'étoposide selon le schéma suivant :
- 1 200 mg par perfusion IV en phase d'induction, suivie du carboplatine et de l'étoposide. Ce schéma thérapeutique est administré toutes les 3 semaines pendant 4 cycles ;
- puis phase d'entretien sans chimiothérapie : 1 200 mg de TECENTRIQ toutes les 3 semaines.
Pour aller plus loin
[1] Arrêté du 3 juin 2022 modifiant la liste des spécialités pharmaceutiques agréées à l'usage des collectivités et divers services publics - OPDIVO (Journal officiel du 21 juin 2022, texte 16)
[2] Arrêté du 15 juin 2022 modifiant la liste des spécialités pharmaceutiques prises en charge en sus des prestations d'hospitalisation - OPDIVO (Journal officiel du 21 juin 2022, texte 24)
[3] Avis de la Commission de la transparence - OPDIVO et cancer gastrique (HAS, 2 février 2022)
[4] Kelly RJ, Ajani JA, Kuzdzal J et al. Adjuvant Nivolumab in Resected Esophageal or Gastrœsophageal Junction Cancer. N Engl J Med, 2021; 384: 1191-1203
[5] Arrêté du 3 juin 2022 modifiant la liste des spécialités pharmaceutiques agréées à l'usage des collectivités et divers services publics - DARZALEX (Journal officiel du 21 juin 2022, texte 17)
[6] Arrêté du 15 juin 2022 modifiant la liste des spécialités pharmaceutiques prises en charge en sus des prestations d'hospitalisation - DARZALEX (Journal officiel du 21 juin 2022, texte 25)
[7] Avis de la Commission de la transparence - DARZALEX et amylose systémique (HAS, 16 février 2022)
[8] E. Kastritis, G. Palladini, M.C. Minnema et al. Daratumumab-Based Treatment for Immunoglobulin Light-Chain Amyloidosis. N Engl J Med, 2021; 385: 46-58.
[9] Arrêté du 3 juin 2022 modifiant la liste des spécialités pharmaceutiques agréées à l'usage des collectivités et divers services publics - ALYMSYS (Journal officiel du 21 juin 2022 - texte 20)
[10] Arrêté du 15 juin 2022 modifiant la liste des spécialités pharmaceutiques prises en charge en sus des prestations d'hospitalisation - ALYMSYS (Journal officiel du 21 juin 2022 - texte 21)
[11] Avis de la commission de la Transparence - AVASTIN et cancer du col de l'utérus (HAS, 6 juillet 2016)
[12] Tewari KS, Sill MW, Long HJ et al. Improved survival with bevacizumab in advanced cervical cancer. N Engl J Med, 2014; 370: 734-743
[13] Arrêté du 3 juin 2022 modifiant la liste des spécialités pharmaceutiques agréées à l'usage des collectivités et divers services publics - TECENTRIQ 840 mg (Journal officiel du 22 juin 2022 - texte 50)
[14] Arrêté du 3 juin 2022 modifiant la liste des spécialités pharmaceutiques agréées à l'usage des collectivités et divers services publics - TECENTRIQ 1 200 mg et 840 mg (Journal officiel du 22 juin 2022 - texte 51)
[15] Arrêté du 20 juin 2022 modifiant la liste des spécialités pharmaceutiques prises en charge en sus des prestations d'hospitalisation - TECENTRIQ (Journal officiel du 22 juin 2022 - texte 52)
[16] Avis de la Commission de la transparence - TECENTRIQ nouveau dosage 840 mg (HAS, 17 novembre 2021)
[17] Avis de la Commission de la transparence - TECENTRIQ 840 mg et 1 200 mg : en monothérapie dans le cancer du poumon (HAS, 13 octobre 2021)
[18] Avis de la Commission de la transparence - TECENTRIQ et CBPC (HAS, 13 mai 2020)
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