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Hydroxychloroquine : un risque accru de malformation en cas d'exposition in utero

L'ANSM relaie les résultats d'une étude américaine mettant en évidence une augmentation du risque de malformation chez les enfants exposés in utero à l'hydroxychloroquine. En parallèle, elle rappelle que l'hydroxychloroquine n'a pas de place dans le traitement de la Covid-19. 

David Paitraud 13 avril 2023 Image d'une montre4 minutes icon Ajouter un commentaire
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Des arguments apportés par une vaste étude américaine. 

Des arguments apportés par une vaste étude américaine. 

Dans un récent communiqué de pharmacovigilance, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a relayé les conclusions d'une étude américaine portant sur le risque tératogène associé à l'hydroxychloroquine (cf. Encadré) [1]. Selon ces données, la prise d'hydroxychloroquine pendant la grossesse est associée à une augmentation du risque de malformation chez l'enfant exposé.

Encadré - L'hydroxychloroquine en France : spécialité, indications thérapeutiques

En France, PLAQUENIL 200 mg comprimé pelliculé est le seul médicament contenant de l’hydroxychloroquine.

Les indications de l'autorisation de mise sur le marché (AMM) sont : 

  • chez l'adulte : 
    • Traitement symptomatique d'action lente de la polyarthrite rhumatoïde,
    • Lupus érythémateux discoïde,
    • Lupus érythémateux subaigu,
    • Traitement d'appoint ou prévention des rechutes des lupus systémiques,
    • Prévention des lucites ;
  • chez l'enfant de plus de 6 ans (et d'au moins 31 kg de poids corporel idéal) et l'adolescent :
    • Traitement de l'arthrite juvénile idiopathique (en association avec d'autres traitements),
    • Lupus érythémateux discoïde,
    • Lupus érythémateux subaigu,
    • Traitement d'appoint ou prévention des rechutes des lupus systémiques.

PLAQUENIL est soumis à prescription médicale obligatoire.

Une étude sur plus de 20 000 femmes enceintes

L'étude américaine [2] a comparé le risque de malformations congénitales (fente buccale, anomalies cardiaques, respiratoires, gastro-intestinales, génitales, urinaires, musculo-squelettiques et des membres) chez les patientes ayant reçu de l'hydroxychloroquine au cours du premier trimestre de la grossesse avec celui rapporté chez des femmes non traitées par ce médicament. L'examen des données a été limité au groupe ayant des pathologies rhumatologiques : 

  • 1 867 grossesses exposées à l'hydroxychloroquine ;
  • 19 080 grossesses non exposées à l'hydroxychloroquine.

Le taux de malformation congénitale majeure dans la population de nourrissons exposés à l'hydroxychloroquine était de 54,8 pour 1 000, contre 35,3 pour 1 000 enfants non exposés. 

Le risque relatif a été évalué à 1,33 (intervalle de confiance à 95 %, 1,08-1,65) pour une dose quotidienne d'hydroxychloroquine ≥ 400 mg et de 0,95 (intervalle de confiance à 95 %, 0,60-1,50) pour une dose quotidienne < 400 mg. Pour rappel, selon l'AMM, la posologie peut aller jusqu'à 600 mg par jour (3 comprimés de PLAQUENIL par jour) en fonction des indications et de la réponse du patient. 

Une évaluation au cas par cas et une surveillance après la naissance

Le résumé des caractéristiques du produit (RCP) et la notice de PLAQUENIL sont en cours de mise à jour pour y mentionner ces nouvelles données de sécurité.

En France, l'ANSM recommande aux prescripteurs de prendre en compte cette augmentation du risque de malformations associées à l'utilisation de l'hydroxychloroquine au premier trimestre de la grossesse, et d'évaluer de façon individuelle la balance bénéfice/risque lorsque l'hydroxychloroquine est prescrite dans les indications de son AMM :

  • la prescription d’hydroxychloroquine doit être évitée sauf si le bénéfice pour la mère l’emporte clairement sur les risques potentiels pour l’enfant ;
  • si le traitement par hydroxychloroquine est poursuivi, la dose efficace la plus faible doit être utilisée et un suivi obstétrical attentif doit être mis en place pendant toute la grossesse ;
  • après la naissance d’un enfant exposé in utero, un suivi médical, notamment ophtalmologique, est nécessaire compte tenu des effets indésirables de l’hydroxychloroquine.

Les patientes enceintes et actuellement traitées par hydroxychloroquine ne doivent pas arrêter leur traitement sans avis médical, au risque d'une décompensation de leur maladie. 

Pour les femmes en âge de procréer, une contraception est recommandée.

Écarter l'hydroxychloroquine de la stratégie thérapeutique Covid-19

Le risque tératogène associé à l'hydroxychloroquine apparaît comme un argument supplémentaire pour ne pas employer ce médicament en dehors de ses indications, notamment dans le traitement de la Covid-19. 

D'ailleurs, l'ANSM a publié de façon concomitante une information de pharmacovigilance [3] dans laquelle elle rappelle que l'hydroxychloroquine est fortement déconseillée pour prévenir ou traiter la Covid-19, de même que l'azithromycine ou l'ivermectine : « les données publiées à ce jour chez l’adulte continuent de montrer que ces molécules n’ont pas de bénéfice clinique dans la prise en charge de cette pathologie (Covid-19) »

En outre :

  • la prise d’hydroxychloroquine et d’azithromycine peut provoquer des effets indésirables cardiaques (comme des troubles du rythme) ;
  • l'azithromycine est un antibiotique générateur d'antibiorésistance.

 

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