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Forte hausse des cas de coqueluche : la DGS alerte les professionnels de santé

Résurgence de la coqueluche en France et en Europe. La DGS rappelle l’importance de la vaccination, en particulier des femmes enceintes afin de protéger les nouveau-nés et jeunes nourrissons qui font les formes les plus graves (voire mortelles) de cette infection respiratoire.

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Le choix du test pour la confirmation microbiologique dépend de l'ancienneté de la toux.

Le choix du test pour la confirmation microbiologique dépend de l'ancienneté de la toux.undrey / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images

Résumé

Un DGS-Urgent du 7 juin 2024 alerte sur l'intensification de la circulation de la coqueluche en France et en Europe.

La direction générale de la Santé (DGS) souligne que « la meilleure protection contre la coqueluche repose sur la vaccination » et elle insiste sur « l’importance de vacciner les femmes enceintes, afin de protéger de la maladie les nouveau-nés et jeunes nourrissons qui font les formes les plus graves voire mortelles de coqueluche ».

La nature de la toux et l’existence de cas de coqueluche dans l’entourage orientent le diagnostic qui est confirmé par un prélèvement biologique pour culture et/ou PCR par aspiration ou écouvillonnage nasopharyngé.

Les cas de coqueluche doivent être déclarés à l’agence régionale de Santé (ARS) s’il s’agit d’infections nosocomiales ou de cas groupés (à partir de 2 cas intrafamiliaux ou en collectivités). 

Les personnes atteintes sont traitées par des antibiotiques de la famille des macrolides. Cette antibiothérapie réduit la contagiosité et la transmission de la maladie autorisant un retour en collectivité du patient après 3 à 5 jours de traitement.

Un DGS-Urgent du 7 juin 2024 [1] alerte sur la hausse importante des cas de coqueluche en France et en Europe, notamment en prévision des futurs grands rassemblements liés aux Jeux olympiques et paralympiques. La direction générale de la Santé (DGS) rappelle les recommandations en termes de vaccination, de diagnostic et les mesures à mettre en œuvre vis-à-vis d’un cas et de son entourage.

Face à un rebond de la coqueluche en France et en Europe

L’épidémiologie de la coqueluche présente une évolution cyclique tous les 3 à 5 ans. Le dernier pic ayant eu lieu en 2017-2019, on pouvait s’attendre à une recrudescence, mais l’intensité de la résurgence surprend.

Comme le signalait Santé publique France (SPF) en appelant à une vigilance renforcée en avril 2024 [2], « une reprise de la circulation de la coqueluche s’amorce en France depuis le début l’année : une vingtaine de cas groupés (ou clusters) ont été rapportés dans 8 régions hexagonales versus 2 cas groupés dans une seule et même région (Île-de-France) pour l’ensemble de l’année 2023 ».

Début juin 2024, la DGS confirme le retour de la maladie sur le territoire national en s'appuyant sur différents indicateurs de surveillance suivis par SPF :

  • le réseau 3-Labos recense près de 7 000 PCR positives en 2024 (versus 518 en 2023) ;
  • le réseau hospitalier de surveillance des cas pédiatriques RENACOQ rapporte 46 cas chez des nourrissons de moins de 12 mois (versus 41 en 2023) ;
  • le réseau OSCOUR et SOS médecin signalent un nombre de passages aux urgences et d’hospitalisation (après passage aux urgences) pour le regroupement syndromique « coqueluche » multiplié par 7 entre le 17 mars (semaine 11) et le 2 juin 2024 (semaine 22).

Selon le Centre national de référence (CNR) de la coqueluche à l'Institut Pasteur [3] :

  • plus de 3 000 cas confirmés par PCR en temps réel (PCR-TR) ont été détectés en mai 2024 versus 1 400 cas en avril 2024.

En Europe, les données vont dans le même sens : 32 037 cas sur les 3 premiers mois de l’année (total provisoire du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies [ECDC]) ont été recensés dans 30 pays (versus 25 130 en 2023).

La vaccination, la meilleure protection

La direction générale de la Santé (DGS) souligne que « la meilleure protection contre la coqueluche repose sur la vaccination » et elle insiste sur « l’importance de vacciner votre patientèle et particulièrement les femmes enceintes, chez qui la couverture vaccinale est insuffisante, ce qui peut avoir pour conséquence la transmission de la maladie aux nouveau-nés et jeunes nourrissons qui n’ont pas encore eu le temps d’être vaccinés et qui font les formes les plus graves voire mortelles de coqueluche » [1].

Les recommandations vaccinales

Depuis janvier 2018, la primo-vaccination est obligatoire chez les enfants à 2 mois (8 semaines), puis à 4 mois, avec un rappel à 11 mois et ce schéma ne doit pas être différé.

La vaccination est recommandée chez :

  • les femmes enceintes, à chaque grossesse, à partir du 2e trimestre de préférence entre 20 et 36 semaines d’aménorrhée [4] ;
  • les proches du nourrisson (entourage) durant ses 6 premiers mois (dont la mère) si cette dernière n’a pas été vaccinée pendant la grossesse ou moins de 1 mois avant l’accouchement : stratégie du cocooning ;
  • les personnes immunodéprimées ;
  • les professionnels :
    • de santé (y compris dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad),
    • travaillant en contact étroit et répété avec les nourrissons de moins de 6 mois dans les maternités ou dans les services de néonatalogie et de pédiatrie,
    • de la petite enfance dont les assistants maternels, 
  • les étudiants des filières médicales et paramédicales ;
  • les personnes effectuant régulièrement du baby-sitting.

Les rappels sont préconisés à :

  • 6 ans avec une combinaison vaccinale tétravalente à doses entières d’anatoxines diphtériques et tétaniques et d’antigène coquelucheux (DTCaPolio : InfanrixTetra / Tétravac-acellulaire disponibles) ;
  • 11-13 ans (2e rappel) avec une combinaison vaccinale tétravalente à doses réduites d’anatoxines diphtérique et tétanique et d’antigènes coquelucheux (dTcaPolio : Boostrixtetra / Repevax disponibles) ;
  • 25 ans (rattrapage possible jusqu’à 39 ans révolus) à l’exception des jeunes adultes ayant reçu une vaccination contre la coqueluche au cours des 5 dernières années ;
  • 25 ans, 45 ans et 65 ans chez les professionnels de santé et de la petite enfance (dTPca).

Quels vaccins ?

Les vaccins disponibles en France (cf. Encadré 1) :

  • contiennent uniquement des antigènes de la bactérie (vaccins acellulaires) ;
  • sont toujours combinés à d'autres vaccins, notamment ceux contre contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite ;
  • protègent contre l’apparition des symptômes avec une efficacité estimée entre 70 % chez l’adolescent et 84 % chez le nourrisson avec un déclin dans le temps.

Ils ne permettent pas :

  • d’empêcher la colonisation des muqueuses ;
  • de supprimer totalement la transmission ;
  • d’acquérir une immunité à vie (la protection ne dure qu’une dizaine d’années comme pour la maladie).
Encadré 1 - Vaccins contre la coqueluche

Vaccins : diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche

Vaccins : diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche, infections à Haemophilus influenzae type b

Vaccins : diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche, infections à Haemophilus influenzae type b, hépatite B

Une confirmation biologique est requise

La nature de la toux et l’existence de cas de coqueluche dans l’entourage orientent le diagnostic (cf. Encadré 2).

Quel(s) test(s) diagnostique(s) ?

Le diagnostic est confirmé par un prélèvement pour culture et/ou PCR par aspiration ou écouvillonage nasopharyngé (prélèvement nasopharyngé profond) afin de détecter et d’identifier la bactérie responsable.

La PCR est la technique la plus sensible et la plus rapide et la culture le plus spécifique. Ces examens sont prescrits par le médecin, réalisés en laboratoire, et remboursés par l’Assurance maladie. Globalement, les indications qui dépendent de la durée de la toux sont les suivantes :

  • toux depuis moins de 15 jours : culture et PCR-TR bordetella ;
  • toux entre 15 et moins de 21 jours : PCR-TR bordetella.

EDIT 09/07/24 - Face aux risques de pénurie de réactifs PCR, les sociétés savantes d’infectiologie et de pédiatrie ont émis des recommandations concernant les indications des tests diagnostiques : cf. notre article du 4 juillet 2024 - EDIT 09/07/24  

Si la toux perdure depuis 21 jours ou plus : le diagnostic est avant tout clinique, car la sensibilité du test PCR sera trop faible. Une PCR-TR est possible chez les cas secondaires éventuels.

La sérologie est un examen peu fiable qui n'est plus effectué ni remboursé.

Les tests PCR multiplex ne doivent pas être utilisés en première intention, car ils sont moins sensibles que la PCR-TR.

Quand déclarer la maladie ?

La coqueluche n’est pas une maladie à déclaration obligatoire. Il faut toutefois déclarer les cas à l’ARS s’il s’agit :

  • d’infections nosocomiales ;
  • de cas groupés à partir de 2 cas : 
    • intrafamiliaux,
    • ou en collectivités. 
Encadré 2 - Contagiosité et symptômes de la coqueluche

La coqueluche est une infection respiratoire causée principalement par la bactérie Bordetella pertussis, mais aussi par Bordetella parapertussis dont l’incidence est faible en France [5, 6]. 

C’est une infection très contagieuse : 1 personne contaminée transmet la maladie à 15/17 autres en moyenne. La transmission se fait par voie aérienne lors de contacts directs avec un malade qui tousse.

La phase d’incubation dure deux semaines environ (de 7 à 21 jours). Il n’y a pas de symptôme à part une rhinorrhée, des éternuements.

Apparaît ensuite généralement une toux légère dont la persistance pendant plus de 7 jours et l’aggravation avec la survenue de quintes, sans fièvre dans la majorité des cas, sont évocatrices d’une coqueluche. Ces quintes sont :

  • paroxystiques ;
  • associées à une reprise inspiratoire difficile (inspiration bruyante ressemblant au chant du coq) ;
  • à recrudescence nocturne (surtout chez l’adolescent et l’adulte) ;
  • parfois suivies de vomissements.

Chez le nourrisson, elles peuvent être accompagnées :

  • d’apnées ;
  • de bradycardies ;
  • d’accès de cyanose (coloration bleutée de la peau).

La contagiosité est maximale la première semaine, puis est considérée comme nulle après 3 semaines ou après 3 à 5 jours d’antibiothérapie selon l’antibiotique prescrit. 

La toux n’est pas toujours caractéristique (notamment chez l’adulte). Ainsi, en présence d'une toux qui persiste et s’aggrave au-delà d’une semaine, la possibilité d'une coqueluche doit être évoquée.

La phase de convalescence peut durer plusieurs semaines. La toux diminue progressivement, mais une hyperréactivité bronchique résiduelle peut persister plusieurs mois et faire suspecter un asthme.

Les complications de la coqueluche sont plus rares et moins graves chez les enfants et les adultes que chez les nourrissons dans les premiers mois de vie qui font les formes les plus graves de la maladie. Sont rapportées :

  • des saignements de nez ;
  • des pertes de connaissance en fin de quinte de toux ;
  • des otites et des pneumonies ;
  • des affections neurologiques (crises convulsives, encéphalites) chez les jeunes enfants ;
  • une défaillance respiratoire ou multiviscérale chez le nourrisson.

L’infection bactérienne, tout comme le vaccin, ne confère pas une immunité à vie et il est donc possible de contracter la maladie plusieurs fois.

Quelle prise en charge ?

La mise en œuvre des mesures vis-à-vis du cas et de son entourage a été rappelée dans l’avis du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) du 18 novembre 2022 [7]. Il s’agit pour les malades : 

  • de mesures barrières : lavage des mains et port du masque ;
  • de l’éviction de la collectivité pendant la période de contagiosité : 3 semaines après le début des symptômes sans traitement et après 3 à 5 jours d’antibiotiques (selon la molécule) ;
  • de la prescription d’une antibiothérapie qui permet de réduire la contagiosité et la transmission de la maladie.

L’antibiothérapie :

  • est prescrite uniquement pendant les trois premières semaines d’évolution de la coqueluche ;
  • fait appel aux macrolides en privilégiant la clarithromycine et l’azithromycine (cf. notre article du 27 juin 2024). La résistance de Bordetella pertussis à ces antibiotiques reste rare, sauf dans les régions asiatiques (particulièrement en Chine). À noter que deux souches résistantes aux macrolides ont été identifiées en France en février et avril 2024, alors qu'une seule souche résistante avait été identifiée jusqu'à présent en 2011 [3].

EDIT 09/07/24 - La HAS et les sociétés savantes d’infectiologie et de pédiatrie ont émis des recommandations concernant le choix des molécules et les indications de l'antibiothérapie : cf. nos articles du 27 juin 2024 et du 4 juillet 2024 - EDIT 09/07/24 

Quand hospitaliser ?

Une hospitalisation est recommandée  :

  • chez les nourrissons de 0 à 3 mois (notamment pour une surveillance cardiorespiratoire et pour prévenir les complications possibles) ;
  • selon la tolérance en cas de suspicion de coqueluche chez les nourrissons de 0 à 3 mois ou plus âgés.  

Quid des cas contacts ?

Les sujets contacts doivent bénéficier d’une vérification et de la mise à jour de la vaccination contre la coqueluche si besoin.

Un test PCR est réalisé uniquement chez les sujets contacts symptomatiques qui doivent par ailleurs s’isoler.

En milieu scolaire, les cas suspects sont exclus tant que le diagnostic n'aura pas été infirmé.

Une antibioprophylaxie

Si les sujets contacts ne sont pas vaccinés, ou mal vaccinés (enfants ayant reçu moins de 2 ou 3 doses selon l’âge), ou encore s'ils n’ont pas reçu de rappel vaccinal contre la coqueluche dans les cinq dernières années, une antibiothérapie est prescrite (selon les mêmes modalités que pour une personne atteinte de coqueluche) :

  • quel que soit leur âge ;
  • et même si ils sont asymptomatiques.

En cas de contact occasionnel avec le malade, le traitement antibiotique préventif est réservé aux sujets contacts non protégés par la vaccination et qui présentent un risque de développer des complications : femmes enceintes et personnes souffrant de maladie respiratoire chronique et/ ou de déficit immunitaire.

Pour les sujets contacts vaccinés, des précautions restent nécessaires en cas de proximité avec des tout-petits, car le vaccin ne protège pas totalement contre la transmission.

Le masque, une protection individuelle et collective

Enfin, la DGS revient sur l’importance du port du masque, protection individuelle, mais aussi collective, qui est fortement recommandé comme pour toute épidémie d’infections respiratoires en cas de symptômes, mais aussi en présence de personnes fragiles dans les établissements sanitaires et médico-sociaux, dans les espaces clos et dans les transports en commun. « Les professionnels de santé travaillant en contact avec des populations vulnérables (nourrissons, femmes enceintes, personnes immunodéprimées ou souffrant de maladies respiratoires) sont particulièrement concernés ». 

Sources

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